École et handicap : les oubliés des fêtes et sorties de fin d’année
Fanions, ballons, joie dans le bus… les fêtes d’école et sorties scolaires sont d’ordinaire un point d’orgue heureux, même si l’année a été chaotique. Mais pour certains parents ou enfants en situation de handicap, pas de répit : ils doivent encore se battre pour se faire une place. Exemples à côté de Nantes et de Montbéliard avec les déboires de Laurent et Noham.
Cette année encore, Laurent Pons n’a pas pu assister à la fête de l’école de son fils à Valentigney (Doubs). Impossible pour lui, en fauteuil roulant, d’accéder mardi 3 juillet à la salle des fêtes municipale. Dans L’Est républicain, le directeur de l’école élémentaire Pézole estime que c’est « la seule adaptée pour organiser le spectacle des enfants ».
En signe de protestation, il y est quand même allé pour immortaliser la scène : lui dans son fauteuil, coincé au pied d’un escalier. Puis il a fait le tour de la ville et pris en photo les salles vides et accessibles.
« Je participe aux kermesses, aux réunions de parents d’élèves et aux rencontres avec les professeurs. Ils me connaissent et savent très bien que je suis en fauteuil. » On lui aurait proposé de le porter jusque dans la salle. « Mais le poids total à porter sur vingt marches est de plus de 100 kg. C’est très dangereux », raconte-t-il encore au quotidien régional.
« Avant, on trouvait toujours des solutions. »
Cette fin d’année n’a pas non plus été synonyme de détente pour Noham et sa famille, à Carquefou, à côté de Nantes. Jeudi 28 juin, ce garçon de 10 ans a été privé de sortie scolaire. Motif : le château visité n’était pas accessible aux personnes à mobilité réduite.
Souffrant du syndrome d’Ehlers Danlos, Noham est en fauteuil de manière intermittente. Quand il peut marcher, il se fatigue vite.
« Le papa de Noham avait pourtant envoyé un mail au maître, qui est aussi le directeur, trois semaines avant pour lui demander quelle organisation il prévoyait, s’offusque Marylène Assany, la maman. Nous n’avions pas reçu de réponse et donc payé la sortie. »
La veille, Noham était aussi prié de rester à l’école pendant que ses camarades allaient à un événement sportif. « Pourtant, dans une précédente école, avant que nous déménagions, on trouvait toujours des solutions pour qu’il ne soit pas mis de côté. Notre région est riche de sites accessibles ! »
« L’enseignant sous-entend que notre fils n’est pas malade. »
Les relations avec l’enseignant n’avaient fait qu’empirer pendant l’année. « Il n’a jamais expliqué la maladie à la classe, ce qui n’a rien arrangé à l’isolement de Noham. Il sous-entend que notre fils n’est pas malade. Il lui fait des remarques quand il n’est pas en fauteuil », rapporte la maman.
Selon elle, l’enseignant demandait aussi à l’AVS de ne pas trop écrire pour son fils, même en période de fortes douleurs. Quand elle n’était pas là, il refusait d’accompagner l’enfant aux toilettes. « Il dit qu’il n’y est pas obligé, que ce n’est pas son rôle. Résultat : mon fils fait régulièrement ses besoins sur lui. »
Le maître reprocherait aussi au jeune garçon de raconter à ses parents ce qui se passe à l’école et le traiterait de menteur. « Nous l’avons déjà récupéré en état de choc ! »
Une école pourtant accessible
Noham passe au collège. Mais craignant que son petit frère, atteint de la même maladie, subisse les mêmes difficultés, la famille a demandé un changement d’établissement.
Du gâchis car l’École Pierre Stadler, à Carquefou, est, du point de vue des locaux, parfaitement accessible. Du gâchis car Noham a eu, les années précédentes, d’autres enseignants très à l’écoute. Le directeur/enseignant en question, joint par téléphone, n’a pas souhaité s’exprimer. L’inspection d’académie n’a pas répondu à notre sollicitation. Bonnes vacances !
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1 commentaire
quelle naiveté de croire que le handicap emmene compassion et empathie !