Cancer : « Il faut se soucier de la qualité de vie du patient »

Deux patients sur trois souffrent encore de séquelles cinq ans après la maladie. Médecin, cancérologue, Alain Toledano est président de l’Institut Rafaël, centre de médecine intégrative, maison de l’après-cancer. Son idée est d’aider les patients à mieux vivre après l’épreuve de la maladie.

Faire-face.fr : Comment avez-vous eu l’idée de créer l’Institut Rafaël ?

Alain Toledano : Après vingt ans d’expérience, je n’ai plus supporté de laisser mes patients se débrouiller seuls après les avoir soignés. Il ne s’agit pas seulement de développer les technologies les plus innovantes dans le traitement du cancer. Il faut aussi se soucier de la qualité de vie du patient.
Je milite ainsi pour une prise en charge globale de la personne atteinte d’un cancer. En tant que médecins, nous nous devons de soigner nos patients avec des traitements de pointe mais aussi de les écouter. Ils ont besoin d’être accompagnés pour guérir et pour se reconstruire.

Passer d’une médecine centrée sur la maladie à une médecine centrée sur l’individu et son projet de vie

F-f.fr : Pouvez-vous expliquer le concept de médecine intégrative ?

A.T : Elle représente la médecine de demain qui articule de manière efficiente le “cure” (soin) et le “care” (prendre soin). Elle associe la médecine conventionnelle et les approches complémentaires de la médecine (relaxation, sophrologie, nutrition, sexologie…). Chaque parcours de soins coordonnés doit assurer un suivi complet et personnalisé du patient dans une période où il est particulièrement fragilisé. Avec l’objectif de passer d’une médecine centrée sur la maladie à une médecine centrée sur l’individu et son projet de vie. Nous devons absolument changer notre approche. Plutôt que de rembourser des antidépresseurs, pourquoi ne pas rembourser une séance avec un psychologue ?

Réduire le décalage entre offre de soins et demande du patient

F-f.fr : Que peuvent revendiquer les patients atteints d’un cancer et déjà touchés par le handicap ?

A.T : Une prise en charge personnalisée. On constate bien souvent un décalage entre l’offre de soins et la demande du patient. Chacun doit pouvoir construire son propre parcours en fonction de ses ressources intérieures. Je constate que certains patients en situation de handicap, qui ont déjà développé des mécanismes de résilience, ont une perception assez précise de leurs capacités.