Handicap : la vaccination devrait enfin décoller dans les Fam et les Mas
La campagne de vaccination dans les Maisons d’accueil spécialisées et les Foyers d’accueil médicalisé, lancée il y a trois semaines, a été freinée par le manque de doses disponibles. L’arrivée du vaccin AstraZeneca devrait permettre de vacciner plus rapidement leurs 53 000 résidents handicapés.
Second départ pour les Foyers d’accueil médicalisé (Fam) et les Maisons d’accueil spécialisées (Mas). Depuis samedi 6 février, leurs résidents peuvent bénéficier du vaccin AstraZeneca. Certes, la campagne de vaccination dans ces 900 Fam et 650 Mas a officiellement démarré le 18 janvier. Mais trois semaines plus tard, seule une petite minorité de leurs quelque 53 000 résidents avait pu bénéficier de vaccins.
« Pas de remontées chiffrées détaillées. »
« Nous n’avons pas de remontées chiffrées détaillées, explique Pierre-Yves Lenen, directeur du développement et de l’offre de services d’APF France handicap. Mais il n’y a pas eu de mouvement de fond. Et c’est très variable d’un territoire à l’autre. » Dans les Pays de la Loire, l’Agence régionale de santé (ARS) avait enregistré les prises de rendez-vous pour tous les établissements. Dans le Grand Est, l’opération n’avait pas démarré.
Des ARS assurent ne pas avoir de consignes
Même constat à l’Unapei. « En Normandie, des établissements y ont eu droit. Mais dans de nombreuses autres régions, rien, résume Christian Biotteau, administrateur. Certaines ARS, sollicitées par nos associations, répondaient qu’elles n’avaient pas de consignes concernant les Fam et les Mas. »
Un frein à la campagne de vaccination
Le ralentissement du rythme de livraison des vaccins Pfizer et Moderna – les deux seuls autorisés jusque début février – a freiné la campagne de vaccination dans ces établissements.
Comme elle a aussi perturbé les centres de vaccination devant accueillir les plus de 75 ans et les patients atteints de certaines pathologies les exposant à une forme sévère de Covid-19.
Pas recommandé aux plus de 65 ans
L’arrivée en France, le 6 février, des premières doses du vaccin AstraZeneca, le 3e à être autorisé, devrait permettre d’accélérer le mouvement, dans les Mas et les Fam. Surtout que ses conditions de conservation facilitent la logistique.
De plus, faute d’essais cliniques prouvant l’efficacité sur les plus de 65 ans, la Haute autorité de santé a recommandé de ne pas l’administrer à cette population, la cible prioritaire de la campagne. Ce qui libère donc des places pour d’autres publics.
« Nos établissements sont prêts. »
« Sophie Cluzel s’est pleinement mobilisée afin que les premières livraisons de doses soient priorisées pour l’ensemble des Mas et des Fam », insiste son cabinet.
« Dès vendredi 5 février, certaines ARS nous ont sollicité, témoigne Pierre-Yves Leven. Les autres suivent. Nos établissements sont prêts à recevoir les vaccins. » Et les résidents, sauf exceptions, à se faire vacciner. « Très peu ont refusé de donner leur consentement », confirme Christian Biotteau.
Des rendez-vous pour les plus de 65 ans
Restera à traiter le cas des résidents âgés de plus de 65 ans, non-éligibles à l’AstraZeneca (moins de 10 % des effectifs). Pour eux, ce sera forcément Pfizer ou Moderna. Et donc, vraisemblablement, un rendez-vous au centre de vaccination le plus proche… en espérant qu’il soit accessible.
Des risques plus élevés pour les personnes trisomiques
Quelles sont les « maladies chroniques » exposant le plus à un risque d’hospitalisation et de décès à l’hôpital ? La trisomie 21, révèle l’étude Epi-Phare réalisée en France, sur la période 15 février – 15 juin 2020. Pour l’hospitalisation, il était alors 7 fois plus élevé chez les personnes avec trisomie 21 qu’en population générale. Et pour le décès, il était 23 fois plus élevé. Suivaient, en deuxième position, le retard mental (3,8 et 7,3) et en cinquième la mucovicidose (3,7 et 6).
Les personnes trisomiques ont droit, en priorité, au vaccin, depuis le 18 janvier. Mais ce témoignage, posté ce 10 février sur faire-face.fr, montre que ce n’est pas forcément facile d’en bénéficier. « Impossible d’obtenir un rendez-vous dans tous les départements voisins : 84, 13, 30, 05, 06, 04, 83, 26, 07 », note CRBS.
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2 commentaires
J’étais très motivée pour faire vacciner ma fille polyhandicapée âgée de 23 ans dans sa MAS( accueil de jour) mais suis un peu refroidie par l’annonce des 149 soignants qui ont eu des symptômes grippaux de fortes intensités ainsi que la diminution de l’efficacité du vaccin AstraZeneca contre les variants et notamment celui de l’Afrique du Sud qui tomberait à en gros 30% d’efficacité. C’est mieux que rien me direz vous, mais il ne permettra pas d’être plus serein et d’espérer remettre le nez un peu plus dehors ou de revoir les membres de notre famille pas revus depuis plus d’un an…
Je ne suis donc plus aussi motivée, en tout cas j’ai des doutes …
Je suis tout à fait d’accord avec les propos de Céline. Est-ce que tous les usagers de MAS et de FAM, notamment les plus fragiles vont pouvoir supporter potentiellement une fièvre à 39° avec de forts autres symptômes grippaux ? APF France Handicap et France Assos Santé doivent demander, à mon avis, aux autorités de santé de ce pays beaucoup plus d’infos sur ce qui s’est passé avec les soignants dans beaucoup d’endroits. Les usagers et les familles doivent être informés, avant leur décision, des risques de forts symptômes grippaux. Ne jouons pas avec la santé des résidents après leur avoir fait faire beaucoup d’efforts pendant des mois !!!
Enfin, à lire les conclusions suivantes, sur le site VIDAL, la référence pour les médecins, beaucoup d’attendus positifs sont incertains ou/et d’efficacités moyennes avec peu de données sur les plus de 55 ans (et pas 65 ans comme l’HAS voudrait nous le faire croire).
Commentaires sur le VIDAL : “le vaccin AstraZeneca semble un peu moins efficace avec, en moyenne, 70,4 % de protection contre les formes symptomatiques de COVID-19, avec une forte disparité entre les personnes ayant reçu une demi-dose, puis une dose complète (90 % de protection) et ceux ayant reçu deux doses complètes (62,1 %). Aucune conclusion ne peut être tirée sur l’efficacité de ChAdOx1-nCoV19 chez les personnes âgées de plus de 55 ans ou souffrant de maladies aggravant le risque de COVID-19 sévère (quasi absentes des essais analysés), ni envers la prévention des formes graves ou asymptomatiques, ni sur la durée de l’immunité conférée.
Le profil de toxicité de ChAdOx1-nCoV19 semble bon, avec peu d’effets indésirables sévères liés au vaccin.”