“On peut avoir une belle vie avec des troubles bipolaires”
Phases dépressives et maniaques, épuisement et énergie incroyable, traitement et retour à l’équilibre. À la veille de la journée mondiale des troubles bipolaires, Frédéric Grobost, entrepreneur, livre son témoignage sur cette maladie psychique qui toucherait au moins un Français sur cent. Un handicap parfois invisible mais souvent source de nombreux préjugés.
Faire-face.fr : Comment avez-vous eu un diagnostic de troubles bipolaires ?
Frédéric Grobost : À l’âge de 31 ans, j’ai fait un lourd épisode dépressif. J’avais crée une biscuiterie et je traversais beaucoup de stress. Mon médecin de famille m’a prescrit un antidépresseur classique. Je suis sorti de la dépression, mais cela a déclenché à mon insu ce qu’on appelle un virage maniaque iatrogène [déclenché par les médicaments, NDLR].
Je ne m’en suis pas rendu compte aussitôt. C’est ce même médecin qui me voyant volubile, différent, m’en a parlé et m’a conseillé de consulter un professeur en psychiatrie. Celui-ci m’a parlé aussitôt de troubles bipolaires et du traitement thymorégulateur. Il m’a expliqué ce qui m’arrivait avec beaucoup de pédagogie et de bienveillance. Cela m’a permis d’adhérer au protocole thérapeutique et d’accéder progressivement à une certaine stabilité.
« En période de manie, on a mille idées à la minute, mais le risque d’épuisement est énorme. »
F-f.fr : Quels étaient les signes de ces troubles bipolaires ?
F.G : Le trouble s’est caractérisé par la dépression. Il a ensuite été révélé et identifié uniquement par le fait d’avoir fait un virage maniaque sous antidépresseurs. Un épisode maniaque permet de diagnostiquer le trouble bipolaire. En période de manie, on ressent une énergie incroyable, une surexcitation. Le cerveau tourne à plein régime. On a mille idées à la minute, on parle beaucoup et très vite… Mais le risque d’épuisement est énorme. Et plus on monte haut, plus on peut retomber bas.
Un traitement adapté permet de retrouver une vie équilibrée, mais cela prend du temps. La molécule ne fait pas tout. Il faut mettre en place une nouvelle hygiène de vie pour aller mieux. La qualité du sommeil est la pierre angulaire du rétablissement. Tout dérèglement est un signe d’alerte, il faut alors immédiatement rectifier le tir.
« La stigmatisation est aussi dure que la pathologie. »
F-f.fr : Aujourd’hui, comment vivez-vous avec cette maladie ?
F.G : J’ai accepté le diagnostic. Pour certains proches, il s’agissait d’une maladie abjecte : « Je le faisais exprès », il suffisait de « me secouer ». Mais ils ne comprenaient pas que c’était impossible ! La stigmatisation est aussi dure que la pathologie.
J’ai trouvé un équilibre. Je bénéficie d’un suivi régulier, je participe à des groupes de parole. Je fais beaucoup d’activité physique : marche, vélo. J’ai aussi pu rencontrer des personnes souffrant de troubles émotionnels grâce à l’association Argos 2001. Maintenant l’important est d’essayer d’aider les autres ainsi que leurs proches et de lutter contre les préjugés liés aux troubles psy.
J’ai aussi trouvé un équilibre affectif, en un mot : je suis heureux. On peut malgré tout avoir une belle vie, qui a du sens, avec des troubles bipolaires. Si une personne a du diabète parce que son pancréas ne secrète pas assez d’insuline, on ne la stigmatise pas. Cela devrait être pareil pour les troubles bipolaires car ceux-ci résultent d’un dysfonctionnement biochimique du cerveau qui peut bénéficier d’un traitement adapté !
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1 commentaire
Bonjour Un témoignage intéressant .Mon vieux psychiatre ne m’a jamais prescrit que des antidépresseurs. Lors de mon divorce très dificile j’ai fais bcq de conneries vu que je n’avais pas le bon traitement stabilisateurs d’humeur .