Lutte contre les discriminations : le calendrier du groupe Randstad France fera date
Le 6 janvier, le groupe Randstad France, qui travaille dans le secteur des ressources humaines, a lancé sa campagne de communication consacrée à la lutte contre les discriminations, confiant à Antoine Chereau, dessinateur caricaturiste et collaborateur de Faire Face,la réalisation d’un calendrier.
Faire Face : Vous avez réalisé douze strips (mini BD) épinglant des comportements discriminants. Comment avez-vous abordé ce thème ?
Antoine Chereau : Je travaille avec le groupe Randstad depuis plusieurs années et j’ai assisté à des réunions qui l’abordaient. Ceci dit, quand je dessine, les choses m’échappent, je laisse venir… Je pense que la discrimination ne constitue pas un sujet spécifique, elle est partout. Une entreprise qui choisit un candidat sur trente-six en discrimine en quelque sorte trente-cinq. Ses critères de choix sont-ils forcément objectifs ? À l’école, les professeurs traitent différemment les élèves sans bagage de courtoisie élémentaire car ils ne les supportent plus. Évidemment dans la société, certaines personnes souffrent plus que d’autres de discriminations, notamment dans l’entreprise. Dans mes dessins, j’essaie d’adopter un angle un peu décalé sans faire passer mes personnages pour des victimes. Sur une des planches, par exemple, une femme lance à un homme musulman : « À votre place, j’arrêterais. » Il ne s’agit pas d’un jugement mais d’un constat : l’origine musulmane dans une société qui impacte tout un groupe est sans doute inconfortable. Je regrette le ton hargneux et contre-productif souvent adopté par les dessinateurs qui traitent de la discrimination. Pour ma part, j’essaie d’apporter un autre éclairage. La démarche du groupe Randstad est d’ailleurs assez gonflée. En général, les entreprises illustrent la lutte contre les discriminations par des photos à l’américaine où tout le monde est beau et gentil.
FF : De quelles discriminations sont victimes vos personnages en situation de handicap ?
A.C : J’ai eu envie de montrer des handicaps visibles, comme le fait de se déplacer en fauteuil roulant, et d’autres invisibles, comme des troubles psychiatriques masqués par un traitement. Je montre que ce qui n’est pas considéré comme un handicap -un comportement caractériel, par exemple- peut pourrir l’ambiance d’un service. Je connais aussi des groupes qui admettent que 6 % de leurs salariés sont inaptes au travail, ils ne rentrent dans aucune catégorie mais éprouvent un vrai mal-être au travail. Comment les aider ? Enfin, je me mets à la place de responsables des ressources humaines jamais confrontés au handicap : la loi les oblige à embaucher des personnes handicapées mais cela changera-t-il leur regard ?
FF : Cette année, la question religieuse ouvre le calendrier en écho aux travaux menés par le groupe avec l’Observatoire du fait religieux en entreprise (Ofre). Comment l’avez-vous traitée ?
A.C : Le groupe a une politique de recrutement qui n’évince aucune candidature sur des critères discriminants mais il m’a donné quelques exemples de situations vécues par des salariés mis à disposition de clients. L’un d’eux, musulman, a été surpris priant dans une réserve. Si l’entreprise avait su qu’il était pratiquant, elle aurait pu mettre à sa disposition une salle pour prier ou le lui interdire par souci de laïcité… Dans d’autres lieux, des salariés juifs ont été pris à partie à cause du conflit au Moyen-Orient. Je me suis appuyé sur ces retours d’expériences mais sans être super à l’aise sur ce sujet. Propos recueillis par Katia Rouff – Dessins Antoine Chereau pour Randstad
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