Handicap : le ministre de l’Éducation nationale chahute le droit à l’école ordinaire
« Il faut reconnaître que tous les enfants ne peuvent pas être en milieu ordinaire. » Les propos du ministre de l’Éducation nationale devant des sénateurs, le 8 novembre, ont vivement fait réagir les associations de personnes handicapées. Le « dérapage » pointé par le CNCPH a amené Pap Ndiaye à rectifier le tir. Mais le mal est fait.
Pour la Journée internationale des droits de l’enfant, dimanche 20 novembre, Pap Ndiaye a sorti les violons. « Je veux réaffirmer un principe non négociable : l’accès à l’éducation pour tous, a tweeté le ministre de l’Éducation nationale. Qu’il vienne d’ici ou d’ailleurs, qu’il soit en difficulté ou en situation de handicap, chaque enfant a sa place dans l’École de la République. »
Toujours le fameux « en même temps »
Un tweet à contre-courant de sa déclaration, douze jours plus tôt, devant la commission de la culture, de l’éducation et de la communication du Sénat. « L’école inclusive, c’est une démarche extrêmement positive (…). En même temps, il faut aussi reconnaître que tous les enfants ne peuvent pas être en milieu ordinaire. » Et d’ajouter : il faut que « des enfants présentant des besoins très spécifiques puissent être accueillis en dehors du milieu ordinaire ».
Rappel à l’ordre du CNCPH
Entre-temps, le Conseil national consultatif des personnes handicapées était monté au créneau. « L’acte II de l’école inclusive, annoncé lors du comité interministériel du handicap du 6 octobre dernier, ne saurait se résumer à une séparation entre les enfants qui pourraient être admis à l’école… et les autres !, pointe son comité de gouvernance dans un communiqué du 17 novembre. Le CNCPH demande que le ministre puisse revenir sur ses propos. »
La Défenseure des droits inquiète
C’est chose faite. Mais le signal envoyé demeure inquiétant. Si le ministre de l’Éducation nationale ne soutient pas publiquement le droit à la scolarisation de tous les enfants handicapés dans l’école de leur quartier, comment pourra-t-il porter les réformes nécessaires à la mise en œuvre de ce principe ?
Car aujourd’hui, l’école inclusive va mal, comme l’a pointé la Défenseure des droits dans un récent rapport. Les accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) ne sont pas suffisamment nombreux. De plus, leur statut précaire rend difficile l’exercice de leur mission.
Actionner tous les leviers
Surtout, la politique inclusive ne peut reposer uniquement sur ces AESH. Il faut aussi « renforcer la coopération avec le secteur médico-social, faire évoluer les pratiques professionnelles… », rappelle le CNCPH. Enfin, les classes destinées aux enfants handicapés dans les écoles ordinaires – les unités localisées pour l’inclusion (Ulis) et les unités d’enseignement (UE) externalisées, notamment – ne sont pas suffisamment nombreuses.
Il faut donc adapter l’école aux enfants plutôt qu’en écarter certains au motif qu’ils auraient des besoins très spécifiques.
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4 commentaires
Il faudrait aussi cesser des multiplier les dispositifs à la marge du système comme les Ulis, les UEE les UEMA UEEA etc … La place de tous les enfants et quel que soit leur profil, est au milieu des autres , en classe ordinaire… C’est cela l’école inclusive qui signifie que c’est au système qu’il faut s’attaquer pour le faire évoluer. A quand ce changement radical ?
C’est exactement l’argument avec lequel le Comité des Droits des PSH (veille de la CIRDPH de 2006 dans les pays qui l’ont ratifiée) épingle la France !
Quelle cacophonie catastrophique et outrée de ce gouvernement sans expérience sur le terrain. Il ne mérite point ce poste; son rétropédalage n’est point acceptable. Il n’y a que des débutants dans cette gouvernance.
Il faut alors repenser l’école : pas plus de 15 dans les classes. Pour une école inclusive réussie il faut que la compensation du handicap soit effective. Or elle ne l’est jamais en totalité. Un enfant porteur de handicap n’a pas les mêmes besoins ni les mêmes capacités à vivre dans les grands groupes d’élèves. Il a besoin d’aide et l’enseignant a pour mission de gérer un groupe classe pas une multitude d’individus. C’est le pb essentiel qui fait que pour le moment l’école inclusive ne marche pas. Où sont les millions d’euros des places en établissement fermés qui pourraient servir à une inclusion réussie ? Plus généralement, où sont les 6% de travailleurs rqth dans les entreprises ? Arrêtons de jeter la pierre à l’école pour ce qu’elle ne peut faire sans aide, regardons l’inclusion en général. Je rappelle également que l’école inclusive ce n’est pas que les élèves porteurs de handicap mais également les allophones, les enfants du voyage les HPI les TDAH les des qui n’ont pas tous une notification. Alors oui à l’inclusion mais avec des moyens !!!!