Les aidants mettent des mots sur leurs maux
Journée nationale des aidants le 6 octobre. Le plaidoyer qu”APF France handicap rend public ce jour repose sur la parole de celles et ceux ayant répondu à son enquête en ligne. Les mots forts, rendent compte de leur dévouement, naturel, mais aussi de leur souffrance.
« C’est naturel de s’occuper d’un proche qui a besoin d’être aidé. Mais c’est aussi un boulet, un chemin de croix, un sacerdoce. Surtout quand on prend de l’âge et que le corps ne suit pas. Et pourtant, je n’envisage pas de ne pas le faire. » De nombreux témoignages, puissants, ponctuent le plaidoyer qu’APF France handicap vient de rendre public avant la journée nationale des aidants, dimanche 6 octobre.
L’association les a recueillis lors de son enquête en ligne, en avril 2019. Près de 1 300 personnes y ont répondu. Essentiellement des aidant.e.s de personnes en situation de handicap, engagé.e.s dans un accompagnement à vie.
Une réalité complexe
Leurs mots permettent de mieux comprendre la réalité complexe vécue au quotidien. Oui, ils acceptent ce qu’ils considèrent comme leur devoir. Mais en regrettent les lourdes conséquences. Sur leur vie professionnelle : trois sur quatre sont en âge de travailler mais moins d’1 sur 3 a un emploi à temps plein. « J’aurais souhaité maintenir mon activité professionnelle, mais c’est trop difficile d’aller travailler après des nuits blanches à répétition… Burn-out l’année dernière. »
Les corps s’épuisent, le mental aussi
De plus, près de 80 % des aidants paient de leur santé leur investissement auprès de leur proche. Leur corps s’épuise. Leur mental aussi. Et leur vie sociale se réduit comme peau de chagrin. Que ce soit à cause du manque de disponibilité, de la fatigue, de la difficulté à organiser une sortie avec une personne en fauteuil roulant ou de celle à encaisser le regard des autres. « J’adore mon enfant mais son état est une entrave permanente à nos libertés de déplacement, de rencontres sociales, de besoin de repos et de disponibilité intellectuelle. »
Invisibles jeunes aidants
Dans son plaidoyer, APF France handicap met en outre en lumière une situation souvent méconnue : celle des quelque 500 000 jeunes aidants. « On ne choisit pas d’être aidant.e, on le devient. Naturellement par amour et par obligation. Mais lorsque cela nous arrive à cinq ans parce que notre petit frère devient handicapé, on n’est pas préparé. Et, enfant, ce n’est pas facile de trouver une oreille attentive, qui peut comprendre ce que l’on vit. »
Le sentiment d’être abandonné.e
Jeunes ou moins jeunes, les aidant.e.s sont unanimes à regretter que leurs problématiques ne soient pas bien prises en compte. Et qu’ils et elles ne soient pas suffisamment soutenu.e.s par l’État. Plus de six sur dix ne sont d’ailleurs pas dédommagé.e.s pour l’aide apportée. (*).
« La posture d’aidant est encouragée au nom de l’économie en jouant sur la responsabilité et le rôle de protection des familles. Ce rôle doit être à durée déterminée. Il faut des relais durables, sinon c’est une forme d’esclavage déguisé et qui appuie sur la culpabilité. »
(*) Le gouvernement a annoncé, en septembre, que le congé de proche aidant, d’une durée maximum d’un an sur l’ensemble d’une carrière professionnelle, sera indemnisé de 40 à 50 € par jour.
Les revendications d’APF France handicap
En se basant sur les paroles recueillies, APF France handicap liste une vingtaine de revendications :
– développer les solutions de répit ;
– assurer un bilan de santé annuel pris en charge à 100 % ;
– proposer une aide au retour à l’emploi ;
– défiscaliser le dédommagement de l’aidant.e…
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4 commentaires
Voilà 4 ans que je me trouve placé en situation d’aidant (24/24, 7/7/ et 365/365) pour ne pas vouloir accepter -pour l’instant- d’envoyer ce membre de ma famille dans l’un des 2 seuls établissements de sa région susceptibles de pouvoir l’accueillir, établissements (1 privé et 1 public) que même les salariés (-ex et actuels) qualifient de “pourrissoir” (sic).
4 ans d’efforts et d’interrogations avec tous les types d’acteurs de la santé m’ont permis de mesurer à quel point le thème, complaisamment ressassé par les média dans leur quasi-totalité des avantages décisifs du “maintien au domicile” relève du mythe.
La réalité est l’impuissance, l’indifférence, l’abandon, la lâcheté, la pompe-à-fric et quelques vagues traces d’humanité qui ne peuvent sauver un système condamné en silence depuis 20 ans au moins.
Mon mari a 64 ans ça fait 25 ans qu’il est mon aidant.
Il na pas arrêté de travailler il s’occupait des enfants de 5. 7 et 9 ans et moi en plus.
Maintenant il est à la retraite depuis 4 ans il n’a jamais été reconnu comme aidant car c’est mon mari
Est-ce normal ?
Moi je dis NON!
On ne peut pas aller où on veut faute à mon handicap et à mon fauteuil
Qu’en sera-t-il avec la nouvelle loi ?
Aurait-il droit à cette aide financière ?
La PCH versée au conjoint qui est l’aidant familial doit être déclaré au titre de l’impôt sur le revenu dans la catégorie des bénéfices non commerciaux (sic).
Bilan, notre couple paie l’équivalent de 2 mois de PCH au titre de la CSG, RDS, …
L’Etat donne, via les départements, d’un côté et reprend de l’autre.
Aujourd’hui, où l’on parle de la reconnaissance du travail des aidants familiaux, l’Etat devrait commencer par ne pas leur faire les poches.
Chaque expression de la douleur est un signe qu’il faut a tout prix ecouter. Je me souviens avec tristesse de mon enfance passee a souffrir de severes crises d’angoisse qui m’ont derangee dans ma scolarite autant que dans mon developpement et ma sante. Mes parents, se sentant impuissants, m’ont fait voir toute une batterie de pediatres et de medecins. Aucun n’a vraiment “entendu”. On m’a meme mise sous placebo, pour bien prouver que je “jouais la comedie” avec mes maux de ventre intempestifs. Au dela de la colere que j’eprouve aujourd’hui face a cette gestion desastreuse de mon mal-etre par le corps medical, je me rends compte que j’etais alors incapable de mettre des mots sur la souffrance mentale que j’experimentais. Le corps a vite fait de trouver d’autres solutions pour exprimer la douleur. Le mien me faisait mal et m’empechait de m’alimenter correctement.