Mille ambassadeurs pour convaincre les commerçants de devenir accessibles

Publié le 26 mai 2021 par Franck Seuret
Le dispositif des ambassadeurs de l'accessibilité a été testé dans quelques villes en 2020 : communautés d’agglomération de Vannes, Clichy-la-Garenne, Chartres...

Le Gouvernement va financer à 80 % le recrutement par les collectivités de 1 000 jeunes en service civique d’ici fin 2022. La mission de ces ambassadeurs : prêcher la bonne parole de l’accessibilité auprès des propriétaires de petits commerces.

Leur nom est un peu ronflant mais leur tâche s’avère très concrète. Les ambassadeurs de l’accessibilité se rendront chez les commerçants, artisans ou professionnels libéraux pour les sensibiliser aux enjeux de l’inclusion, les conseiller sur les travaux à mettre en œuvre et les orienter vers les dispositifs de financement locaux.

Mille ambassadeurs pour 6 à 12 mois

Sophie Cluzel, la secrétaire d’État chargée des personnes handicapées, a annoncé, mardi 25 mai, le déploiement de 1 000 ambassadeurs fin 2022. Soit 500 binômes composés, à chaque fois, de deux jeunes âgés de 16 à 25 ans, voire 30 ans s’ils sont en situation de handicap.

Les communes les engageront en service civique pour une durée de six à douze mois. Elles leur verseront une indemnité de 590 € net/mois, financée à 80 % par l’État. L’opération coûtera dix millions d’euros, formation et autres charges comprises, selon Sophie Cluzel.

Prés de la moitié des établissements ne fournissent aucun effort d’accessibilité

L’engagement est assez faible rapporté au retard français. Sur les deux millions d’établissements recevant du public (ERP), entre 750 000 et 900 000 « ne sont, pour l’instant, engagés dans aucune démarche de mise en accessibilité », a reconnu la secrétaire d’État. Il s’agit, à 90 %, des ERP de cinquième catégorie, petits commerces et services.

Et encore, ces chiffres ne reflètent que très imparfaitement la réalité. Un testing mené en 2018 par APF France handicap montrait que sur 442 établissements s’étant déclarés accessibles, seuls 14 % d’entre eux ne présentent aucune non-conformité majeure à la réglementation.

Toute l’accessibilité sur acceslibre.info

Sophie Cluzel a d’ailleurs annoncé la mise en ligne d’un site officiel sur l’accessibilité des lieux ouverts au public. Sur acceslibre.info, les propriétaires pourront renseigner les caractéristiques de leur boutique, restaurant… Avec l’aide des ambassadeurs, si nécessaire.

Plus largement, tout citoyen pourra rendre compte de ses observations sur tel ou tel établissement. En enrichissant une fiche existante, en la corrigeant au besoin ou bien encore en la créant.

Nécessaire collaboration avec les commissions communales

« Cela faisait plusieurs années que l’on attendait » la mise en place de ces ambassadeurs, a commenté Patrice Tripoteau. Mais le directeur général adjoint d’APF France handicap réclame qu’ils travaillent étroitement avec les commissions communales d’accessibilité, au sein desquelles siègent des représentants d’associations d’usagers.

Absence de politique financière incitative

Pour APF France handicap, les lacunes dans la mise aux normes ne s’expliquent pas seulement par un déficit d’information. L’association réclame ainsi de longue date une politique incitative fiscale et financière. Aujourd’hui, seules certaines collectivités locales ont mis en place des aides financières.

Le plan de relance de 100 milliards d’euros, présenté en septembre 2020, financera uniquement des travaux de mise aux normes dans les bâtiments publics. Dans les gares, notamment, à hauteur de 120 millions d’euros. Indispensable mais insuffisant.

Comment 2 commentaires

Et la loi de 2005 qui leur fait obligation depuis 2015 de rendre accessible leur ERP, ainsi que celle leur accordant un nouveau délai, on s’assoie dessus.
Ce sont des délinquants, au lieu de les sensibiliser, l’Etat doit faire appliquer la loi et mettre en place des amendes sous astreintes financières jusqu’à respect de la loi.
26 ans que la loi existe et ce gouvernement n’a que la câlinothérapie, c’est méprisant pour les handicapés.

tout à fait d’accord avec Alex17. Après la loi de 2005, et celle de 2017, les commerces et services qui ne sont toujours pas accessibles (sauf dérogation exceptionnelle prévue par la loi) sont, au sens des hors-la-loi. Il ne faut pas leur envoyer des petits jeunes pour les « convaincre ». Il faut leur appliquer les amendes importantes prévues par la loi. J’habite Saumur. Dans les rues principales commerçantes, 50 % des commerces sont inaccessibles !
J’ai vu par hasard qu’il était possible d’écrire à Brigitte Macron de façon très simple, et que les courriers, le cas échéant, était transmis au ministère concerné. Je l’ai fait, et c’est effectivement très simple. Et que se passerait-il si 10 000 personnes en faisaient autant au même moment ? Chiche ?

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