Pokémon Go et handicap : populaire, pas toujours exemplaire
Se jouant en extérieur, l’application pour smarthphone Pokémon Go rencontre un succès planétaire. Bien que gratuite, ludique et addictive, des voix s’élèvent néanmoins pour protester. Celles d’utilisateurs à mobilité réduite qui dénoncent son manque d’accessibilité.
Lancée en France en juillet, l’application Pokémon Go suscite un vif engouement de la part des utilisateurs de smartphones. Une réussite qui d’ailleurs a très largement dépassée le cadre hexagonal. En effet, dès son premier mois d’existence, Pokémon Go a caracolé en tête des téléchargements (numéro 1 dans 70 pays simultanément). Installée sur plus de 130 millions de téléphones mobiles, ses bénéfices ont atteint quelque 90 millions d’euros. À l’évidence, un tel succès est appelé à grandir encore dans les mois à venir.
Pokémon Go, kezako ?
Pour ceux ayant passé le chaud mois d’août au pôle nord, ou réfractaires à l’univers numérique, résumons le principe du jeu. Pokémon Go utilise la fonction GPS et l’appareil photo du téléphone pour projeter à l’écran des sortes de petits créatures, appelés pokémons. Dans quel but ? Les attraper pour, à terme, collectionner toute la famille.
Pour cela, le joueur doit lancer une sorte de boule virtuelle (appelée pokéball) sur tout pokémon rencontré afin de le capturer à l’intérieur. Plus de détails sur le fonctionnement du phénomène médiatique et culturel de l’été 2016 sont donnés ici.
Un jeu non sans risque
Pour ses concepteurs, Pokémon Go se veut bénéfique dans le sens où y jouer requiert une activité physique. En effet, pour trouver un maximum de pokémons différents, il faut se déplacer dans le monde réel. C’est l’application qui, en enregistrant automatiquement l’emplacement du joueur via le GPS de son téléphone, va générer de façon aléatoire les pokémons à capturer.
Le problème ? Une telle mécanique de jeu peut engendrer des accidents sur le terrain. Immergés dans leur écran en quête effrénée d’un nouveau petit démon à ajouter, certains joueurs deviennent inattentifs à leur environnement. Ainsi, des cas de personnes tombées d’un haut escarpement ou renversées par une voiture (quand ce n’est pas le joueur au volant qui a renversé un innocent piéton, non chasseur de pokémons) ont été rapportés. Ce jeu inquiète même Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale, qui souhaite le bannir des cours de récré.
Pokémons virtuels, escaliers bien réels
Autre problématique : il n’est pas rare qu’une de ces créatures apparaisse au sommet d’une volée de marches, par exemple. Un lieu pas ou peu dangereux en soi mais inaccessible en fauteuil roulant. Ce qui, à la longue, peut se révéler particulièrement frustrant pour un joueur à mobilité réduite. D’autant plus si le spécimen découvert reste des plus rares…
Un constat qui fait réagir Steve Spohn, fondateur de Able Gamers, une organisation caritative anglo-saxonne militant pour des jeux vidéo pour tous. Dans le Daily Dot, ce spécialiste explique que « comparé à d’autres jeux pour mobiles, Pokémon Go exclut le joueur en situation de handicap à un degré significatif. Il n’y a aucune raison pour le concepteur de ne pas inclure une fonction permettant à une personne à la mobilité réduite d’exploiter pleinement le jeu ».
Certains vont encore plus loin en soulignant que chaque application grand public devrait inclure d’office un réglage spécifique permettant de pallier tous types de handicaps (visuel, auditif et moteur). Afin que chacun puisse en profiter et se voir offrir des chances équivalentes de s’y mesurer. O. Clot-Faybesse
Vos avantages :
- Magazine téléchargeable en ligne tous les 2 mois (format PDF)
- Accès à tous les articles du site internet
- Guides pratiques à télécharger
- 2 ans d’archives consultables en ligne