Réforme des retraites : les travailleurs handicapés ont besoin que ça change
Le deuxième cycle de concertation sur la réforme des retraites débute le 7 novembre. Il portera, entre autres, sur les travailleurs handicapés qui représentent un nouveau retraité sur six. Ils bénéficient de dispositifs dérogatoires qui ont montré leurs limites. Les associations réclament leur amélioration.
« Pour les travailleurs handicapés, rien ne changera. » Emmanuel Macron s’y est engagé, sur France 2, le 27 octobre, en évoquant la réforme des retraites qu’il entend mener à bien d’ici l’été 2023. Il faut dès lors comprendre que le futur projet de loi, basé sur le report de l’âge légal du départ de 62 à 64 ou 65 ans, ne devrait pas avoir d’impact négatif sur les mesures spécifiques applicables aux femmes et aux hommes en situation de handicap.
Moins de 3 000 départs en retraite anticipée par an
Pas de changement donc pour le dispositif de retraite anticipée pour les personnes en situation de handicap. Une promesse qui ne coûte rien vu le nombre extrêmement réduit de femmes et d’hommes qui en bénéficient : entre 2 000 et 3 000 sur les 650 000 nouveaux retraités annuels.
La triple condition à remplir pour pouvoir partir à la retraite à taux plein entre 55 et 59 ans est en effet beaucoup trop restrictive. Il faut tout à la fois justifier d’une durée totale d’assurance (ex : 130 trimestres, soit 30 ans, pour une personne née en 1967 souhaitant prendre sa retraite à 55 ans) ; compter, pendant cette durée d’assurance, un nombre plancher de trimestres travaillés (110 trimestres dans ce même exemple) ; et prouver, pendant toutes ces durées exigées, une incapacité permanente d’au moins 50 %, ou pour les périodes antérieures au 31 décembre 2015, la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé.
En clair, ce dispositif ne concerne que les personnes dont le handicap est survenu dans les premières années de vie active et qui ont quasiment travaillé en permanence.
Assouplir les conditions pour élargir l’accès
Le précédent projet de réforme, durant le premier quinquennat Macron, avait d’ailleurs pris acte de cette trop forte sélectivité. Le texte présenté en conseil des ministres en 2020, puis abandonné dans le contexte de la pandémie, prévoyait de supprimer la première des trois conditions. Ce qui aurait eu pour effet d’élargir l’accès au système de retraite anticipée. Un peu seulement car ce sont les deuxième et troisième conditions qui sont les plus limitantes. Le Collectif handicaps réclame donc « l’assouplissement des conditions ».
Le taux plein décalé de 62 ans à 64 ou 65
Il existe un autre dispositif dérogatoire pour les personnes handicapées ne remplissant pas les conditions pour une retraite anticipée : le taux plein automatique à l’âge légal de la retraite.
Les quelques 50 000 personnes qui partent à la retraite chaque année à 62 ans au titre de l’inaptitude en bénéficient. Idem pour les 55 000 titulaires d’une pension d’invalidité qui basculent eux aussi à cet âge sur une pension de retraite pour inaptitude. Autrement dit, ces 105 000 personnes – un nouveau retraité sur six !- se voient appliquer un taux de liquidation de 50 %, le maximum possible, même s’ils ne justifient pas des trimestres d’assurance nécessaires.
Si l’on en croit le « rien ne changera » d’Emmanuel Macron, la règle du taux plein à l’âge légal du départ à la retraite pour les travailleurs reconnus inaptes continuerait donc à s’appliquer. Mais il faudrait désormais attendre 64 ou 65 ans – le futur âge légal – pour bénéficier de ce dispositif dérogatoire.
Seulement quatre années en emploi entre 50 et 62 ans
C’est là que le bât blesse. La Drees, un organisme du service statistique public, a montré qu’entre 50 ans et leur départ à la retraite, à 62 ans, les travailleurs handicapés passent seulement quatre années en emploi (contre dix pour les personnes sans incapacités).
Durant huit années, ils doivent donc se contenter d’allocations chômage, de leur pension d’invalidité, de l’ AAH ou du RSA. Sous réserve d’y avoir droit, bien sûr. À défaut, ils vivent des revenus de leur conjoint. Résultat, plus d’un senior handicapé sur trois sans emploi ni retraite vit sous le seuil de pauvreté, selon la Drees.
Vers davantage d’années encore sans emploi ni retraite
Que se passera-t-il donc si l’âge légal de départ à la retraite grimpe de 62 ans à 65 ans ? Sans doute la même chose que lorsqu’il était passé, en 2010, de 60 ans à 62 ans, comme l’a montré la Drees. Les travailleurs handicapés vont passer davantage d’années encore sans emploi ni retraite.
« La réforme envisagée ne devra pas avoir pour conséquence de repousser l’âge de départ pour une retraite liée à l’inaptitude », revendique la Fnath, l’association des accidentés de la vie. Elle demande donc le maintien de l’âge de 62 ans pour le départ à la retraite à taux plein pour les personnes reconnues inaptes.
Ouvrir le système de retraite progressive dès 55 ans
Le tableau dressé par la Drees plaide également « pour l’ouverture du système de retraite progressive à partir de 55 ans pour les travailleurs handicapés [au lieu de 60 ans dans le droit commun] », avance APF France handicap.
Ce dispositif consiste à travailler en temps partiel tout en percevant une partie de sa pension. Ce qui pourrait être intéressant pour des personnes n’étant plus en capacité de travailler à temps plein. Il y a temps de choses à changer.
Une aubaine pour certains allocataires de l’AAH
Le recul de l’âge légal du départ à la retraite pourrait être une bonne nouvelle pour les titulaires de l’Allocation adulte handicapé (AAH). Notamment pour les 550 000 allocataires ayant un taux d’incapacité compris entre 50 et 79 %.
À 62 ans, ils perdent en effet le bénéfice de l’AAH (956 € par mois). Si leur pension de retraite est inférieure à 953 €, ils peuvent certes demander l’allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa) pour compléter leurs ressources à hauteur de ce montant. Mais, contrairement à l’AAH, l’Aspa est récupérable sur succession.
Le recul de l’âge légal à 64 ou 65 ans leur permettrait donc de continuer à bénéficier de l’AAH deux ou trois années de plus.
Et les aidants ?
Emmanuel Macron a promis de maintenir à 67 ans l’âge du taux plein automatique, celui qui permet à tout le monde d’obtenir une pension sans décote, même sans avoir tous ses trimestres d’assurance. Les aidants, eux, en bénéficient à 65 ans. Cette mesure dérogatoire ne semble donc pas menacée.
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25 commentaires
Bjr Franck, il y a une erreur dans l’article. Une fois à la retraite si son montant est inférieur à l’Aah on perçoit un complément d’Aah de manière à percevoir au minimum 956€. On a pas besoin de demander l’ASPA.
Bonne soirée Pilar
Bonjour Pilar,
je maintiens ce que j’ai écrit dans l’article.
Les allocataires de l’AAH dont le taux d’incapacité est supérieur à 80 % continuent à percvoir l’AH… mais pas ceux dont le taux est compris entre 50 et 79 %. Eux doivent toujours demander l’ASPA.
Bonjour Franck ,
Désolée pour mon erreur, je pensais que c’était pour tous ceux qui perçoivent AAH.
Bonsoir, en ce qui me concerne , j’ai un taux d’incapacité inférieur à 50 % malgré une polyarthrite rhumatoïde ( sous traitement lourd anti tnf , malgré une surdité unilaterale ( avec vertiges et acouphènes , malgré une discopathie c5 c6 et d’autres soucis liés à cette polyarthrite . Je devrai être en retraite d’ici 4 ans pour mes 62 ans . Si rien ne change pour moi , cela passera à 65 ans . Et pourtant j’ai ma carrière de travail , j’ai effectué mon service militaire . Je ne me vois pas faire deux ans de plus avec tous mes soucis de santé et cette fatigue chronique liée à la polyarthrite et son traitement. Cela serait une véritable honte de me faire travailler deux années de plus . J’ai fait évaluer pour la seconde fois mon taux d’incapacité à la mdph ( cela reste inférieur à 50 % mais la mdph ne communique pas le taux ) . Alors on subit ? Encore et encore ?
Bonjour,
Pour que la CDAPH mentionne un taux d’invalidité, il faut demander systématiquement l’AAH et la CMI Invalidité dans le formulaire de demander (cocher les cases ad-hoc). Alors, la MDPH est obligée d’évaluer le taux pour attribuer/refuser l’AAH.
A faire dans tous les cas, y compris pour une RQTH ou un CMI stationnement.
Et vous pouvez toujours contester la dédision de la CDAPH devant le tribunal et ne surtour pas hésiter à le faire, dossier médical à l’appui.
Bonjour moi c est Linda merci pour tout vos conseils cordialement
Il serait surtout normal que l’AAH perdure au-delà de l’age légal, pas seulement pour les 80% et plus, mais pour tous ceux qui y ont droit, y compris donc les 50 -79% !
Les personnes handicapées qui se sont trouvées dans l’impossibilité de travailler toute leur vie du fait d’un handicap reconnus entre 50 et 79% sont-elles responsables de leur état de santé au point de leur infliger un tel traitement social arrivés à l’age de la retraite ???
Demande a ton médecin généraliste un document qui dit que tu es inadapté au travail et normalement cela devrait suffire pour être à 50 et 80 pourcentage d’invalidité de la MDPH je suis pas sur mais il faut toujours demander toutes les aides financières auquel tu as droit à la caf et la CPAM c’est comme ça que j’ai eu mais aides financières auquel j’avais droit il faut pas hésiter à demander et’ne rien lâcher regarder sur internet et tu seras surprise bon courage un ami qui a réussi et je n’ai pas hésiter à me battre pendant 2 ans.tchao.
Quand est il des personnes ayant une carte d’invalidité au taux de 80% mais qui sont parties en retraite avant 2017
pourquoi les handicaper reconnue entre 50/79 % on une retraite de minable sachant le plus souvent se sont des handicaps qui sont arriver au long de leur vie qui malheureusement non jamais repris un emploi et non cotiser pour la retraite et je souhaiterai savoir la différence entre 79% ET 80 % on couper un ongle de pied plus court ces foutage de Guelle ou de la complaisance
Bonjour,
Ou est le plan “retraite” de Chirac ? C’était très intéressant, on pouvait partir à 55 ans et avoir cotisé 30 ans.
Pourquoi ne pas remettre cela sur le tapis…
Descendez dans la rue, vous les jeunes !…
Amitiés à tous(tes).
André.
Bonjour, j’ai 58 ans et je peux partir à la retraite anticipée pour handicap depuis l’âge de 56 ans., j attend avec impatience la possibilité d’avoir accès à une retraite progressive. Il n est pas normal de devoir attendre 60 ans pour faire une retraite progressive. En attendant, si on ne veut pas une retraite trop basse, il faut arriver à travailler à temps plein. Espérons que cela soit possible l’année prochaine !! Merci pour vos actions.
Bonjour, je perçois l’Aah depuis 1 an et ce jusqu’au 31 janvier 2025 date à laquelle je serai arrivé à mes 62 ans. Avec la nouvelle réforme de retraites est ce que je pourrai partir quand même à la retraite ou je devrais attendre 16 mois supplémentaire étant né en 1963.
Merci de votre réponse.
Cordialement
est ce que la date butoir de 2015 est amenée a évoluer avec les années afin de pas exclure de plus en plus de personnes ?
Bonjour,
pourquoi les personnes reconnus handicapées cesse d’ avoir cette reconnaissance dès la retraite ? ce qui est biensur très dommageable à vis des impôts , l’ allocation handicapée n’ étant pas imposable
Bien cordialement
Bonjour merci pour vos informations qui me sont bien utile cordialement
Âgé de 59 ans, né en 1963, à ce jour je cotise 145 trimestre au titre de l’année 2021.
Reconnu travailleur handicapé depuis fin juin 2006,
Puis-je faire valoir ma retraite à taux plein ?
Bonjour, il faut faire évoluer la Rqth avec cette date butoir du 31 décembre 2015 car pour les personnes en situation d handicap après cette date ils ne sont plus reconnu pour la retraite cela est inadmissible. LES HANDICAPÉS MERITENT PLUS DE RESPECT
Handicapé-malmené par direction carsat.59 Qui refuse retraite taux.plein 62.ans avec handicap.80%…député Oise saisine. Sans retour considération..j ai sollicité le conseil constitutionnel déjà contacté..leurs propres textes.loi.jurisprudence ..qu ils rejetent carsat.59. Ici-bas en bafouant ma personne âgée handicapée malmenée..les juristes associations personnes.handicapées epilepsie-neurologie mon handicap et les réseaux sociaux associations personnes.handicapées epilepsie-neurologie..ne réagissent pas plus..le directeur cabinet Laurent Fabius.conseil constitutionnel a eu support.juridique dossier-mail..
Bonjour Madame, Mademoiselle, Monsieur,je travaille comme étant reconnu travailleur handicapé en. CDI depuis 2005 de la même entreprise,je suis reconnu travailleur handicapé depuis 1986,mon taux est de 12/15%, actuellement, j’ai 59ans , j’ai 113 trimestres, quel est ou son mes différents droits au vue des conditions à remplir pour un départ à la retraite ? Merci
Et pour les fonctionnaires ? Il y a une retraite progressive de prévue ?
Bonjour, sauf erreur vous avez oubliez la situation de départ en retraite à l’age l’égal à taux plein pour les RQTH avant le 31/12/2015. Cdlt
https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F16337
Condition de handicap
Vous devez remplir l’une des 2 conditions suivantes pendant toute la durée d’assurance et toute la durée cotisée :
Être atteint d’un taux d’incapacité permanente d’au moins 50 %
Avoir la qualité de travailleur handicapé (RQTH) pour les périodes antérieures à 2016. Cette qualité n’est pas prise en compte pour les périodes postérieures au 31 décembre 2015.
Merci pour votre remarque, mais, non, c’est bien précisé dans l’article :
prouver, pendant toutes ces durées exigées, une incapacité permanente d’au moins 50 %, ou pour les périodes antérieures au 31 décembre 2015, la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé.
Bj.TH.recu départ en retraite en mai 2025 à taux plein ,sui je concerné pour faire des trimestres en plus
Bonjour Frank Seurat,
Mon frère, handicapé à 80%, ne perçoit de la Carsat qu’une retraite de 680 euros, au lieu des 960 euros afférents à ces 80%.
Explication : Il y a de nombreuses années, l’AAH de 80% qu’il percevait déjà en complément de sa petite retraite de salarié avait, de façon discrétionnaire, été remplacée par l’ASI, moins rémunératrice.
Il est donc entré en retraite avec [pension de salarié] + ASI.
Conséquence, l’injustice se perpétue. Malgré mes protestation argumentées auprès de la CARSAT, bien qu’handicapé à 80%, il perçoit [pension de salarié] + ASPA, au lieu de [pension de salarié] + ASI.
Amicalement,
Delphin