Places réservées handicapés : un exemple à ne pas suivre
À la station-service de Lacq (Pyrénées-Atlantiques), les places réservées aux personnes handicapées sont surélevées. Un exemple d’aménagement coûteux mais totalement inadapté et non réglementaire.
Pourquoi faire simple et sûr quand on peut faire compliqué et dangereux ? Eni, l’exploitant de la station-service Agip de Lacq, a eu la bonne idée d’aménager, devant la boutique, deux places de stationnement réservées aux personnes handicapées. Mais l’architecte a eu la mauvaise intuition de les surélever. « Cela constitue un véritable danger !, s’indigne Odile Maurin, la représentante de l’APF en Haute-Garonne. Les conducteurs ou les passagers en fauteuil peuvent chuter en sortant du véhicule, autant à l’arrière que sur les côtés. » « Ils ont voulu faire sophistiqué mais, au final, le résultat n’est pas satisfaisant », commente Nicolas Mérille, conseiller national accessibilité de l’APF.
La largeur des places n’est pas réglementaire
De plus, ces places ne sont pas réglementaires selon les spécialistes de l’APF : elles ne mesurent que 2,50 m de large, hors zone de transfert de 0,80 m commune aux deux places. Or, la réglementation précise que toute place doit mesurer au moins 3,30 m de large.
La mise en commun de cette zone aboutit, en effet, à une incongruité : sur la place de droite un conducteur en fauteuil doit se garer en marche avant pour pouvoir effectuer son transfert. Mais sur la place de gauche, il devra se garer en marche arrière… Pas très pratique.
Trois bureaux d’études jugent pourtant ces places conformes
Suite à la réclamation déposée par Odile Maurin, Eni a missionné pas moins de trois bureaux d’études ! Tous ont jugé que ces places étaient conformes à la réglementation… Tout juste l’un d’entre eux a reconnu que « ces emplacements ne sont peut-être pas d’une qualité d’usage exceptionnelle mais ils respectent les règles en vigueur. Mieux vaut faire deux emplacements de plain-pied de largeur de 3,30 m et créer un bateau ou rampe pour accéder au trottoir ». « Cela pose la question du sérieux de ces sociétés de contrôle technique du bâtiment, s’insurge Odile Maurin. On est régulièrement confronté au manque de compétence de ces soi-disant experts. »
Un cheminement pas réglementaire non plus
Enfin, le cheminement permettant d’accéder au magasin n’est pas non plus réglementaire. Il est, lui aussi, surélevé et l’extrémité n’est pas en pente douce. Lorsque les deux places sont occupées par une voiture, il est donc impossible d’accéder au magasin en fauteuil roulant. Un coup de maître… Franck Seuret – Photos Odile Maurin
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5 commentaires
j’ai vu sur une aire de stationnement une place semblable où une personne fauteuil manuel seule ne pourra pas accéder !! c’est dingue
La prochaine fois pensez à faire une photo et à l’envoyer à la rédaction : faire-face@apf.asso.fr !
Bien vu !
Qui sont ces sociétés qui contrôlent et qui font un diagnostique d’accessibilité ??
Ils n’ont jamais poser leur c…dans un fauteuil !!
D’abord, excellente initiative d’Odile de s’adresser à la maison-mère ENI, qui a répondu. D’évidence ces places ne sont point conformes. Et dangereuses de par la bordure de quelque 10 cm probablement au point haut. J’ai un exemple comparable à Bouffemont 95 sur un parking privé-public derrière un HLM: les 330 cm y sont mais avec ce bord qui mesure 12 cm au point haut. J’ai des photos, aussi du Musée Rodin-Paris où il reste de nombreux points à améliorer.Je les envoie comme suggéré.
Autre remarque: la signalisation verticale semble conforme avec même la nouvelle version du panneau M6h qui fait disparaître les mentions GIC-GIG, mais mais: beaucoup trop basse! De mémoire,le point bas doit être à 1.60 m du sol pour une bonne visibilité. Récemment à Taverny 95, sur un grand parking devant la Médiathèque même situation où le nouveau venu ne peut voir les panneaux en question, sauf à “tomber” dessus en faisant toutes les allées, ce qui fut mon cas, ouf! D’accord que sur cette station-service, la couleur bleue (n’est plus obligataire) est visible à distance.