Violences sexuelles : deux femmes accusent Damien Abad de les avoir violées
Le gouvernement Borne connaît sa première tempête sitôt en place. Le ministre des Solidarités, de l’autonomie et des personnes handicapées, Damien Abad, pourrait se voir contraint à la démission. Deux femmes affirment qu’il les a violées. Il dément et parle de tentative de déstabilisation.
C’est une première en France : un ministre porteur de handicap dispose d’un portefeuille élargi à d’autres questions. Damien Abad a en effet été nommé aux Solidarités, à l’autonomie et aux personnes handicapées le 20 mai dernier et Faire-face.fr retraçait son parcours à cette occasion. Mais pour combien de temps ?
Il pourrait effectivement se distinguer d’une toute autre façon : en restant très peu de temps à ce poste. Deux femmes accusent l’ancien patron des députés LR à l’Assemblée nationale de les avoir violées. Des actes commis en 2010 et 2011.
Situation d’emprise et messages insistants
Dans une enquête fouillée, nos confrères de Médiapart relatent les faits, tels que confiés par les deux. Les deux femmes ne se connaissent pas et elles témoignent de façon anonyme.
La première dit s’être retrouvée en sous-vêtements dans une chambre d’hôtel après avoir été droguée à la suite d’un verre partagé avec celui qui est aujourd’hui ministre, dans un bar voisin. C’était en 2010.
La seconde raconte une situation d’emprise qui, en 2011, l’a conduite à consentir une partie des actes sexuels évoqués, et à en avoir subi une autre partie. Elle a fini par porter plainte. Celle-ci a été classée sans suite en 2017 faute d’éléments suffisamment probants.
Toutes deux ont partagé avec Médiapart des messages insistants de Damien Abad. Les uns les invitant à honorer un rendez-vous avec un décolleté. D’autres à venir passer une nuit chez lui. Ces SMS leur ont été envoyés, parfois encore plusieurs années après les premiers faits.
Démenti de l’intéressé
Pour sa part, Damien Abad dément. Il assure ne pas pouvoir réaliser sans aide extérieure certains des actes sexuels évoqués en raison de son arthrogrypose. Cette maladie invalidante l’amène à dépendre d’auxiliaires de vie pour réaliser des gestes de la vie quotidienne.
Il dénonce aussi une tentative de déstabilisation à un moment clé de sa carrière politique, et assure n’avoir eu de relations sexuelles que consenties. Il admet seulement avoir envoyé des messages « intimes » parfois à des « heures tardives ».
Le gouvernement promet une « tolérance zéro »
Alertés le 16 mai par un signalement de l’Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique, les deux partis, LR et LREM, n’avaient pas réagi avant d’être interpellés par Médiapart. En réponse à nos confrères , la première ministre Élisabeth Borne a assuré ignorer les faits au moment de sa nomination. Et promis : « Sur tous ces sujets de harcèlement et d’agression sexuelle, il ne peut y avoir aucune impunité. […] Je peux vous assurer que s’il y a de nouveaux éléments, si la justice est à nouveau saisie, nous tirerons toutes les conséquences de cette décision. »
À la sortie du premier conseil des ministres ce lundi, la porte-parole du gouvernement, Olivia Grégoire, a de nouveau juré une « tolérance zéro » vis-à-vis de faits de violences faites aux femmes. L’affaire est entre les mains du Parquet.
Reste à espérer que cette affaire ne va pas parasiter les sujets de fond dans la durée. À l’image de la déconjugalisation de l’Allocation adulte handicapé. Une individualisation qu’avait défendue Damien Abad lorsqu’il siégeait au palais Bourbon dans l’opposition.
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2 commentaires
BONJOUR
IL FAUT PAS QU’IL SE CACHE DERRIERE SON HANDICAP…SI COUPABLE DU MOINDRE GESTE IL DOIT DEMISSIONER ET PAYER.
LA JUSTICE EST POUR TOUS….
André.
Bonjour André. Dans le droit français on est présumé innocent jusqu’à la preuve ou le procès. On en est loin. Je connais pour un proche ce handicap. J’imagine mal comment on peut violenter une femme. … je suis perplexe. Sauf viol en réunion. Ce qui n’est mentionné par aucune des accusatrices. Par ailleurs pourquoi attendre sa nomination comme ministre pour rendre public à un tel niveau ce dossier alors qu’il était déjà élu ? Ne cherche t’on pas à travers lui à frapper le président ? En utilisant une arme terrible ? Restons prudents.