Présidentielle : 23 millions de voix réclament des engagements sur le handicap

APF France handicap lance, le 9 mars, la campagne #23MillionsDeVoix pour faire entendre les 12 millions de personnes en situation de handicap et leurs 11 millions de proches aidants. Les témoignages de 300 d’entre eux donnent corps à ses revendications. L’opération, qui durera jusqu’au 17 mars, vise à imposer le handicap dans la campagne présidentielle.

« On m’a tellement limitée et je me suis tellement limitée que, au niveau de l’avenir professionnel, je ne me projette pas. » Marie Pachoud a 21 ans, une petite voix aigüe, un fauteuil électrique et beaucoup de choses à dire. Face caméra, elle raconte les sacrifices consentis pour suivre sa scolarité en milieu ordinaire, les humiliations que lui a infligées l’une de ses enseignantes ou bien encore l’impasse dans laquelle elle se trouve aujourd’hui. Son bac avec mention ne lui a pas ouvert les portes de la fac ou d’une école. « Il y avait toujours un frein, technique ou matériel. » Alors, aujourd’hui, elle est « fatiguée ». « J’ai l’impression de devoir, moi, tout le temps m’adapter et que les autres ne s’adaptent pas forcément à moi. »

Le handicap absent de la campagne électorale

Marie Pachoud est l’une de ces 23 millions de voix qu’APF France handicap veut faire entendre, à l’aube de l’élection présidentielle. 12 millions de personnes handicapées et 11 millions de proches aidants. Autant d’électeurs et d’électrices « souvent oubliés, discriminés et marginalisés  », pointe l’association. Le handicap est d’ailleurs absent de la campagne électorale, estiment 94 % des répondants handicapés à la dernière enquête Ifop pour APF France handicap.

« C’est juste pas normal, tout simplement »

Alors, l’association a tendu le micro à ces anonymes. Comme Marie Pachoud, 300 enfants, femmes et hommes en situation de handicap font part de leurs conditions de vie sur 23millionsdevoix.org.

Le cabinet du kiné n’étant pas adapté, Blandine Lucas est contrainte de faire ses séances à la maison. « C’est moins efficace et ça m’énerve ! »

Adeline Tortevoie dénonce le très faible montant de sa pension d’invalidité, 480 €/mois. De plus, elle n’a pas le droit de toucher l’AAH en complément, car son mari gagne 1 600 €/ mois. « Je suis obligée de vivre aux crochets de mon conjoint. »

Quant à Karine Dersoir, elle est dans l’incapacité de rentrer chez elle, seule. La porte d’entrée de son immeuble, tout neuf pourtant, est trop lourde pour qu’elle puisse la manœuvrer. « Ça limite, c’est juste pas normal, tout simplement. »

Des revendications à faire entendre

Autant de témoignages sur lesquels l’association se base pour rappeler ses revendications. Réduire les effectifs des classes à 20 élèves dès lors qu’il y a un enfant nécessitant des adaptations pédagogiques. Rendre accessibles les lieux de soins et les équipements. Individualiser l’AAH. Ou bien encore revenir à l’obligation d’un taux de 100 % de logements accessibles dans le neuf.

« #23MillionsDeVoix comptent bien rappeler très concrètement aux candidats les mesures essentielles à intégrer dans leur programme pour remporter la voix des personnes handicapées », clame APF France handicap. Un mémento des mesures essentielles et des notes politiques les présentent en détail.

Des mobilisations dans toute la France

Pour son « entrée en campagne », la veille de la réunion de l’ensemble des ministres chargés des personnes handicapées dans l’Union européenne (UE) à Paris dans le cadre de la présidence française de l’UE, l’association organise des actions un peu partout en France, le mercredi 9 mars. À Toulouse, des militants dévoileront des plaques de rue portant de nouveaux noms cyniques pour dénoncer la violation des droits. Au Havre, une opération escargot est planifiée sur le pont de Normandie. À Paris, Nantes, Toulouse…, des rassemblements auront lieu aussi.  23 millions de voix, ça fait du bruit.

Solidarité avec l’Ukraine

Face à la tragédie qui frappe l’Ukraine, APF France handicap tient à exprimer sa solidarité aux millions de personnes concernées. Un message de soutien sera lu lors des rassemblements prévus mercredi 9 mars.

« Il est primordial de rappeler la nécessité et l’urgence de garantir la sécurité de toutes et tous et l’évacuation des blessés et de se préoccuper des personnes les plus vulnérables (…) Car, en temps de guerre ou d’autres crises (…), les personnes en situation de handicap et leurs familles subissent trop souvent des conséquences aggravées, voire sont totalement oubliées. »