Les victimes de la pauvreté toujours plus nombreuses, surtout parmi les femmes
41 % des Français interrogés ont déjà connu une situation de pauvreté au cours de leur vie, selon le dernier baromètre Ipsos-Secours populaire, rendu public ce jeudi 5 septembre. C’est 4 points de plus que l’an dernier et 11 points de plus qu’en 2007.
« L’enlisement de la crise semble avoir accéléré le basculement de populations fragilisées dans la pauvreté », analyse Étienne Mercier, directeur adjoint du pôle opinion et recherches sociales d’Ipsos. Ce baromètre est complémentaire à l’étude annuelle de l’Insee mesurant le nombre de Français vivant sous le seuil de pauvreté qui s’établit officiellement à 964 € par mois pour une personne seule. Les Français interrogés pour le Secours populaire estiment, eux, qu’une personne est pauvre quand elle dispose d’un revenu mensuel net de moins de 1 104 €, soit à peine moins que le Smic net (1120,43 €).
Les femmes représentent 56 % des pauvres
« Parmi les catégories de population qui ont déjà basculé dans la pauvreté ou qui présentent un risque de précarité accru : les femmes, et surtout celles qui sont à la tête de familles monoparentales », poursuit Étienne Mercier. 56 % des personnes ayant déjà connu une situation de pauvreté sont, en effet, des femmes. Ce qui est à mettre en lien avec le fait que neuf familles monoparentales sur dix sont des familles mère-enfant(s) ainsi qu’avec les inégalités salariales et de carrière, qui désavantagent les femmes. Le baromètre Ipsos-SPF met en évidence que 62 % des mères seules ont éprouvé, au cours des douze derniers mois, des difficultés financières importantes pour se procurer une alimentation saine et équilibrée (contre 37 % de l’ensemble de la population).
« Pour lutter contre ce risque de précarité aggravé, les Français considèrent qu’il faut avant tout agir sur les écarts de salaires entre hommes et femmes à poste équivalent, note Étienne Mercier. Les facteurs qui contribuent à un risque accru pour les femmes de connaître la précarité restent néanmoins beaucoup plus profonds et multiples : pour faire reconnaître que l’on doit obtenir le même salaire au même poste, encore faut-il parvenir à ce poste, et pour cela surmonter les obstacles induits par une éducation toujours très différenciée entre filles et garçons, se traduisant par la valorisation de qualités, de parcours d’études, de carrière ou de parentalité très différents. » Faire Face avait consacré un dossier à la précarité dans son édition d’octobre 2011. Franck Seuret – Photo DR
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