Maladies professionnelles : la sous-déclaration n’est pas une fatalité
Un nouveau rapport d’Eurogip (1) détaille les initiatives de plusieurs pays européens pour lutter contre la sous-déclaration des maladies professionnelles.
En une quarantaine de pages, les auteurs analysent le phénomène, largement répandu en Europe, de la sous-déclaration des maladies professionnelles (MP). Les causes, soulignent-ils, sont « bien connues et citées par tous les pays concernés » par l’étude, à savoir l’Allemagne, le Danemark, l’Espagne, la France et l’Italie.
Méconnaissance des maladies professionnelles de la part des médecins censés les diagnostiquer ou encore crainte des salariés de perdre leur emploi en cas de reconnaissance du caractère professionnel de leur maladie : rien qu’en France, on estime à environ 20 000 par an le nombre de cas non déclarés pour les seuls troubles musculosquelettiques (TMS).
Les premières victimes de ce phénomène ? Les salariés eux-mêmes : une maladie reconnue à un stade précoce permet une meilleure prise en charge. En outre, « les prestations servies par l’assurance maladie contre les risques professionnels sont généralement plus avantageuses et plus adaptées que celles servies au titre de la maladie ou de l’invalidité/décès », rappelle Eurogip.
Reconnaissance de cancers de la vessie en France
Face à ce constat, les auteurs mettent en exergue des initiatives « choisies en fonction de leur originalité et de leur aspect documenté » visant à encourager la déclaration des maladies professionnelles. En France, il s’agit d’un programme de repérage de l’origine professionnelle possible de tumeurs de la vessie dont l’un des principaux facteurs, outre le tabac, est l’exposition aux amines aromatiques (industrie textile, du caoutchouc…).
Cette expérimentation, menée depuis 2008 dans six régions grâce aux données de l’assurance maladie, a permis de détecter 1 855 cas de cancers de la vessie potentiellement professionnels. 961 demandes de reconnaissance en MP ont été faites dans ces régions – dont 474 pour la seule région Nord-Picardie – et près de 60 % de ces cancers ont été reconnus « maladie professionnelle ».
Le Danemark, qui a déjà le système de déclaration le plus efficient – les médecins ont l’obligation légale de déclarer toute maladie professionnelle qu’ils soupçonneraient –, fait mieux encore. Depuis 2007, ce pays croise les données informatiques de son registre national des cancers avec celles de la branche “accidents du travail” de son assurance maladie. Résultat : une augmentation de 50 % des demandes de reconnaissance de deux cancers d’origine professionnelle, ceux liés à l’inhalation de poussières d’amiante et de bois. Aurélia Sevestre – Photo DR
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