L’accompagnement sexuel au Festival international de films de femmes de Créteil
Prends-moi, le court-métrage d’Anaïs Barbeau-Lavalette sur l’accompagnement sexuel d’un jeune couple handicapé était en compétition au Festival international de films de femmes à Créteil du 13 au 22 mars. Marina Mazzotti et Charlotte Swiatchiewicz, programmatrices, expliquent leur choix de projeter ce film.
Faire Face : Comment et pourquoi avez-vous sélectionné Prends-moi ?
M.M./C.S. : La réalisatrice, Anaïs Barbeau-Lavalette n’était pas une inconnue du festival. En 2013, elle avait déjà remporté le prix du meilleur long métrage de fiction avec Inch’ Allah. C’est le sujet de Prends-Moi qui nous a tout de suite interpellées. La sexualité des personnes handicapées, nous n’en parlons pas et nous la montrons encore moins. Or, là, nous la donnons à voir et racontons le rapport sexuel de ce jeune couple d’une manière à la fois très juste et très brute à travers la gêne de l’infirmier, notamment.
Pendant dix minutes, le spectateur est immergé dans cette « chambre d’intimité », tout entier dans cet univers qu’il ne connait pas. Cela se passe de discours et si cela peut choquer, ce n’est pas choquant de manière ontologique. En fait, ce film pose des questions mais n’impose pas de réponse et ne porte pas de jugement.
FF : En quoi ce film s’inscrit-il dans la ligne du festival, dans ses valeurs ?
M.M./C.S. : L’idée directrice du festival, lorsqu’il a été lancé en 1979, était d’offrir un espace privilégié pour la création audiovisuelle au féminin. Il n’y a donc pas de thème privilégié. Nous pouvons parler de tout. Dans la pratique, une partie des programmatrices choisit des films politiquement engagés. Mais ce n’est pas ce qui nous a guidées pour les courts métrages cette année. Les dix-huit titres en compétition présentaient une grande diversité avec de la fiction, du documentaire et du film d’animation. Pour Prends-moi, ce n’est pas la mise en scène qui a retenu notre attention, ni l’écriture assez classique. C’est vraiment le sujet et la justesse de l’approche qui nous ont touchées.
FF : Qu’avez-vous pensé des scènes érotiques ?
M.M./C.S. : Elles sont filmées de façon assez brute avec des gros plans sur les corps. Et, en même temps, avec une certaine sensibilité grâce aux mouvements de caméra. En fait, il y a un véritable accompagnement de la réalisatrice. Propos recueillis par Corinne Manoury
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1 commentaire
Court-métrage beau, émouvant, touchant et tellement nature. Au Canada, eh oui, pas en France.