Assistance sexuelle : François Hollande repasse le dossier à Marisol Touraine
Une lettre en forme d’accusé de réception. C’est ce que Pierre Besnard, le chef de cabinet du président de la République, a adressé à Pascale Ribes, la présidente de l’association CH(s)OSE, le 4 mars, en réponse à la lettre ouverte envoyée à François Hollande le 8 février dernier, lui rappelant son engagement à lancer un débat public sur l’assistance sexuelle en France.
Il s’y était engagé dans les colonnes du magazine Faire Face en avril 2012. À la question « Allez-vous autoriser la création de services d’accompagnement sexuel pour les personnes lourdement handicapées ? », François Hollande avait répondu : « C’est un débat difficile. (…) Nous devrons mener ce débat, regarder ce qui se passe dans d’autres pays, sans préjugés. » Mais il laisse à d’autres le soin de s’en occuper. En l’occurrence à sa ministre des Affaires sociales et de la santé, Marisol Touraine. En langage familier, cela s’appelle “se repasser la patate chaude”.
« Sensible aux préoccupations que vous exprimez, le chef de l’État m’a confié le soin de vous assurer de toute l’attention portée à votre démarche », souligne Pierre Besnard. Et de poursuivre : « À cet égard, je n’ai pas manqué de signaler votre intervention à Madame Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la santé, afin qu’elle l’examine attentivement et vous tienne directement informée de la suite qui pourra lui être réservée. » Suit la formule de politesse habituelle.
Ministres aux abonnées absentes
Sauf que si l’association CH(s)OSE s’est adressée directement au chef de l’État début février, à la suite d’un séminaire qu’elle organisait à Paris sur le thème “Assistance sexuelle : présence à l’autre ou marchandisation du corps ?”, c’est bien parce que ladite ministre refuse de la recevoir depuis plusieurs mois pour cause « de contraintes d’emploi du temps ».
Dans une réponse adressée le 16 novembre dernier à Pascale Ribes, le chef de cabinet de Marisol Touraine signalait d’ailleurs transmettre la demande de rendez-vous afin « d’évoquer la vie affective et sexuelle des personnes handicapées » à Marie-Arlette Carlotti, la ministre déléguée chargée de ces mêmes personnes et de la lutte contre l’exclusion.
Mais preuve que l’on ne communique pas toujours très bien entre ministres, pourtant proches, cette dernière avait déjà fait répondre quatre jours avant, dans des termes quasi identiques, que recevoir l’association ne serait pas possible. Également pour des « contraintes d’emploi du temps ».
La lettre de la présidence de la République annonce-t-elle un nouveau tour de piste ? Marisol Touraine repasse à Marie-Arlette Carlotti qui repasse à François Hollande qui repasse à… « Il est navrant, qu’une fois encore, nous n’ayons aucune réponse concrète. Ce gouvernement, c’est celui de tous les citoyens, y compris ceux que le handicap prive de leur droit à une vie affective et sexuelle », a commenté Pascale Ribes.
Pendant ce temps, les personnes en situation de handicap, leur famille, les professionnels qui les accompagnent attendent que quelqu’un, au gouvernement, veuille bien se saisir de cette question et lui porter l’attention qu’elle mérite.
Valérie Di Chiappari – Photo Benjamin Geminel
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