À l’arraché, le webdocumentaire de la vie ordinaire avec un handicap
Ils avaient 10 ans quand la loi du 11 février 2015 a été votée. Dans la région nantaise, Thibault, Rachel et Kevin, Adrien, Julien et Céline ont grandi avec cette promesse d’arriver, à l’âge adulte, dans une société pleinement accessible. Dix ans plus tard, a-t-elle été tenue ? Pendant plus d’un an, deux journalistes ont suivi six jeunes atteints de différents handicaps. Résultat : À l’arraché, un beau documentaire multimédia, en ligne depuis quelques jours, qui rend sensible la “vie ordinaire” – pas si banale – de ces jeunes adultes. Entretien avec Armandine Penna et Frédérique Letourneux, les coréalisatrices.
Faire Face : Vous signez le premier webdocumentair qui traite, en France,de l’inclusion des personnes handicapées. Comment est né ce projet commun ?
Armandone Penna et Frédérique Letourneux : Nous collaborions auparavant toutes les deux pour le Canard social, un média en ligne spécialisé dans l’actualité du secteur social des régions Bretagne et Pays de La Loire. Une belle aventure collective qui a cessé en 2013 pour des raisons économiques car, éditorialement, nous en avions sous le pied comme on dit ! Nous voulions prolonger ce travail, particulièrement dans le champ du handicap où nous avions rencontré des personnes ayant une force de vie étonnante. C’est ce qui nous a poussées, dix ans après la loi handicap, à vouloir faire le point.
Le titre du webdoc résume notre constat : À l’arraché. Oui, des jeunes en situation de handicap peuvent s’en sortir aujourd’hui, avoir une vie sociale, professionnelle, vivre en couple… Mais cela ne va pas sans efforts. S’ils ne sont pas accompagnés par leur famille, des travailleurs sociaux, des associations et s’ils n’ont pas une réelle volonté de dépasser les obstacles, il reste difficile pour eux d’accéder à une vie ordinaire.
FF : Diaporama sonore, infographies, vidéo… Chacune des cinq entrées dans le webdoc offre trois modules d’information différents. Qui a fait quoi ?
A.P et F.L : Le webdoc propose en effet différentes entrées. Elles correspondent aux cinq grands domaines d’application de la loi du 11 février 2005 rendus sensible par le récit que les jeunes font de leur vie aujourd’hui : la citoyenneté avec Thibault, la vie à deux avec Rachel et Kevin, la formation avec Adrien, l’emploi avec Julien et l’accessibilité avec Céline. Nous écrivons toutes les deux, mais Armandine est également photographe. Moi, Frédérique, j’ai pris le son pour les diaporamas sonores.
À l’arraché est aussi notre premier webdoc : nous avions envie d’explorer de nouvelles formes et façons de faire du journalisme. Et ce projet, personnel au départ, est devenu une œuvre collective : il nous a permis de travailler avec des professionnels d’univers différents (le vidéaste Ronan Lanon, la productrice sonore Cécile Liège…) et a suscité des interactions nombreuses avec d’autres milieux. Ce sont quatre étudiants de l’École du Design de Nantes qui ont imaginé l’architecture du site Internet. Ils ont réalisé un travail remarquable pour le rendre accessible, en créant un code lisible par les logiciels de reconnaissance vocale des personnes malvoyantes.
FF : Et maintenant ?
A.P et F.L : D’ores et déjà, notre plus grande fierté, ce sont les retours des jeunes en situation de handicap qui ont accepté de participer à ce projet. Cette expérience les a valorisés ; elle fait désormais partie de leur parcours d’insertion. Nous avons réalisé ce projet pendant plus d’un an avec un budget proche de zéro (1) mais nous sommes allées jusqu’au bout pour eux. C’était bien la moindre des choses car ils ont été les premiers à croire en ce que nous faisions. Désormais, nous espérons qu’À l’arraché va être diffusé le plus largement possible. C’est un outil de sensibilisation et de débat que nous sommes prêtes à montrer. Et qui sait, en ayant maintenant sous les yeux le résultat concret de notre travail, peut-être des partenaires accepteront-ils de financer notre prochain web-documentaire… Propos recueillis par Aurélia Sevestre
(1) Seule l’association Apajh de Loire-Atlantique a versé une subvention de 2 000 € aux auteurs, et le journal La Croix a acheté plusieurs modules.
Vos avantages :
- Magazine téléchargeable en ligne tous les 2 mois (format PDF)
- Accès à tous les articles du site internet
- Guides pratiques à télécharger
- 2 ans d’archives consultables en ligne
3 commentaires
Salut, qui a voulu être un handicap, non et alors pourquoi ignorer leur présence dans la société, au fait nous sommes tous des humains donc nous devons nous aimer,à mon humble avis si moi je trouve une handicapé et qu’elle me plaît je vous assure que je vais l’épouser et rien au monde ne s’opposera à ce mariage c’est mon choix merci
On a tendance à mettre le mot handicap à toutes les sauces. Ca peut survenir a la suite d’une maladie ou d’un accident domestique ou accident tout court. Dés lors qu’une faiblesse est identifiée chez un individu, on le suspecte et on le met au banc des accusés. C’est une situation terrible et injuste de ne pas trouver de travail et d’etre marginalisé. la plupart des missions handicap sont bidons , des fonds de commerce, et personne ne contrôlant rien ca va durer longtemps ! même cette loi de2005 est une imposture ! cela a juste permis en identifiant ceux qui ont une rqth de les eloigner de l’emploi, et les recruteurs ne se gênent pas pour les evincer !!!! vous vous reconnaissez recruteurs ?
Excellent et original ce webdoc: aussi bien les diaporamas sonores que les entretiens directs. Il faut regarder+écouter les deux. La vraie vie!
A Mimi: votre jugement très négatif sur tout et tout le monde, est sans doute basé sur un vécu personnel, mais généraliser à ce point là n’est pas trop constructif ou motivant pour d’autres personnes.Bonne journée.