Sophie : « Je suis la première candidate en situation de handicap du Meilleur Pâtissier. »
Sophie Schalckens, 54 ans, est la première candidate en situation de handicap du concours Le Meilleur Pâtissier 2019 qui démarre ce soir sur M6. Cette ancienne visiteuse médicale, victime d’un accident de la voie publique en 2007, a retrouvé goût à la vie grâce à la pâtisserie.
« Je suis une grande fan du concours Le Meilleur Pâtissier. Cette émission a vraiment eu un effet très positif dans ma vie. Quand le handicap vous tombe dessus, vous devez faire le deuil de votre vie d’avant. Avec le sentiment d’être réduite à un dossier MDPH. Engluée dans ma colère, il me fallait trouver un but. La pâtisserie a été une porte de sortie.
Le Meilleur Pâtissier m’a remise sur les rails
Regarder cette émission m’a donné envie de me mettre à faire des gâteaux de plus en plus élaborés, de plus en plus beaux. Ça m’a remise sur les rails de ma vie. Mes enfants me tannaient pour que je m’inscrive. Cela me semblait impossible. Il n’y avait jamais eu de candidats sur des roulettes.
Un soir, après l’émission, j’ai envoyé un message à Cyril Lignac via les réseaux sociaux. “Je n’ai jamais vu de personnes en situation de handicap dans Le Meilleur Pâtissier. Est-ce rédhibitoire ? ” Trois semaines après, j’ai reçu un coup de fil de la production. Une personne charmante qui m’a posé plein de questions. Au bout de quarante minutes, elle m’a dit que j’avais réussi le casting téléphonique. J’étais très étonnée.
Je ne voulais pas jouer les handicapées de service
Quand la réponse positive est arrivée, mes enfants et mon mari ont commencé à s’inquiéter. Pas moi. Beaucoup de gens se lancent des défis un peu fous dans la vie que je ne relèverais pas. Là, c’est un défi de passion. Juste, je ne voulais pas jouer le rôle de l’handicapée de service.
J’ai d’ailleurs été cash avec la production : “Si vous me prenez parce que je suis handicapée, je ne suis pas d’accord. Je ne suis pas un singe à qui on lance des cacahuètes.” (Rires). Ce à quoi on m’a répondu : “C’est un concours, Le Meilleur Pâtissier! Il va falloir faire vos preuves grâce à vos préparations culinaires.” Ça m’a rassurée.
La production du Meilleur Pâtissier très à l’écoute
La production a vraiment joué le jeu à tous les niveaux. Que ce soit dans l’adaptation du plan travail, de l’accessibilité des studios mais aussi de tous les à -côtés comme le logement et les aides humaines dont j’ai besoin. Je porte un électro-stimulateur médullaire donc pas de plaque à induction.
Tout a été mis en œuvre pour m’ôter de l’esprit le moindre souci lié au handicap afin que je me concentre sur la pâtisserie ! Ils ont devancé la moindre de mes requêtes avec beaucoup de bienveillance. Un fauteuil roulant au milieu des caméras qui nous filment en permanence sous la tente, c’était parfois rock’n’roll !
C’est le regard que l’on jette sur moi qui me rend différente
Je ne souhaite pas être considérée comme une candidate différente. Car en fait nous sommes tous des êtres différents à notre manière. Chacun des quatorze candidats a sa propre singularité. C’est le regard que l’on jette sur moi qui me rend différente, pas le fauteuil roulant.
J’espère que cela se verra dans l’émission, mais nous sommes un groupe assez soudé. Les autres candidats ignoraient qu’il y avait une candidate en fauteuil roulant cette année. Ils l’ont découvert le premier jour. Je ne me sens pas particulièrement courageuse d’avoir participé à ce concours. Juste heureuse de l’avoir fait.
Si je veux faire passer un message, il dépasse largement le cercle des personnes en situation de handicap. Nous nous mettons tous des freins, handicapés comme valides. J’aimerais que tous ceux et toutes celles qui se disent encore : “Ce genre de concours, ce n’est pas pour moi” changent d’avis après cette saison du Meilleur Pâtissier. »
Le Meilleur Pâtissier est diffusé tous les mercredis à 21h05 sur M6. Disponible aussi en replay.
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