Dorine Bourneton : « Je me suis toujours battue pour qu’on ne me réduise pas à mon handicap. »
Paraplégique depuis l’âge de 16 ans après un accident d’avion, Dorine Bourneton est connue pour être la première femme handicapée au monde pilote de voltige aérienne. Une fiction librement adaptée de son livre Au-dessus des nuages, paru en 2015, sera diffusée lundi 9 novembre sur TF1 à 21h05. Toujours débordante de projets, elle se réjouit que son parcours de vie, porté à l’écran, puisse inspirer d’autres personnes en situation de handicap.
Faire-Face.fr : Comment est née l’idée d’adapter en téléfilm votre livre autobiographique Au-dessus des nuages sorti en 2015 ?
Dorine Bourneton : C’est ma maison d’édition Robert Laffont qui m’a mise en contact avec la productrice, Françoise Bertheau-Guillet. Nous avons beaucoup échangé autour de mon histoire et du handicap. J’étais très heureuse, mais aussi très soucieuse des messages que l’on pouvait faire passer à travers un tel projet.
F-F.fr : Il s’agit au final d’une libre adaptation de votre histoire. Que pensez-vous de certains partis pris, notamment le fait d’évoquer votre combat pour être reconnue comme une maman à part entière ?
D.B : C’est un défi de raconter trente ans de vie en 90 minutes. Les scénaristes ont dû forcément faire des choix. L’objectif est que les téléspectateurs puissent mieux me connaître. Mais aussi qu’ils saisissent ce qu’est la réalité d’une femme en situation de handicap qui veut aller au bout de sa passion et assumer pleinement son rôle de mère.
Cela n’a pas toujours été facile. J’ai entendu des paroles très blessantes. On m’a même dit que j’étais une bonne à rien. Il a fallu tenir bon. Aujourd’hui, ma fille a 14 ans et elle n’a plus peur de me voir voler.
Alice Taglioni a su incarner ce mélange de tempérament bien trempé et d’hypersensibilité
F-F.fr : La comédienne Alice Taglioni incarne votre rôle. Vous êtes-vous reconnue dans certaines scènes ?
D.B : Elle a su saisir ce mélange de tempérament bien trempé et d’hypersensibilité, voire de timidité parfois. Margaux Chatelier qui joue mon rôle à 16 ans, l’âge où mon accident a eu lieu, est également bouleversante. C’est à la fois émouvant et troublant de les voir rejouer certaines scènes de ma vie.
À la fin du tournage, Alice Taglioni m’a offert le blouson qu’elle porte dans le film. C’est un cadeau qui me touche beaucoup. Je le porte quand je me rends sur la base aérienne des Mureaux.
F-F.fr : Il y a une scène très forte où Alice/Dorine bascule à la renverse dans son fauteuil roulant. Au sol, anéantie, elle refuse pourtant l’aide qu’on lui propose et crie sa rage. Que dit cette scène de votre personnalité ?
D.B : Cette scène raconte beaucoup de choses. J’ai été très émue lors du tournage car je l’ai vraiment vécue. Dans des circonstances différentes de celles évoquées dans le film, mais le souvenir reste très vivace. À terre, en position de vulnérabilité extrême, je crie pourtant que je n’ai besoin de personne. Je me suis toujours battue pour qu’on ne me réduise pas à mon handicap.
Une association pour favoriser l’inclusion à travers la pratique de la voltige aérienne
F-F.fr : Le film raconte aussi la profonde amitié qui vous lie à Guillaume Féral, lui aussi pilote paraplégique.
D.B : Ce film est aussi l’occasion de remercier ceux qui m’ont accompagnée pour faire avancer la réglementation et permettre aux paraplégiques de devenir pilotes professionnels. Avec Guillaume, j’ai créé l’association Envie d’envol en 2019.
C’est une école de pilotage ouverte aux personnes handicapées qui vise à favoriser l’inclusion et le dépassement de soi à travers la pratique de la voltige aérienne. J’espère que ce film inspirera beaucoup de personnes. J’ai envie de dire : “Vos projets doivent ressembler à vos rêves Et vos rêves à ce que vous êtes.“
F-F.fr : Vous avez aussi été élue conseillère municipale de Boulogne-Billancourt aux dernières élections municipales. Pourquoi cet engagement ?
D.B : Je vis à Boulogne depuis 2013. Tout au long de ma vie, j’ai croisé beaucoup de personnes qui m’ont beaucoup donné. Je n’en serais pas là aujourd’hui sans leur aide. J’ai envie à mon tour de rendre ce qu’on m’a donné en m’impliquant en tant que citoyenne.
Retrouvez la chronique du téléfilm Au-dessus des nuages lundi 9 novembre sur Faire-faire.fr
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1 commentaire
superbe perso j’ai le vertige