Les personnes handicapées s’invitent dans le débat sur la réforme des retraites
« Nous, personnes vivant avec une maladie chronique, accidentées de la vie ou en situation de handicap, sommes une nouvelle fois absents des débats. » Les présidents de plusieurs associations ont publié une tribune sur Lemonde.fr, mardi 8 octobre, pour dénoncer les lacunes de la nouvelle réforme des retraites, dont l’examen parlementaire a commencé le 7 octobre, même s’ils en saluent les quelques avancées.
Du fait de nos situations, nous sommes confrontés à des carrières professionnelles inégales, fractionnées (…). Ces difficultés (…) trouvent comme point d’orgue le passage à la retraite, quand la pension, si réduite par des parcours professionnels en dents de scie, nous fait encore payer le prix fort, le prix de notre maladie, de notre handicap. Cette double peine, nous ne l’acceptons pas. »
Mieux prendre en compte les indemnités et les pensions d’invalidité
Les signataires demandent donc la pleine intégration des indemnités journalières ou des périodes d’invalidité dans le calcul de la pension de retraite. Aujourd’hui, ces trimestres d’interruption de carrière sont validés (c’est-à-dire qu’ils sont pris en compte pour déterminer le taux de liquidation de la retraite) mais pas cotisés (les indemnités et pensions perçues ne rentrent pas dans la base de calcul du salaire annuel moyen), ce qui réduit le salaire de référence des 25 meilleures années et lamine les pensions de retraite des personnes ayant subi des carrières fractionnées. « Pour l’égalité femme-homme, cette mesure a été adoptée pour les périodes de maternité ; pour l’égalité entre les citoyens, elle devrait être généralisée », soulignent-ils.
Ils demandent également la mise en place de mécanismes d’incitation pour encourager les entreprises à développer la retraite progressive. Ce dispositif permet aux salariés ayant atteint l’âge légal de départ à la retraite de travailler à temps partiel -tout en bénéficiant d’une fraction de leur pension- et donc de continuer à accumuler des droits pour leur retraite définitive.
Ne pas écarter les travailleurs RQTH de la retraite anticipée
Enfin, ils souhaitent que le gouvernement revienne sur les conditions permettant aux personnes handicapées de prendre leur retraite anticipée. Le projet de loi prévoit certes d’abaisser le taux d’incapacité exigé de 80 à 50 %, « une très bonne initiative », mais aussi d’écarter les personnes n’ayant que la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé, ce que les associations déplorent. Cela reviendrait à « résoudre une injustice en en créant une autre ».
Le CDTHED, une association particulièrement mobilisée sur ce dossier, a par ailleurs lancé une pétition pour le droit à une véritable retraite anticipée des travailleurs handicapés et des parents et conjoints de personnes handicapées dépendantes. Franck Seuret – Photo DR
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