Plus d’un élève handicapé sur deux quitte sa classe ordinaire avant 10 ans
Si plus de trois quarts des enfants handicapés sont scolarisés en classe ordinaire à 6 ans, ils sont moins de la moitié à l’être encore à l’âge du CM2. Et encore, moins d’un quart atteint ce niveau sans redoubler. D’une classe à l’autre, une sélection s’opère selon le type de handicap et le milieu social des parents, selon une étude du ministère de l’Éducation nationale.
A priori, les enfants malvoyants ne sont pas plus intelligents que ceux ayant des difficultés motrices. Et pourtant, « le niveau d’études atteint par les enfants en situation de handicap dépend de la nature de leur trouble », constatent les auteurs d’une récente étude du ministère de l’Éducation nationale. Les enfants souffrant de troubles de la vue sont ainsi 61 % à entrer “à l’heure” en CM2, ceux ayant un handicap moteur 53 %. Mais seulement 8% des élèves avec des troubles intellectuels et cognitifs atteignent cette classe.
La note d’information que vient de publier le ministère de l’Éducation nationale met ainsi en exergue un implacable processus sélectif. Portant, depuis la rentrée 2013, sur un panel d’élèves handicapés nés en 2005, elle souligne que plus d’un enfant handicapé sur deux va, au fil de l’école élémentaire, passer dans des classes adaptées (Clis) ou des établissements spécialisés.
L’origine sociale des enfants, un facteur discriminant
Un autre facteur détermine cette sortie plus ou moins prématurée du milieu ordinaire : l’origine sociale de l’élève. À 10 ans, 39 % des enfants handicapés issus d’un milieu très favorisé sont scolarisés en CM2, contre 15 % seulement des enfants de familles défavorisées. À la fin de l’école élémentaire, ceux-ci sont en revanche à 45 % placés en Clis, contre 23 % des enfants de milieux favorisés.
« De plus, pour un même trouble, les différences sociales sont patentes, notent les auteurs de l’étude. Si les enfants déficients visuels, moteurs ou ayant un trouble viscéral (cardiaque, respiratoire ou cancéreux) sont les plus nombreux à atteindre le CM2 sans redoubler, ils sont moins souvent parvenus à ce niveau quand ils sont d’un milieu défavorisé que les enfants ayant un trouble du langage ou de la parole de milieu très favorisé. »
Preuve que l’environnement – social, ici – peut lever bien des barrières. Mais aussi qu’en matière d’inclusion, l’école doit encore revoir sa copie. Aurélia Sevestre
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