Loi Élan : « C’est gênant d’opposer personnes en situation de handicap et familles avec enfants. »
Vendredi 15 juin, Le téléphone sonne, l’émission interactive de France Inter, donnait la parole aux auditeurs sur la loi Élan. Avec cette question : est-elle une régression en matière d’accessibilité pour les personnes handicapées ? Pour leur répondre, Nicolas Mérille, conseiller national accessibilité d’APF France handicap, était aux côtés de Richard Lioger, rapporteur de la loi, et d’Éric Molinié, connu pour ses engagements notamment à l’AFM-Téléthon.
Un concept neuf qui suscite de l’incompréhension. Mais qui devrait permettre d’adapter les logements à tous les usages et toutes les demandes. Comme celles des parents – paraît-il nombreuses – d’avoir des chambres plus grandes pour leurs enfants.
Ces arguments, avancés pour justifier l’article 18 de la loi Élan qui fait passer de 100 % à 10 % les logements accessibles dans les immeubles neufs – les 90 % restants devenant évolutifs – le député Richard Lioger, les a resservis à volonté tout au long de l’émission Le téléphone sonne, vendredi soir. Sans convaincre. Ni ses contradicteurs, ni les auditeurs qui posaient des questions.
Ainsi, Éric Molinié, connu pour ses engagements à l’AFM-Téléthon, la Halde ou le Samu social lui a-t-il fait remarquer qu’il trouvait « gênant d’opposer personnes en situation de handicap et familles avec enfants ». Comme si l’un et l’autre étaient incompatibles.
« S’il ne s’agit pas d’argent, je ne vois aucun intérêt à cette loi. »
François, architecte auditeur, a pour sa part expliqué que cela coûtait toujours plus cher d’adapter postérieurement un logement. Qu’il ne concevait pas différemment un immeuble pour les personnes handicapées ou valides. Assénant finalement, que s’il ne s’agissait pas d’argent, il ne voyait aucun intérêt à cette loi.
Emboitant son raisonnement, Nicolas Mérille, conseiller national accessibilité d’APF France handicap, a expliqué que cette loi allait générer d’autres coûts à mettre sur le compte de la solidarité nationale. Puisqu’il faudrait notamment solliciter l’Anah (Agence nationale pour l’habitat) pour financer les travaux d’adaptation.
Au final, c’est Jacques, dont la belle-sœur a fini ses jours en fauteuil roulant, qui a eu les mots les plus touchants. « J’ai beaucoup souffert de ne plus pouvoir l’accueillir », a-t-il dit et d’avouer qu’avant, il n’était pas très sensible au sujet. « Ça ferait évoluer tout le monde que tout soit accessible, a-t-il ajouté. Pour héberger quelqu’un qui habite loin, je ne vais pas faire adapter mon logement pour une semaine. »
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5 commentaires
Bonjour à tous. Le Think tank Oméga Handicap demande l’abrogation immédiate de l’article 18 de la loi Élan en totale violation de convention ONU sur le droits des personnes en situation d’handicap. Le Think tank invoque l article 4 de la convention ONU et compare cet article comme discriminatoire. Il se dit prêt à tout pour saisir toutes les instances juridictionnelles et déposer une plainte au Tpi si les sénateurs ne rejette pas cet article dans son intégralité au titre de l’article 4 de la convention. Aucune concession ne peut être envisagée si elle présente une violation des droits des personnes en situation d’handicap. Le Think tank demande au gouvernement la tenue d une table ronde avec tous les représentants des associations représentant les pers en sit d’handicap pour ré écrire l’article 18de la loi Élan.Il rappelle notamment que l’inclusion, sous peine c’est la société qui doit s’adapter à l’handicap et non le contraire. Merci à tous.
Toute initiative pour lutter contre cette loi indigne d’un état européen est la bienvenue. Je soutiens cette action.
[…] https://www.faire-face.fr/2018/06/16/loi-elan-logement-handicap-france-inter/ […]
Les personnes en situation de handicap sont de plus en plus effacées de la carte….Restriction des logements, restriction des aides financières, aggravation de la discrimination envers les couples “mixtes” (handicap et non handicap) car les personnes sont à la charge de leur conjoint. Pour se marier, c est un parcours du combattant pour se loger, pour subvenir à ses besoins et aussi pour travailler…
Restons beaux, jeunes, riches et en bonne santé ….
Les “jeunes, beaux, riches et en bonne santé” vivant dans le virtuel, et dont les publicités nous abreuvent à longueur de temps, sont à l’image des “personnages cathodiques” qui nous gouvernent, ou prétendent vouloir nous gouverner un jour: La plupart, n’a vécue que protégée par un cocon dont elle n’a pas conscience et de ce fait semble faire preuve d’arrogance envers ceux qui, faits de chair et d’os, savent ce que souffrir et lutter pour vivre veut dire.
Le plus effrayant c’est qu’ils sont devenus totalement incapables de s’en rendre compte.
Je voudrais bien quitter le plus tôt possible cette terre, mais j’ai peur de laisser mon fils handicapé au milieu de cette “bande de fous inhumains”.