Handicap et pratique sportive, objectif zéro limite
Une soirée de débats sur le sport solidaire a été l’occasion de présenter une étude sur la pratique sportive des personnes en situation de handicap et de proposer des pistes d’action pour mieux l’inscrire dans leur vie quotidienne.
Les Français en situation de handicap ont le même rapport au sport que l’ensemble de la population française. Telle est la principale conclusion d’une étude menée par TNS Sofres pour la Fondation FDJ et présentée dans le cadre d’une soirée de débats sur le sport solidaire organisée avec le think tank Sport et citoyenneté, mercredi 17 février. En effet, 70 % des personnes interrogées se disent intéressées par le sport que ce soit dans le suivi ou la pratique. Elles sont 87 % à penser que faire du sport ou une activité physique est important ou essentiel – 92 % des Français sont du même avis – et, en pratique, deux-tiers d’entre elles font du sport ou de l’exercice régulièrement, une fois par semaine pour la moitié des personnes interrogées.
Une pratique sportive dont les motivations relèvent à 70 % d’un objectif physique, celui d’améliorer sa santé ou son apparence physique et à 31 % de lutte contre le handicap. Avec ce bémol cependant : pratiquer une activité physique ne signifie pas systématiquement “rééducation” pour les personnes en situation de handicap. Viennent ensuite des motivations de loisirs à 48 %, de meilleure intégration sociale à 32 %, de développement personnel – meilleure estime de soi, développement de nouvelles compétences – à 28 %, juste devant l’objectif de compétition à 27 %.
Les sports de la vie de tous les jours d’abord
Cependant, les personnes en situation de handicap sont confrontées à un certain nombre de limites dans la pratique d’un sport. Des limites que l’étude a voulu analyser pour proposer des pistes d’amélioration. De la plus faible à la plus importante, on trouve d’abord l’esprit de compétition, cité à 10 %. Un facteur peu bloquant qui s’explique par le fait que les personnes en situation de handicap privilégient des sports de la vie de tous les jours, pas forcément liés à la compétition : marche, randonnée, natation…
Une accessibilité problématique
Vient ensuite le problème de l’accessibilité des infrastructures. Les lieux de pratique sportive sont perçus comme les moins accessibles par les personnes en situation de handicap, moins que les commerces, les transports en commun et les entreprises. Et ce manque d’accessibilité n’est pas une vue de l’esprit puisque sur 270 000 équipements, moins de 1 % seraient accessibles de façon complète, comme l’expliquait France Poret-Thumann, sous-directrice de l’action territoriale à la direction des sports du ministère de la Ville, de la jeunesse et des sports. Un chiffre à prendre avec précaution puisque uniquement basé sur du déclaratif. Mais un problème pour lequel France Poret-Thumann a invité à diffuser l’information selon laquelle utiliser la dotation d’équipement des territoires ruraux était désormais accessible pour les équipements sportifs.
Une pratique souvent solitaire, voulue ou non
Autre élément bloquant cité par 17 % des personnes interrogées, la relation aux autres qui se décompose en besoin d’accompagnement, au fait de ne pas avoir d’amis pour pratiquer un sport ou de se sentir discriminé. Un élément à mettre en regard d’une pratique sportive se faisant majoritairement à domicile (77 %) et pour moins de la moitié dans un club (46 %). Une pratique souvent solitaire aussi (64 %) à rapprocher du type de sport pratiqué, individuel à 90 %. Mais une limite qui pourrait être dépassée si le premier challenge formulé par Ségolène Neuville, secrétaire d’État chargée des personnes handicapées, est relevé. Dans un objectif de mixité, elle a en effet souhaité que l’ensemble des clubs valides soient ouverts à tous.
Inscrire le sport dans la réforme de la tarification des établissements
Plus prégnantes, les limites liées à la santé et au handicap lui-même : la moitié des répondants indique avoir dû arrêter la pratique sportive à cause du handicap ; 26 % disent s’être vu interdire une inscription à une activité sportive. Un problème que certaines initiatives comme le programme “Tous en forme !” lancé par la Croix-Rouge en 2013 pourrait bien limiter. Mené en partenariat avec le groupe associatif Siel Bleu, il a permis à 3 600 personnes accueillies en établissement de faire du char à voile, du judo ou de la natation… Une pratique sportive que la secrétaire d’État veut encourager. L’accès au sport, comme composante de la participation à la vie sociale, fera donc partie de la réforme de la tarification des établissements et services médico-sociaux.
Information et échanges d’expérience à développer
Dernières limites à la pratique d’un sport par les personnes en situation de handicap, celles que l’on retrouve dans l’ensemble de la population : le manque de temps, d’argent, de motivation ou d’information. Avec une importance particulière du manque d’information. En dehors d’un handiguide des sports, peu de sources sont en effet disponibles.
Parmi les pistes d’améliorations présentées à la fin de cette étude, il y a donc de rendre accessibles les sports et de le faire savoir, de stimuler psychologiquement les personnes en situation de handicap mais aussi leur entourage, famille et professionnels les accompagnant et de favoriser les échanges d’expériences. De créer des ponts entre pratiquants et non-pratiquants dans des situations similaires. De ne pas se contenter de mettre en lumière des gens hors norme même si les grands athlètes en situation de handicap comme Damien Seguin, champion de voile, Arnaud Assoumani, champion d’athlétisme, et Ryadh Sallem, champion de basket-fauteuil, tous présents à cette soirée, ont une valeur d’exemple. Corinne Manoury
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1 commentaire
J’apprécie beaucoup les pistes évoquées par Corinne pour rendre accessible les sports aux personnes en situations de handicap. A cela, je propose également une contribution d’incitation pour les personnes en situation d’handicap afin de les aider à se trouver une passion sportive. C’est déjà bien d’organiser un tel évènement qui rassemble les pratiquants dont des vedettes. C’est une initiative louable.