#HandicapInceste, pour libérer la parole des victimes handicapées
L’association Femmes pour le dire, femmes pour agir vient d’appeler les victimes d’inceste en situation de handicap à témoigner. Sur les réseaux sociaux, via le hashtag #HandicapInceste. Et souhaite aussi contribuer à une meilleure connaissance de cet « angle mort des violences sexuelles ».
#MetooInceste. Depuis la parution, début janvier, du livre de Camille Kouchner, La familia grande, les victimes d’inceste commencent à se livrer. Timidement. Tardivement. Douloureusement. Mais elles parlent. Reste que des voix peinent encore à se faire entendre : celle des enfants et des femmes en situation de handicap.
Au moins autant victimes que les autres
Tout porte pourtant à croire qu’elles en sont au moins autant victimes. Sinon plus. Des études montrent en effet qu’elles sont davantage concernées par les violences sexuelles, de manière générale.
Et que les situations de handicap précoce « favorisent la soumission à la domination, qui favorise elle-même l’inceste », souligne le docteur Olivier Manceron, administrateur de Femmes pour le dire, femmes pour agir (FDFA).
Manque de données et de connaissances
6 % des femmes appelant la plateforme téléphonique Écoute violences femmes handicapées de FDFA rapportent ainsi avoir subi des faits incestueux. « Mais le sujet reste très peu documenté, souligne Danielle Michel-Chich, sa co-présidente. C’est un angle mort des violences sexuelles. »
Son association vient donc de lancer, lundi 29 mars, un appel à témoignages, via les réseaux sociaux, avec le hastag #HandicapInceste. Objectif : favoriser la libération de la parole des femmes – et des hommes – en situation de handicap.
Peur de l’impact sur la famille
Dénoncer l’inceste « a souvent des conséquences familiales extrêmement importantes », rappelle Jocelyne Vaysse, psychiatre hospitalier honoraire intervenant comme écoutante pour FDFA. Cela peut constituer un frein important pour les victimes en situation de handicap qui dépendent de leurs proches, poursuit-elle. Surtout qu’elles ont généralement un réseau social restreint, comme l’a montré une récente étude de la Drees.
Le handicap, conséquence de l’inceste
En lançant cet appel, FDFA veut aussi contribuer à une meilleure connaissance du sujet. Que le handicap pré-existait à l’inceste ou que ce dernier en ait été la cause.
« Subir un climat incestueux favorise le développement de maladies psychiatriques, souligne Jocelyne Vaysse. Les victimes peuvent aussi souffrir de conséquences somatiques » avec des symptômes physiques.
Un entretien avec les volontaires
Une étudiante en sociologie proposera un entretien aux volontaires ayant témoigné. Et elle préparera une communication qui devrait être présentée le 25 novembre, journée internationale contre les violences faites aux femmes.
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