Séjours et loisirs inclusifs : une dérogation pour pallier la chute de l’offre dédiée aux jeunes adultes après 18 ans ?
Obtenir une dérogation pour que les jeunes adultes en situation de handicap puissent fréquenter les centres de loisirs et séjours de vacances inclusifs dédiés aux mineurs. C’est le combat de Sabine Triton, mère de Mélanie, en Moselle. Elle a lancé une pétition et multiplie les démarches auprès des responsables politiques. Le problème de fond : la chute de l’offre après le couperet des 18 ans.
Il y a quelques jours, à Yutz, en Moselle, Mélanie a eu 18 ans. Un anniversaire qui s’accompagne d’une mauvaise nouvelle : cet été, elle ne pourra pas partir en vacances avec son organisme de séjours inclusifs habituel. Les séjours sont dédiés aux mineurs. Pour sa mère, Sabine Triton, cette situation est injuste. Mélanie, atteinte de polyhandicap, a trouvé sa place dans de tels séjours, qui l’aident à grandir, lui offrent des moments forts, tout en permettant une découverte du handicap pour les autres jeunes. Et à 18 ans, elle pourrait encore s’y plaire quelques années, sans se sentir en décalage.
Pourtant, la loi c’est la loi. Il y a des séjours pour mineurs et des séjours pour majeurs, parfois ciblant les jeunes adultes, mais pas de mélange. Dans le code de l’Action sociale et des familles, cette règle concerne tous les séjours. Il n’y a pas de réglementation spécifique aux séjours inclusifs.
L’âge, une barrière dans l’accès aux loisirs
Sabine Triton, qui a aussi été confrontée à cette barrière d’âge en tant qu’animatrice bénévole en MJC, aimerait que cela change. Sa solution ? Une dérogation permettant aux jeunes adultes en situation de handicap de 18 à 26 ans de participer à des séjours et loisirs inclusifs pour adolescents. Elle a lancé mi-février une pétition demandant un décret en ce sens.
Et depuis mars, elle multiplie les courriers : à tous les parlementaires, au Président de la République, à la première Dame, aux précédents et actuels premiers ministres et membres du Gouvernement concernés… Elle a aussi obtenu que plusieurs parlementaires la soutiennent.
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Ainsi la sénatrice Laurence Rossignol écrit : « Certains jeunes adultes souffrant de handicap étudient encore au lycée et sont toujours en construction personnelle. Cette barrière d’âge pèse également sur les parents d’enfants handicapés, lesquels souffrent de responsabilités souvent pesantes au quotidien. Si leurs enfants n’ont pas l’occasion de partir en vacances, ils ne peuvent alors pas bénéficier du répit indispensable à tous les aidants. »
Des séjours plus chers et moins nombreux après 18 ans
Le problème de fond est bien qu’après 18 ans l’offre de séjours inclusifs pour les jeunes adultes chute drastiquement, et coûte plus cher. Or « l’accès aux loisirs et à la culture est reconnu comme faisant partie des besoins essentiels à l’existence pour les personnes handicapées selon la loi handicap du 11 février 2005. Toute personne handicapée doit bénéficier de l’accès aux droits fondamentaux reconnus à tous les citoyens ainsi que le plein exercice de sa citoyenneté tel que spécifié à l’article L114-1 du Code de l’action sociale et des familles », argue encore la maman.
Il reste que la dérogation poserait des questions juridiques. « Le type d’animation, les taux d’encadrement ne sont pas les mêmes pour les séjours de mineurs et pour ceux de majeurs. Les majeurs ont plus de droits que les mineurs, par exemple en terme de vie sexuelle », prévient Christophe Roy, directeur d’APF Évasion France handicap. Et elle ne résoudrait pas le problème de fond : le manque d’offre inclusive et accessible financièrement dédiée aux jeunes adultes. Un problème auquel il faut aussi s’atteler.
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