La thérapie cellulaire pour traiter l’ischémie des membres inférieurs
Une ischémie traduit une diminution de l’apport du sang à un organe ou un tissu. Les personnes qui en souffrent de manière critique au niveau des membres inférieurs ont des difficultés à marcher, risquant parfois l’amputation. Pour les soigner ? Un médicament biologique à base de cellules issues de la moelle osseuse capables de restaurer la paroi des vaisseaux sanguins.
L’ischémie critique des membres inférieurs pourra-t-elle bientôt se soigner grâce à la thérapie cellulaire ? Les patients atteints de cette pathologie ont des vaisseaux altérés et une réduction du débit sanguin entraînant un manque d’oxygène dans les tissus en aval. Conséquence : des difficultés à marcher, des ulcères et, dans les cas les plus graves, la nécessité d’une amputation.
À l’heure actuelle, la seule solution reste chirurgicale. Cet acte lourd consiste à revasculariser en remplaçant les vaisseaux lésés par de nouveaux vaisseaux prélevés ailleurs, afin de restaurer la circulation. Objectif de la thérapie cellulaire ? Réparer sans chirurgie.
Première mondiale
Le chemin à parcourir va nécessiter du temps mais une équipe parisienne de l’Inserm (unité 1140/Université Paris Descartes, Hôpital européen Georges-Pompidou) vient de franchir une étape décisive. Les chercheurs ont réussi, pour la première fois, à obtenir les cellules qui tapissent la paroi interne des vaisseaux sanguins (appelées endothéliales) à partir de cellules de la moelle osseuse de patients ischémiques des membres inférieurs. De plus, avec ces cellules ainsi créées, ils sont parvenus à reconstituer expérimentalement (dans le modèle de la souris) des vaisseaux humains.
Les cellules thérapeutiques identifiées
Restait alors à identifier la nature précise des cellules de la moelle ayant entrainé un tel résultat. Différentes expériences ont permis de constater que les cellules thérapeutiques sont les VSEL (pour Very Small Embryonic-Like stem cells), des cellules proches des cellules souches embryonnaires, capables de se différencier en tout type de cellule. Présentes en très petit nombre dans la moelle, les VSEL passent dans le sang, lorsque c’est nécessaire, pour régénérer les vaisseaux.
Les chercheurs ont pu les isoler malgré leur faible nombre et obtenir leur différenciation en cellules endothéliales en les cultivant en présence de facteurs de croissance spécifiques. Injectées à des souris, la formation de vaisseaux humains a bien été observée, confirmant ainsi leur intérêt.
Proposer un médicament de thérapie cellulaire
« C’est la première fois que nous parvenons à produire des vaisseaux avec de cellules souches isolées à partir de la moelle osseuse de patients présentant une maladie artérielle, se réjouit David Smadja, coauteur de ces travaux. L’objectif à terme : proposer un médicament de thérapie cellulaire obtenu en isolant les cellules souches VSEL de la moelle du patient. « Une fois amplifiées et différenciées en cellules endothéliales matures fonctionnelles, elles lui seront réinjectées dans la région à réparer. Ainsi, nous restons en situation autologue, contournant tout problème d’immuno-compatibilité entre un donneur et un receveur », précise le chercheur. O. Clot-Faybesse – Photo Inserm/T. Battle
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