Marche ou crève : quand le handicap s’immisce dans la fratrie
Inspirée de la vie de la réalisatrice Margaux Bonhomme, Marche ou crève, premier long-métrage, met en scène une famille confrontée au handicap. Une histoire de fratrie qui interroge : comment s’investir dans une relation entre sœurs sans y perdre sa propre identité ? Que faire d’un enfant handicapé qui grandit ? En salles le 5 décembre.
On n’est pas sérieux quand on a 17 ans. Sauf lorsqu’on se retrouve à assumer la responsabilité de sa sœur aînée lourdement handicapée. C’est ce qui arrive à Élisa, l’héroïne de Marche ou crève, alors qu’elle s’apprêtait à prendre son envol et à quitter le foyer familial pour ses études. Épuisée, la mère a quitté le navire, non sans avoir auparavant annoncé sa volonté de placer Manon dans un établissement spécialisé. Le père et la cadette s’y opposent mais tiendront-ils très longtemps ?
Pour son premier long-métrage au titre provocateur et percutant, Margaux Bonhomme s’est inspirée de sa propre enfance aux côtés d’une sœur polyhandicapée. Chronique sur la fin de l’adolescence, ce film évoque l’éclatement du noyau familial en raison du handicap, la culpabilité, la charge des aidants. Et aussi ce conflit de loyauté qui peut surgir face à l’envie de se délester de la charge du handicap d’un de ses proches pour se construire sa propre vie.
Quel avenir pour les enfants en situation de handicap une fois adultes ?
Autant de thèmes peu abordés au cinéma mais dont la portée se révèle universelle. Ce désir naturel et impérieux d’autonomie en tant que jeune adulte guide les pas d’Élisa, retenue par l’amour inconditionnel qu’elle porte à cette grande sœur.
La réussite de ce film, rugueux mais attachant, tient beaucoup à l’excellence du casting. Face à la grâce écorchée vive d’Élisa (Diane Rouxel), le rôle de Manon, la jeune fille handicapée, interprétée par Jeanne Cohendy est bouleversant. Certes, ses cris, ses gestes désordonnés, sa violence, ses égarements font naître une sensation d’oppression. Mais il nous pousse à nous interroger sur ce que nous ferions si nous étions à la place d’Élisa ou de son père.
C’est le mérite de ce film : susciter plus de questions que d’apporter de réponses. Oser montrer aussi la réalité du devenir des enfants en situation de handicap une fois devenus adultes. Quels choix pour les familles ? Pas si simple au final.
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