École et handicap : une concertation sur les aides humaines à la rentrée
Le gouvernement vient de publier un rapport d’évaluation des aides humaines à l’école. Il lancera aussi en septembre une concertation nationale sur le sujet. 10 000 accompagnants supplémentaires sont annoncés pour la rentrée.
Ce n’est pas nouveau : le métier d’accompagnant des élèves en situation de handicap (AESH) est précaire, mal payé, mal doté en termes de formation. Il occasionne donc un grand turn-over et une vacance de postes. L’accès à ces accompagnants s’avère souvent tardif, hétérogène selon les départements, interrompu en cas de non-remplacement. Et il n’est pas toujours étendu aux sorties scolaires. Ces difficultés chroniques gâchent les progrès de l’inclusion. En effet on compte 320 000 élèves en situation de handicap à l’école, contre 100 000 en 2006. C’est notamment ce que dresse le rapport “évaluation de l’aide humaine pour les élèves en sitation de handicap”, ministériel, rendu public jeudi 19 juillet.
Conscients « qu’un saut qualitatif de grande ampleur est désormais nécessaire pour améliorer l’accompagnement des élèves en situation de handicap », Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, et Sophie Cluzel, secrétaire d’État aux personnes handicapées, ont détaillé, mercredi 18 juillet, les projets en cours et à venir.
Une concertation nationale lancée en septembre
La principale annonce a été le lancement, en septembre, d’une concertation visant à rénover le dispositif d’AESH à partir de la rentrée 2019. Y participeront le CNCPH (Conseil national consultatif des personnes handicapées), des parents d’enfants en situation de handicap, des organisations syndicales et des accompagnants.
Parmi les questions soulevées : Quelles conditions peuvent garantir une continuité du parcours ? Quelles pistes pour rendre le métier d’accompagnant plus attractif ? Comment compléter leur temps de travail ? Comment leur permettre de travailler sur les temps périscolaires ?
Des expérimentations de gestion plus collective dans certains établissements
À l’automne démarrera aussi l’expérimentation de “pôles inclusifs d’accompagnement localisés” (Pial), à l’échelle d’un établissement ou d’une circonscription. Les aides humaines d’enfants en situation de handicap y seront une des modalités d’accompagnement des élèves en général, au même titre que la différenciation pédagogique.
La cohérence avec le projet d’établissement notamment sera recherchée. Toute la communauté éducative sera ainsi « au service du processus inclusif », invitée à « identifier les besoins des élèves ». « Le focus de la compensation sera déplacé vers celui de l’organisation pédagogique. »
Dans chaque académie, une dizaine d’établissements (écoles, collèges, lycées) pourront participer à cette expérimentation. Priorité sera donnée à ceux disposant de classes spécialisées et ceux déjà engagés dans la démarche qualité Qualéduc.
Ce projet rejoint une des pistes évoquées par le rapport : celle d’attribuer les aides humaines à des établissements et non à des élèves en particulier.
« Les constats posés par le rapport sont justes. Le système ne peut pas continuer comme cela. Il dresse aussi des pistes intéressantes, qu’il faudra étudier de près et avec vigilance pendant la concertation, que nous attendons avec impatience », commente Bénédicte Kail, conseillère nationale éducation famille pour APF France handicap.
La baisse d’emplois aidés compensée ?
En revanche, les chiffres annoncés par les ministres sont selon elle à manier avec précaution. Mercredi ils ont ainsi annoncé que les élèves en situation de handicap devraient bénéficier à la rentrée de 10 900 accompagnants supplémentaires. Soit un total de 42 900 postes, ce qui représente une hausse d’environ un tiers par rapport à 2017. Selon Jean-Michel Blanquer, cette augmentation d’AESH fera plus que compenser la baisse du nombre d’emplois aidés dans ce secteur – qui passeront de 50 000 à environ 30 000.
« Le rapport dit bien que 82,3% des AESH actuels travaillent entre 0,5 et 0,75 équivalents temps plein. Et seuls 4,8% travaillent à temps plein. Comment 10 900 accompagnants supplémentaires pourront compenser 20 000 emplois aidés de moins ? Nous serons très attentifs à la rentrée », poursuit Bénédicte Kail.
Rendez-vous à partir du 10 septembre pour davantage de détails sur la concertation à venir. Sans oublier un point sur la manière dont elle se sera déroulée alors que la réorganisation de la carte scolaire 2018 entraîne des fermetures de classe et menace l’inclusion d’élèves handicapés.
Le bilan ministériel 2017
Depuis leur arrivée au gouvernement il y a un an, Jean-Michel Blanquer et Sophie Cluzel revendiquent notamment avoir :
créé 8 026 postes d’accompagnants à l’école à la rentrée 2017
entamé une analyse des disparités territoriales
mis en place un calendrier de rencontres entre MDPH et services académiques
fait élaborer par la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) un vademecum de rentrée scolaire pour appuyer les équipes
créé un groupe expert pour étudier la faisabilité de l’accompagnement sur les temps périscolaires.
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1 commentaire
Bonjour,
Il y a manipulation manifeste des chiffres dans les annonces de Blanquer sur la création de 10900 postes d’ Accompagnants supplémentaires pour la rentrée scolaires. la rectification est la suivante: 6400 emplois AESH ETP (emploi temps plein) sont destinés à la transformation de 11200/20 000 postes AVS en CUI-CAE (56 % d’un temps incomplet. 4500 emplois AESH ETP sont véritablement créés. Si, avec ces 4550 emplois AESH ETP, le ministre enisage couvrir le déficit résultant de la suppression de 8800 emplois AVS en CuI-CAe non transformée, cela suppose que les AESH recrutés disposeront de CDD autour de 50 % d’un temps incomplet (soit une rémunération nette autour de 600 euros net et un planning temps de travail hebdomadaire fixé à 20h30).
Il est annoncé dans le cadre d’une concertation nationale la création d’un groupe expert pour étudier la faisabilité de l’accompagnement sur les temps périscolaires. Il serait plus pertinent et plus conforme aux attentes des actuels AESH en poste la création d’un groupe expert destiné à examiner leurs conditions de travail, les améliorations a apporter pour rendre le métier AESH effectivement attractif et non à fuir comme il est constaté sur le terrain.