Sophie Cluzel : « Protéger, c’est bien mais il faut garder le lien » durant le confinement
Pendant ce deuxième confinement, le gouvernement veut garantir « la continuité de l’accueil et des soins pour les personnes handicapées ». La secrétaire d’État en charge du handicap l’a rappelé, lors d’un point presse ce 6 novembre. Mais ses consignes ne sont pas toujours respectées.
Nathalie (*) va devoir passer un second week-end sans sa fille. « Depuis l’instauration du confinement, le foyer pour adultes handicapés où elle vit refuse qu’elle revienne à la maison le vendredi soir, explique cette mère de famille. On m’a dit que, si je récupérais ma fille, elle ne pourrait pas retourner dans l’établissement avant la fin du confinement ! »
Un protocole sanitaire actualisé
Cette décision est pourtant contraire aux consignes gouvernementales, communiquées le 30 octobre. Et au protocole sanitaire applicable aux structures médico-sociales pour enfants et adultes handicapés, actualisé le 5 novembre. Sophie Cluzel l’a rappelé dans le point presse qu’elle a tenu ce vendredi 6 novembre (en accès libre sur ce site).
Le droit de rentrer à la maison, le week-end
« Les personnes hébergées en structure ont la possibilité de rentrer chez elles le week-end, a souligné la secrétaire d’État chargé des personnes handicapées, si aucun cas de Covid-19 avéré n’est présent dans l’établissement ou la famille. »
Et le droit de visite aux résidents est maintenu, a ajouté Sophie Cluzel. « Protéger, c’est bien. Mais il faut garder le lien, c’est indispensable. Je le redis haut et fort. C’est ainsi que cela doit être. »
Un premier confinement ravageur
Les pouvoirs publics ont tiré les leçons du premier confinement. Celui-ci avait été très dur à vivre pour les personnes en situation de handicap et leurs proches. Car la plupart des établissements pour enfants avaient fermé leurs portes. Et ceux pour adultes ne permettaient plus à leurs résidents de sortir. Les soins avaient cessé… Cette fois, rien ne s’arrête, comme Faire-face.fr l’avait expliqué dans un précédent article.
« Fonctionner le plus normalement possible. »
« Les différents services d’aide à domicile continuent, a détaillé Sophie Cluzel. Tous les professionnels du soin et du service à la personne doivent pouvoir continuer à fonctionner le plus normalement possible. » Les MDPH aussi. Comme les Ésat, les structures de répit, etc.
Et les accompagnements des Sessad et des professionnels libéraux au sein des établissements scolaires « sont maintenus ». « Dans certaines écoles, pourtant, ces consignes ne sont pas respectées », regrette Sonia Ahéhéhinnou, administratrice de l’Unapei.
Alerter l’ARS en cas de problème
Que doivent-faire les familles confrontées à de telles interprétations erronées des consignes gouvernementales et des protocoles sanitaires ? Interpellée par Faire-face.fr, Sophie Cluzel explique la marche à suivre.
Elles doivent d’abord « s’adresser au chef d’établissement. Et s’il y a un problème, à l’autorité compétente ». L’Agence régionale de santé pour les établissements et services médico-sociaux. Et la direction des services départementaux de l’Éducation nationale, pour les établissements scolaires. « C’est ainsi que cela doit être. »
(*) Le prénom a été changé.
319 décès dans les établissements depuis mars
Le Covid-19 n’épargne pas les établissements. Selon Sophie Cluzel, la Drees a recensé 3 789 nouveaux cas dans les sept derniers jours. Soit 1,55 % des 250 000 résidents, adultes et enfants.
Et les décès sont repartis à la hausse. 13 personnes sont mortes du Covid-19 la dernière semaine d’octobre, d’après le décompte de Santé publique France, contre une seule un mois plus tôt, entre le 27 septembre et le 4 octobre.
Au total, depuis début mars, le nombre de morts s’élève à 319. Les résidents sont davantage victimes du Covid-19 que la population française prise dans son ensemble, avait montré Faire-face.fr dans un précédent article.
Vos avantages :
- Magazine téléchargeable en ligne tous les 2 mois (format PDF)
- Accès à tous les articles du site internet
- Guides pratiques à télécharger
- 2 ans d’archives consultables en ligne