Handicap = accès aux soins réduit
Les conclusions d’une étude exploitant les données de l’Insee montrent que, par rapport aux valides, les personnes en situation de handicap ont une moindre probabilité de recourir aux soins et aux actes de prévention en France. La situation sociale joue un rôle important dans ces limitations d’accès.
Quel accès aux soins pour les personnes en situation de handicap ? Des chercheurs de l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes) se sont penchés sur cette problématique. Ils ont réalisé un état des lieux dont les conclusions viennent d’être publiées dans la Revue d’épidémiologie et de santé publique. Leur étude se base sur les données recueillies lors de l’enquête Handicap-santé effectuée en 2008 par l’Insee. L’accessibilité à trois types de soins (dentaires, ophtalmologiques et gynécologiques) ainsi qu’à quatre actes de prévention (frottis, mammographie, dépistage du cancer du côlon et vaccination contre l’hépatite B) a été analysée. Une comparaison entre personnes valides et personnes handicapées de cet accès aux soins a été également dressée.
Des différences selon la nature du handicap et sa reconnaissance administrative
À l’exception des soins ophtalmologiques où aucune différence n’est mise en évidence, la probabilité de recourir aux soins est réduite en défaveur des personnes déclarant des limitations fonctionnelles (motrices, cognitives, visuelles ou auditives). Selon la catégorie de soin considéré, cette diminution oscille de cinq à vingt-sept points par rapport aux valides. Résultat similaire du côté des actes de prévention, ceux de mammographie et de frottis étant les plus diminués. À souligner que le type de handicap a également un impact sur l’accessibilité : sans surprise, ce sont les personnes en fauteuil roulant qui voient leur accès aux soins et à la prévention le plus limité.
Si les résultats basés sur la reconnaissance administrative du handicap confirment globalement le constat observé chez les personnes témoignant d’un handicap donné, des différences apparaissent néanmoins. En effet, les personnes relevant de l’allocation adulte handicapé (AAH) accèdent plus difficilement à des soins que les allocataires des pensions ou rentes d’invalidité.
La situation sociale, barrière supplémentaire
Que le handicap soit mesuré par les limitations fonctionnelles ou sa reconnaissance administrative , un même facteur aggravant les difficultés d’accès aux soins est retrouvé : la situation sociale. Souvent défavorisée chez les personnes handicapées, elle met en évidence son rôle en tant que barrière supplémentaire à une accessibilité déjà freinée par le handicap lui-même.
Pour les auteurs de l’étude, l’ensemble de leurs résultats souligne la nécessité d’activer différents leviers d’actions publiques afin d’améliorer en France l’accès aux soins des personnes en situation de handicap. O. Clot-Faybesse
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3 commentaires
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Je suis particulièrement agacée par ces médecins qui viennent nous dire qu’ils ne peuvent pas se mettre aux normes sans mettre la clé sous la porte et que c’est absurde de leur imposer d’être accessibles dans la mesure où ils visitent volontiers leurs patients PMR à domicile.
Alors, de une, je n’ai encore jamais vu de spécialiste se déplacer à domicile… Les PMR n’auraient-elles droit qu’au généraliste? Alors, on va me dire qu’elles peuvent consulter à l’hopital… Mais pourquoi n’auraient-elles pas le choix quand les autres l’ont? Et puis, si tous les hopitaux avaient des cabinets de consultation accessibles, ça se saurait… Cabinet trop exigu pour rentrer le fauteuil, table trop haute, etc. Sans parler du médecin qui vous dit lors de votre consultation à l’hopital “mais vous auriez dû le dire au téléphone, que vous étiez handicapé, je ne suis pas équipé pour vous recevoir”…
Et de deux, les horaires de visites à domicile sont peu compatibles avec la vie professionnelle d’une PMR 100% active. Je n’ai jamais vu de médecin qui fait des visites à domicile à 19H… Alors que, si le cabinet était accessible, il suffirait de prendre rdv après son travail, comme tout le monde.
Et de trois, on ne cesse de répéter que, pour faire faire des économies à la sécu et être mieux soigné, il est préférable de consulter le médecin à son cabinet lorsque c’est médicalement possible, afin notamment que le médecin ait son matériel et ses dossiers. Pourquoi est-ce que la sécu devrait payer des visites à domicile pour que les médecins n’aient pas à se mettre aux normes? Et pourquoi est-ce que les PMR devraient se résoudre à des soins de moins bonne qualité?
Un malade atteint d’un handicap est-il vraiment un malade comme les autres ?
Telle est la question, un peu provocatrice je l’admets, que je me suis posé à l’issue d’un parcours médical suivi (pour ne pas dire subi) tout au long de ces derniers mois.
Tout d’abord, voici ma situation : je suis âgé de 62 ans, atteint d’une SEP depuis l’âge de 28 ans, je souffre d’un certain nombre de diverses infirmités internes « non visibles » et, depuis une dizaine d’années je suis privé de l’usage de mes jambes et j’éprouve également des difficultés pour utiliser mes bras et mes mains ; étant précisé que la tête, elle, m’est restée encore… assez fidèle !…
Donc, pour être politiquement correct, je suis une PMR, une personne à mobilité réduite et, en tant que telle, je me déplace à l’aide d’un miniscooter électrique à 3 roues dans mon appartement et avec un scooter électrique à 4 roues pour mes déplacements extérieurs.
Cela pour dire que le premier obstacle auquel je suis confronté pour mes déplacements est – évidemment et comme dans toutes les villes de notre pays – de trouver un praticien dont le cabinet est accessible aux PMR qui, de plus, se déplacent comme moi au moyen d’un scooter électrique ce qui, souvent, se révèle être une difficulté supplémentaire pour entrer dans un ascenseur notamment.
La seconde préoccupation porte ensuite sur la capacité dudit praticien à prendre en compte mon handicap (paralysie des jambes et déficience partielle des bras) afin que je puisse bénéficier de soins dans les meilleures conditions possible tant en termes de confort (matériels adaptés et modulables) que de prise en charge adaptée de la part de l’équipe médicale.
D’emblée cette question s’est posée pour chacune de ces consultations.
1) en avril, visite chez le dentiste : après en avoir trouvé un qui était situé pas trop loin de chez moi et qui était accessible c’est posé la question de mes conditions d’accueil. RÉPONSE : AUCUNE
Ma fille m’a alors dirigé chez sa dentiste, pourtant située à plus de 800 m de chez moi, mais où j’ai trouvé, tant de sa part que de celle de son assistante, que compétences professionnelles et obligeante attention à mon égard. Le tout sans apitoiement ni commisération !
2) en mai, consultation chez un ophtalmologiste : aucun des 4 cabinets de ma commune n’est accessible. De plus, le « bloc optique » équipant ces cabinets et servant à pratiquer les différentes mesures de l’œil est constitué de telle façon qu’une PMR est dans l’impossibilité de se glisser derrière celui-ci pour s’asseoir sur le siège…
Je suis donc allé dans un centre d’ophtalmologie situé à 40 km de chez moi à bord d’un véhicule adapté pour me transporter moi et mon mini scoot et ce, aux frais de la Sécu !…
Là, un des 8 ophtalmos m’a reçu en 1 mois (contre 6 à 7 pour ceux de ma commune) et dans des conditions aussi agréables que hautement technologiques !
3) en juin, de subites poussées d’hypertension m’ont conduit chez le cardiologue. Ceux qui étaient accessibles ne pouvaient me recevoir que dans un délai de 7 à 9 mois… l’intervention d’un parent médecin me conduisit chez un cardio en 10 jours mais, sans accessibilité…
En empruntant un fauteuil roulant mécanique je pus m’y rendre en me faisant transporter dans les mêmes conditions que précédemment et ce, pour effectuer 800 m et… aux frais de la Sécu !…
Arrivé sur place, le médecin m’aida à rentrer dans son cabinet et, se dirigeant vers ses appareils en vue de pratiquer un ECG ainsi qu’une échographie du cœur, m’invita à me mettre torse nu et à monter sur la table d’examen qui n’était pas modulable !…
Se rendant compte de sa méprise, il m’aida à me déshabiller et pratiqua sa consultation alors que je restais assis dans mon fauteuil !…
Diagnostique : insuffisance cardiaque qui me conduisit deux semaines plus tard dans le grand CHR de mon département pour y subir une coronarographie ; cet établissement ayant été inauguré il y a 10 ans à peine.
4) je vais passer sur les détails mais tout ce que je peux vous dire c’est que, hospitalisé la veille de l’examen pour tenir compte de mon état de santé général, rien, ou presque, n’était prévu pour recevoir une PMR : SdB et toilettes non conformes (problèmes, entre autres, pour la douche à la Bétadine…) À ce stade, je dois quand même préciser que l’ensemble du personnel médical et de service fit en permanence et en toutes circonstances le maximum pour pallier avec compréhension et gentillesse l’insuffisance de matériel adapté dans leur service qui d’ordinaire ne reçoit pas de malades du cœur… qui, en plus, sont en état de handicap !…
À l’issue de l’examen, le cardiologue m’indiqua que je ne pouvais pas rentrer chez moi dans la journée car les points d’entrée dans l’artère du bras droit m’interdisaient tous appuis sur cette main au risque de déclencher une hémorragie et ce, pendant 48 heures.
Vivant seul chez moi et mon quotidien étant jalonné de fréquents transferts rendus possibles par l’appui sur mes mains et sur mes jambes spastiques, mon hospitalisation fut donc prolongée de deux jours. Et là, je vous fais grâce des difficultés rencontrées pour effectuer mes transferts pour le coucher, la toilette et bien d’autres choses encore dont la séance d’habillage pour rentrer chez moi !…
De retour à la maison, je me rapprochais alors de mon cardiologue qui me précisa que si les résultats de la coronarographie ne débouchaient pas sur l’urgente nécessité d’une opération valvulaire celle-ci devait néanmoins être envisagée à plus ou moins long terme.
Dans cette hypothèse, se pose alors le problème de mon handicap : la privation de l’usage de mes jambes est « compensée » par mes déplacements avec un scooter qui nécessitent de fréquents transferts. Or, une chirurgie cardiaque demande une intervention particulièrement invasive au niveau de la cage thoracique qui rend difficile, voire impossible, l’accomplissement du moindre effort au niveau du torse et des bras et ce, durant plusieurs semaines après l’opération ; rendant nécessaire d’envisager une autre technique opératoire, par voie cœlioscopique notamment… une prochaine IRM cardiaque devrait préciser : comment, quand et où devrait se dérouler cette opération valvulaire.
Voilà, résumées à l’essentiel, mes péripéties médicales de ces dernières semaines qui m’ont permis de prendre conscience avec plus d’acuité encore que dans le domaine de la santé, au même titre d’ailleurs que dans beaucoup d’autres de la vie quotidienne, si vous ne vous situez pas dans « la norme » alors l’accès à l’habillement, à certaines activités et à bien d’autres prestations vous sont quasiment fermées.
Ce qui est tout simplement INADMISSIBLE et HONTEUX pour un pays comme la France en ce début de XXI° siècle !…