Handicap ou origine : des discriminations vécues différemment
L’Observatoire régional des métiers Provence-Alpes-Côte d’Azur (ORM-Paca) vient de publier une note sur les « vécus différents » des discriminations dans l’emploi, selon qu’elles sont liées à l’origine ou au handicap. Ses auteurs se sont basés sur des entretiens avec une vingtaine de travailleurs. Deux questions à Lydie Chaintreuil, l’un des auteurs, chargée d’étude à l’ORM-Paca.
Faire Face : Quelles sont les différences dans le ressenti des discriminations entre personnes en situation de handicap et personnes immigrées ou d’origine étrangère ?
Lydie Chaintreuil : Les enquêtés d’origine étrangère ou immigrés emploient rarement le terme “discrimination”. Ils expriment plus souvent le doute, la difficulté à comprendre ce qui se passe et à nommer ce à quoi elles sont confrontées. Elles tentent de rationaliser, de comprendre : leur reproche-t-on un défaut de compétences, un manque d’expérience… ?
Les personnes en situation de handicap, elles, parlent plus facilement de discrimination. Elles revendiquent le respect de leurs droits. Leur posture diffère toutefois en fonction du moment où la déficience est apparue. Le sentiment de révolte est plus marqué quand le handicap est survenu, ou s’est renforcé, en cours de vie professionnelle. Pour schématiser, le vécu de la discrimination est plutôt synonyme de souffrance pour les personnes d’origine étrangère et d’injustice, pour les personnes en situation de handicap.
FF : Qu’est ce qui contribue à expliquer ces différences ?
L.C : Les travailleurs handicapés connaissent bien les réseaux spécialisés qui leur sont destinés : Cap emploi, l’Agefiph, les associations, etc. De plus, la loi apporte un cadre de référence clair. La personne en situation de handicap bénéficie d’une reconnaissance administrative et un employeur peut mobiliser des aides pour adapter le poste, notamment. S’il ne le fait pas, le travailleur aura le sentiment d’être discriminé.
Concernant les situations discriminatoires liées à l’origine, la loi défend la personne mais ne facilite pas pour autant son intégration dans le champ de l’emploi. De plus, les réseaux d’appui pour les personnes immigrées et d’origine étrangère sont moins visibles. Cette population ne sait pas toujours où et à qui s’adresser et se sent démunie. Elles éprouvent des difficultés à faire reconnaître leur vécu, ce qui entretient cette souffrance. Propos recueillis par Franck Seuret
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1 commentaire
d’où sort cette hypotheque?