Femmes handicapées en établissements : les oubliées des soins gynécologiques
En Île-de-France, des sages-femmes ont expérimenté des consultations gynécologiques auprès de plus de 400 femmes handicapées vivant en établissement. Plus de trois sur dix n’en avaient jamais bénéficié. Et 10 % ont déclaré avoir déjà subi des violences sexuelles.
Une consultation gynécologique d’une heure pour parler, examiner, dépister… Pendant 18 mois, de juin 2018 à décembre 2019, des sages-femmes se sont rendues dans une quarantaine d’établissements d’Île-de-France accueillant des personnes handicapées. Elles y ont notamment reçu 434 femmes. Une sur trois n’avait jamais rencontré de gynécologue ou de sage-femme !
C’est l’un des stupéfiants résultats de cette recherche-action, baptisée “Handigynéco en pratique”, que vient de publier l’agence régionale de santé Île-de-France. Les professionnelles volontaires ont également animé des ateliers sur la vie affective et sexuelle ainsi que sur les violences faites aux femmes.
Contraception mal connue
Les participantes avaient des connaissances sur le sujet assez limitées. À peine plus de quatre sur dix savaient à quoi sert la contraception (alors même que cette dernière est imposée dans de nombreux établissements). Idem pour les préservatifs.
Violences en institution et à domicile
Par ailleurs, les sages-femmes ont dépisté des violences chez un quart des 434 femmes vues en consultation. Quelle qu’en soit la nature : physique (16 % des patientes), sexuelle (10 %), verbale… ; et le lieu : institution (43 %) ou domicile (31 %). Des pourcentages forcément en deçà de la réalité.
Certaines résidentes sont en effet « non communicantes et n’ont donc pas pu répondre à cette question », souligne l’étude. De plus, de nombreuses femmes ont besoin de davantage de temps que celui d’une consultation pour se sentir en confiance et faire état d’agressions.
Suivi gynéco en établissement ou en dehors ?
Et maintenant ? Les sages-femmes ayant pris part à l’expérimentation « souhaitent, pour la plupart, poursuivre leurs interventions ». Et d’autres vont être formées dans le cadre du projet régional Parcours Handigynéco 2021-2022.
Cette démarche “d’aller vers” correspond, il est vrai, aux attentes d’une majorité de résidentes. Dans les foyers d’accueil médicalisé et les maisons d’accueil spécialisées, 80 % souhaitent que leur suivi gynécologique se poursuive au sein de leur établissement.
Bientôt une cartographie de l’offre de soins en Île-de-France
En revanche, dans les instituts médico-éducatifs (IME), où les résidentes sont plus jeunes, la moitié préfère un suivi à l’extérieur. L’autre volet du projet Parcours Handigynéco devrait leur faciliter la tâche. L’objectif est en effet de réaliser une cartographie de l’offre en soins gynécologiques adaptés aux femmes en situation de handicap sur le territoire francilien. Mieux vaut tard que jamais.
Vos avantages :
- Magazine téléchargeable en ligne tous les 2 mois (format PDF)
- Accès à tous les articles du site internet
- Guides pratiques à télécharger
- 2 ans d’archives consultables en ligne