Marie-Amélie Le Fur : « Les Jeux de Tokyo offrent un vrai tremplin vers Paris 2024 »
Marie-Amélie Le Fur, 33 ans, a mis un terme à sa carrière lors des jeux Paralympiques de Tokyo, en décrochant une médaille d’argent en saut en longueur. Également présidente du Comité paralympique et sportif français (CPSF), son regard va désormais se tourner vers la préparation des Jeux de Paris 2024.
Faire-face.fr : Comment avez vous vécu votre dernière olympiade ? Vous avez bouclé votre carrière sur une médaille d’argent en saut en longueur. Une belle sortie pour une athlète…
Marie-Amélie Le Fur : Oui, c’est une belle manière de clôturer ma carrière sportive. Mais je ne vous cacherai pas que je visais la médaille d’or. Pour y parvenir, il fallait battre le record du monde. Et ce n’est pas passé très loin… (NDLR : elle a réalisé un saut à 6,11 mètres, juste derrière la Néerlandaise Fleur Jong qui bat le record du monde lors de l’épreuve avec 6,16 mètres). Tant pis. Ça restera un moment de bonheur, de toute façon.
« Le mouvement paralympique est en train d’exploser »
Autre point positif, ce concours prouve aussi que la concurrence et le niveau augmentent. C’est d’ailleurs vrai dans toutes les disciplines. Il n’y a qu’à voir le nombre de records du monde battus pendant les Jeux… Le mouvement paralympique est en train d’exploser.
Ces jeux de Tokyo nous ont aussi offert un choc des générations. Avec des oppositions riches en émotions, y compris pour le spectateur derrière son écran. Le report de la compétition de 2020 à 2021 a, en effet, donné plus de temps à de jeunes athlètes pour émerger et venir affronter les “anciens” comme moi.
F-f.fr : Les Jeux de Tokyo sont souvent présentés comme l’occasion, entre autres, de faire découvrir au grand public les athlètes… Afin de donner envie de venir les encourager en France en 2024.
M-A.L.F : C’est l’un des enjeux. Pour rappel, Paris 2024 a pour objectif final de léguer un héritage fort au mouvement paralympique. Notamment d’apporter une meilleure connaissance du handisport et des possibilités de pratiquer au grand public.
Dans cette optique, les Jeux de Tokyo offrent un vrai tremplin vers Paris 2024. En particulier, d’un point de vue médiatique. Grâce aux performances et aux médailles, on parle du mouvement paralympique, on dresse le portrait d’athlètes et de leur parcours, les téléspectateurs découvrent les sports…
Et tout cela donnera effectivement envie de se rendre aux Jeux de Paris. Tokyo constitue aussi un tremplin pour le sport de haut niveau. Grâce à leurs résultats, les sportifs auront plus de facilités à trouver un club de proximité, pour aller chercher des partenaires et des sponsors, obtenir un emploi adapté à leur vie d’athlète, etc.
« On ressent un vrai partage »
F-f.fr : Avant même la fin des jeux Paralympiques, la France a déjà dépassé son objectif de 35 médailles. Ça promet ?
M-A.L.F : Oui. Ces résultats sont très bons. Ça confirme ou affirme que beaucoup d’athlètes seront présents à Paris. L’état d’esprit affiché me plaît également. Même dans les sports individuels, j’ai vu des athlètes qui pensent au collectif. Quand le jeune nageur Ugo Didier remporte sa médaille d’argent, par exemple, il exprime sa joie pour toute l’équipe de la natation française. On ressent un vrai partage.
Dépasser l’objectif démontre aussi l’évolution positive du système mis en place ces dernières années, pour aider davantage les athlètes à aller chercher des médailles. Avec notamment des engagements financiers en hausse du côté du mouvement paralympique.
Cela montre enfin la professionnalisation des athlètes handisport, par eux-mêmes. Même si beaucoup reste encore à faire, puisqu’un grand nombre de sportifs galèrent aujourd’hui, comme l’a rappelé Arnaud Assoumani, un autre athlète, dans une récente interview.
F-f.fr : Ce coup de projecteur aidera-t-il aussi à promouvoir le handisport ?
M-A.L.F : Cela peut aider à introduire ou réintroduire le sport dans la vie de personnes en situation de handicap. Avec tout ce que cela peut apporter, comme la confiance en soi. J’y vois un atout pour redorer encore l’image du handisport. Et pourquoi pas, nourrir au passage des vocations de sportifs chez les jeunes qui ne pratiquent pas ou qui pensent que ce n’est pas fait pour eux.
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