Théo Curin : « La chance de ma vie, c’est d’avoir été bien entouré »
On avait laissé Théo Curin, en novembre 2021, épuisé et fou de joie d’avoir réussi la traversée à la nage du lac Titicaca, dans la Cordillère des Andes, en onze jours. À l’occasion de la sortie de son livre, La Chance de ma vie : J’ai fait de ma différence une force, le nageur devenu aventurier, comédien et mannequin nous parle de ses nouveaux défis. À seulement 21 ans, s’il a décidé de tirer un trait sur l’aventure paralympique, il vit à cent à l’heure saisissant toutes les opportunités.
Faire-face.fr : Vous qui ne tenez pas en place, que vous a apporté l’écriture de ce livre ?
Théo Curin : Cela m’a permis de me replonger dans des souvenirs, et même d’apprendre des choses sur moi, grâce au travail de Dominique Bonnot qui m’a accompagné dans ce projet. Moi qui vis à cent à l’heure depuis des années, ça m’a fait du bien de me poser, de prendre un peu de recul. Faire un petit point d’étape, jeter un regard en arrière à l’heure où ma vie prend un tour un peu différent, où je ne suis plus uniquement un nageur.
L’aventure, c’est prendre des risques. »
F-F.fr : D’une façon qui sera peut-être perçue comme un peu provocatrice, vous écrivez que la maladie qui vous a touché [Ndlr : une méningite bactérienne foudroyante à l’âge de 6 ans] a été la chance de votre vie. Pourquoi ?
T.C : La chance de ma vie, ce n’est pas la maladie ou mon handicap, c’est ce que j’en ai fait. Comment j’ai rebondi, comment je suis parvenu à concrétiser les rêves que j’avais dans la tête. Par exemple, devenir comédien m’apparaissait comme inaccessible et, pourtant, c’est devenu une réalité. La chance de ma vie, c’est aussi d’avoir toujours été bien entouré, d’avoir pu faire toutes ces rencontres qui m’ont permis de grandir. On ne se construit pas tout seul.
F-F.fr : Cette maturité que vous dégagez est-elle liée à l’épreuve que vous avez traversée, au handicap ?
T.C : Après avoir failli mourir, on se recentre sur l’essentiel, on se demande ce qu’on veut faire de sa vie. Moi, c’est vivre à fond, aller au bout de mes envies. Bien sûr que la traversée à la nage du lac Titicaca a été super dure mais ce qui me rend fier, c’est quand le projet aboutit, que je me sens vide d’énergie parce que j’ai tout donné.
F-F.fr : Quelle est pour vous la définition de l’aventure ?
T.C : Prendre des risques, sortir de son petit confort. J’ai besoin de quelque chose de concret pour me lever le matin. Devenir comédien, c’est aussi une aventure pour un autodidacte comme moi !
F-F.fr : Votre prochain défi est un marathon aquatique en Argentine, 57 kilomètres entre Santa Fe et Coronda, en décembre 2022. L’eau reste le trait d’union entre les différentes aventures que vous vous lancez ?
T.C : C’est l’élément où je me sens le mieux. Même si demain je ne me consacrais qu’au cinéma, j’aurais besoin d’aller nager quotidiennement. Au-delà des défis, dans l’eau, je fais le vide, je me recentre sur moi.
Ce que j’aimerais, c’est incarner des personnages qui ne sont pas en situation de handicap. Au fond de moi, je crois que c’est possible. Les choses avancent. »
F-F.fr : TF1 diffusera bientôt Handi Gang dans lequel vous jouez le rôle principal. Un comédien en situation de handicap qui interprète un jeune homme handicapé, c’est une révolution ?
T.C : En tout cas, c’est bien que TF1 s’engage sur un film comme celui-ci. Mais ce que j’aimerais, c’est incarner des personnages qui ne sont pas en situation de handicap. Au fond de moi, je crois que c’est possible. Les choses avancent. Si on m’avait dit que je deviendrais ambassadeur international de Biotherm ou que Lacoste me proposerait de lancer une collection… C’est fou !
Mes parents ont toujours été essentiels à mon équilibre. »
F-F.fr : Vous êtes le premier athlète handisport à donner votre nom à une collection de vêtements. Qu’a-t-elle de particulier ?
T.C : Les vêtements sont accessibles à tous. On a rajouté quelques petits détails, comme des sangles pour remonter les manches plus facilement ou un Zip dans lequel on peut glisser son doigt ou son bras pour remonter la fermeture. La mixité était hyper importante pour moi.
F-F.fr : On vous voit toujours positif, sourire aux lèvres. Où puisez-vous cette force ?
T.C : C’est vrai que que je suis hypra positif parce que je suis très bien entouré. Mais parfois, ça m’arrive d’être triste, de me poser des questions. Alors je rentre en Lorraine, chez mes parents qui ont toujours été essentiels à mon équilibre. Nous passons du temps ensemble. La vraie vie pour moi, c’est partager des moments avec ceux que j’aime.
* La Chance de ma vie : J’ai fait de ma différence une force, Théo Curin avec Dominique Bonnot, éd. Flammarion, 304 p., 19,90 €.
Extrait
« Je suis Théo Curin, 21 ans, amputé des quatre membres, bien dans ma tête, bien dans ma peau. Quand on me demande comment je réagirais si on me rendait bras et jambes, je réponds : “Non , merci, je ne saurais qu’en faire !” J’ai des choses à dire et le sentiment d’être écouté, que demander de plus ? »
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1 commentaire
bravo! Théo pour ton positivisme et ta force de caractère..Il faut en profiter un maximum, tant que l’envie est en toi, et que tu possède ce capital de la jeunesse..
Bravo encore et toutes mes ondes positives dans ton chemin super bien construit et ton sourire à la Vie.
Olivier Desmet.