Protéger des séquelles de l’AVC grâce à un masque à oxygène
Équiper d’un masque à oxygène toute personne victime d’un accident vasculaire cérébral ou AVC. Ce geste simple permettrait de protéger le cerveau de potentielles, et parfois sévères, séquelles neurologiques. Démontrée expérimentalement, cette initiative pertinente devrait permettre de réduire les handicaps.
Appelée parfois attaque cérébrale, l’AVC est la conséquence de l’obstruction ou de la rupture d’un vaisseau transportant le sang, et donc l’oxygène, au cerveau. Urgence médicale absolue, la prise en charge d’une victime d’AVC doit être immédiate afin d’éviter ou de limiter les dommages neuronaux. Car les séquelles de ce type d’accident vasculaire se révèlent souvent invalidantes. Parmi les plus fréquentes, on compte notamment l’hémiplégie (paralysie de la moitié gauche ou droite du corps) et l’aphasie (trouble du langage oral et écrit, affectant l’expression et la compréhension). Malgré les progrès de la médecine, en particulier dans la lutte contre l’ischémie cérébrale (la privation d’oxygène du cerveau), l’AVC, dont l’incidence augmente dans les pays en développement, continue à rester une cause majeure de handicap.
Prévenir la nécrose des tissus neuronaux
Pourquoi ? Parce que si les traitements actuels réussissent le plus souvent à désobstruer une artère et, ainsi, à restaurer la circulation sanguine, ils ne permettent de sauver que les tissus cérébraux encore viables. Quant à ceux trop endommagés par le manque d’oxygène, ils vont, en absence d’un rétablissement rapide de la circulation sanguine, se nécroser rapidement. Par conséquent, à la suite d’un AVC, protéger au maximum le cerveau jusqu’à ce qu’il soit de nouveau irrigué (re-oxygéné) est crucial pour éviter tout phénomène de nécrose et conserver un maximum de neurones vivants.
À noter que même en cas de rétablissement spontané de la circulation, comme c’est le cas pour les formes mineures d’AVC tels les accidents ischémiques transitoires (AIT), le patient n’est pas à l’abri des lésions cérébrales.
L’oxygénothérapie pour diminuer les lésions cérébrales
Afin de justement trouver une manière de limiter les séquelles de l’ischémie cérébrale et d’améliorer l’efficacité des traitements, les scientifiques utilisent un modèle animal : la souris. En effet, cette espèce permet une bonne représentation de la situation clinique de l’AVC chez l’homme. Grâce au modèle murin, des chercheurs français de l’Inserm du Centre de psychiatrie et neurosciences (Centre hospitalier Sainte-Anne, Université Paris Descartes) ont pu démontrer les bénéfices de l’oxygénothérapie, c’est-à-dire l’action de faire respirer un gaz comprenant 100% d’oxygène (l’air n’en contient que 21 %) via un masque facial.
Plus précisément, ces soins élémentaires empêchent quasi complètement la perte neuronale et l’inflammation tissulaire chez l’animal. Mieux, ils préviennent aussi, et de façon complète, les déficits sensori-moteurs résultant de la privation d’oxygène du cerveau chez la souris.
Un traitement basique peu coûteux et aisé à mettre en place
Pour Jean-Claude Baron, directeur de l’équipe Inserm : « Ce travail a une valeur importante pour sa transposition à l’homme car le traitement consiste en une simple bouteille à oxygène et un masque facial léger. » Il serait donc très facile à mettre en œuvre chez des patients ayant un AVC, ce dès le transport en ambulance.
De tels soins seraient également envisageables avant même l’arrivée des secours, précise le neurologue, c’est-à-dire « au domicile des patients à haut risque d’AVC, grâce à une formation minimale du patient et de son conjoint ».
Le détail de l’étude menée par Jean-Claude Baron et son équipe a été publié dans la revue scientifique internationale anglo-saxonne Brain. O. Clot-Faybesse
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