Les jeunes déficients visuels mal informés sur la sexualité

Publié le 30 mars 2022 par Emma Lepic
Selon l’enquête, les répondants regrettent que soient très peu abordées les questions de rencontre, de séduction et de consentement pourtant au cœur de leurs préoccupations.

Manque de supports adaptés, professionnels d’accompagnement trop peu formés et mal outillés… Des chercheurs et des équipes d’établissements médico-sociaux pointent le manque d’éducation à la sexualité et à la vie affective des jeunes présentant une déficience visuelle. Et les marges de progrès possibles.

Près d’un adulte déficient visuel sur trois (30 %) affirme ne pas avoir reçu d’éducation à la sexualité et à la vie affective. 11 % disent ne pas s’en souvenir. Seuls 59 % confient avoir reçu une information à ce sujet – très majoritairement au cours de leur adolescence. Cette lacune constitue l’un des frappants enseignements de la double enquête réalisée dans le cadre d’une recherche appliquée. Une enquête à l’initiative de l’association Mes Mains en or et de la psychologue et chercheuse à l’Université de Toulouse Jean Jaurès Lætitia Castillan.

Double enquête

Son nom ? “Éduquer pour protéger ! L’éducation à la sexualité pour les jeunes présentant une déficience visuelle”. Un premier questionnaire s’adressait aux intervenants en établissements médico-sociaux. 130 d’entre eux ont répondu. Le second était destiné aux adultes aveugles ou malvoyants. Il comptabilise 90 réponses.

La sexualité seulement sous son aspect biologique

Outre l’inégal accès à l’information, les chercheurs révèlent une distorsion entre les informations reçues et les attentes des personnes. En effet, celles-ci perçoivent l’éducation à la sexualité comme trop exclusivement axée sur son aspect biologique et les enjeux de prévention. Ainsi, l’information liée aux aspects biologiques concernait 39 % des adultes répondants. Et la prévention des maladies sexuellement transmissibles 32 %.

Rencontres et séductions oubliées

Le consentement arrive seulement en troisième position, avec 11 %. Les questions de rencontre et de séduction n’ont été abordées qu’auprès de 7 % d’entre eux. Celles du genre de 3 %. Or, leurs attentes étaient tout autres. 39 % d’entre eux auraient, en effet, souhaité qu’on leur parle de rencontre et de séduction, 24 % de consentement, contre 4 % de biologie. L’inadéquation entre les attentes et les interventions en éducation sexuelle s’avère criante.

Peu de projets de sensibilisation dans les établissements

En cause ? Sans doute le “positionnement flou” et le “fonctionnement hétérogène” des établissements sociaux et médico-sociaux spécialisés dans la déficience visuelle, selon les chercheurs. Ainsi, 63 % des professionnels interrogés disent qu’aucun projet d’établissement n’existe sur le sujet, les privant d’un cadre institutionnel.

Moins d’un sur dix (7 %) de ces accompagnants s’estime totalement compétent pour aborder la question. Ils réclament des formations (38 %) mais aussi du matériel adapté (38 %). De leur côté, six  personnes concernées sur dix regrettent aussi ce manque d’outils adéquats.

Création d’outils pédagogiques tactiles

Pour dépasser le constat, et répondre à leur objectif d’améliorer la situation, les chercheurs formulent des recommandations. Comme la création d’une bibliothèque d’ouvrages adaptés, d’outils pédagogiques tactiles, de contenus audio. Au sein des établissements et services d’accompagnement, ils préconisent qu’un interlocuteur soit désigné sur le sujet.

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