Élèves handicapés : de nouveaux devoirs pour l’école
Malgré des loupés à chaque rentrée, deux nouvelles mesures en cette rentrée 2015 devraient améliorer la qualité de la scolarisation des élèves en situation de handicap. La première ? La transformation des Clis, ces classes spécialisées en milieu ordinaire. La seconde ? Le transfert, dans des écoles, de classes jusqu’alors accueillies dans les établissements spécialisés.
Plus de cinq heures en haut d’une grue afin d’obtenir une auxiliaire de vie scolaire pour son fils. Le père d’Émilien a employé les grands moyens pour convaincre la Maison départementale des personnes handicapées du Bas-Rhin de revoir sa décision. Cette dernière avait orienté le jeune enfant autiste vers une école spécialisée. Ses parents, eux, souhaitaient qu’il continue à être scolarisé en milieu ordinaire. Faute d’être entendu, son père a donc pris de la hauteur, à Strasbourg, jeudi 27 août, et menacé de se suicider. Il est redescendu après avoir obtenu l’assurance qu’Émilien pourrait faire sa rentrée, comme les années précédentes, à l’école de son village, avec une auxiliaire de vie scolaire (AVS).
Chaque rentrée marquée par des ratés
La scolarisation des enfants en situation de handicap n’est pas encore un long fleuve tranquille… Chaque rentrée reste émaillée de nombreux incidents : AVS pas recrutés à temps, nombre d’heures d’accompagnement insuffisant pour assurer une scolarisation le temps voulu, orientation contraire aux vœux des parents, manque de places en services ou établissements spécialisés, etc.
Deux fois plus d’élèves handicapés qu’en 2004
Malgré ces difficultés, année après année, l’inclusion scolaire gagne du terrain. À la rentrée 2014 – les chiffres 2015 ne sont pas encore disponibles, 260 000 élèves handicapés étaient scolarisés en milieu ordinaire : 9 % de plus que l’année précédente et le double par rapport à 2004. Cette année, deux nouvelles mesures devraient permettre d’améliorer la qualité de la scolarisation.
Des Ulis pour passer davantage de temps en classe ordinaire
À commencer par la transformation des Classes localisées pour l’inclusion scolaire (Clis) en Unités localisées pour l’inclusion scolaire (Ulis). Au-delà du changement de nom, c’est la philosophie du dispositif qui diffère.
Jusqu’alors, les enfants accueillis dans une Clis suivaient tous les cours, ou presque, dans cette classe destinée aux enfants handicapés au sein d’une école ordinaire. Les Ulis continueront à dispenser un enseignement adapté mais les élèves iront, aussi souvent que leurs capacités le permettent, dans leur classe ordinaire de référence.
Mais des critères trop restrictifs pour l’orientation en Ulis
« Les Ulis existent déjà au collège et au lycée, précise Bénédicte Kail, conseillère éducation de l’APF. Par contre, la circulaire est trop restrictive : les enfants ayant besoin d’un AVS individuel ne pourront pas y être orientés, sauf exceptions, et elle ne stipule pas que des AVC-co seront obligatoirement présents dans ces Ulis. »
Transférer 100 classes des établissements spécialisés vers les écoles ordinaires
L’externalisation de 100 unités d’enseignements des établissements sociaux et médico-sociaux vers les établissements scolaires suit la même logique inclusive. Pour faire simple, l’enseignant n’ira plus faire cours dans l’institut d’éducation motrice ou l’institut médico-éducatif mais les enfants viendront suivre cet enseignement adapté dans une classe spéciale, au sein d’un école de quartier. « Les premières externalisations mises en place montrent que cela aboutit à une augmentation du nombre d’heures de scolarisation car les établissements revoient les plannings des soins », précise Bénédicte Kail. Priorité à l’école ! Franck Seuret
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1 commentaire
Réjouissons-nous déja de l’ouverture de nouvelles classes spécialisées. C’est déja un premier pas, même si malheureusement ce n’est jamais suffisant. C’est Mme Tuil (http://www.julietuil.com/fr/) qui doit être contente à l’heure qu’il est de cette progressive prise de conscience en faveur des enfants et parents autistes.