Sidaction 2013 – VIH et sida : quels liens avec le handicap ?
L’édition 2013 du Sidaction a démarré aujourd’hui et se poursuit jusqu’au dimanche 7 avril. En plus d’entraîner une précarisation et un isolement social, la séropositivité augmente le risque de maladies invalidantes. Les personnes en situation de handicap sont aussi plus exposées au virus. Trois questions à Franck Barbier, responsable santé à l’association AIDES.
Faire Face : Vous dites que la séropositivité au virus de l’immunodéficience humaine (VIH) crée une situation de handicap. Qu’entendez-vous par là ?
Franck Barbier : Je veux parler du handicap social lié au vécu du statut sérologique et à son dévoilement dans l’entourage. La moitié des personnes qui font part de leur séropositivité ont changé d’emploi un an après. Elles ne sont pas forcément licenciées mais le regard et l’attitude des autres deviennent parfois trop pesants. Elles ont aussi beaucoup de difficultés à s’assurer, par exemple, pour obtenir un prêt. Cette mise à l’écart existe parfois avec d’autres maladies, comme le cancer, mais elle est particulièrement marquée avec le VIH et la stigmatisation qu’il entraîne.
FF : La maladie a aussi des conséquences sur le plan physique. Peuvent-elles aller jusqu’à l’invalidité ?
F.B. : Les thérapies antirétrovirales sont globalement très efficaces aujourd’hui. Nous voyons donc moins de personnes atteindre le stade sida qui se caractérise par une baisse drastique des défenses immunitaires et l’apparition de maladies opportunistes. Un tiers d’entre elles découvre toutefois leur séropositivité à ce stade. Elles peuvent être très amaigries du fait de la fonte musculaire et extrêmement fatigables. Cependant, les médicaments leur permettent en général de dépasser cet état.
Mais sans même parler de sida déclaré, nous savons que le VIH et ses traitements sont des facteurs de risque d’autres maladies pouvant entraîner des séquelles au sens où vous l’entendez. Je pense, en particulier, aux maladies cardiovasculaires, donc au risque d’infarctus et d’accident vasculaire cérébral dont les conséquences sont extrêmement variées, à l’ostéoporose qui augmente les fractures, à certaines infections qui peuvent faire perdre la vue, aux cancers…
FF : À l’inverse, les personnes en situation de handicap sont-elles plus à risque de contracter le virus ?
F.B. : Elles peuvent être effectivement plus vulnérables. Le risque d’être exposé au VIH dépend de sa prévalence dans la population considérée mais aussi de certaines situations de vulnérabilité pouvant limiter l’accès à l’information et/ou favoriser les pratiques à risque. À AIDES, nous intervenons plus particulièrement avec et auprès de la communauté homosexuelle, des migrants, des prisonniers, des travailleurs/travailleuses du sexe ou avec des personnes sourdes pour ce qui concerne le handicap. Cette dernière action s’est développée parce qu’il y a, dans l’association, des sourds qui se sont mobilisés pour diffuser les messages de prévention dans cette communauté. Nous pourrions faire de même avec d’autres formes de handicap. Cela dépend de la mobilisation des populations et communautés elles-mêmes.
Propos recueillis par Audrey Plessis – Photo DR
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