Philippe Aubert veut créer l’association des anciens et amis de l’ÉREA Toulouse-Lautrec
À la suite de la diffusion de la série sur TF1, Philippe Aubert, fondateur de l’association Rage d’exister, a décidé de créer celle des anciens et des amis de l’ÉREA Toulouse-Lautrec à Vaucresson (92). Élève de 1990 à 2002, cet auteur-conférencier, sociologue spécialisé dans les pratiques inclusives du handicap et membre du CNCPH, estime que sa scolarité dans cet établissement lui a permis de « développer ses rêves et ses ambitions ».
Faire-face.fr : Quels souvenirs gardez-vous de vos années à l’ Établissement régional d’enseignement adapté (ÉREA) Toulouse-Lautrec qui a inspiré la série diffusée sur TF1 ?
Philippe Aubert : J’ai fait tout le parcours du CM1 à la Terminale, pour accéder ensuite à l’Université. Je garde d’excellents souvenirs d’une scolarité forcément compliquée, compte tenu de l’importance de mon handicap [NDLR : il est atteint d’une infirmité motrice cérébrale athétosique]. D’ailleurs, j’ai partagé mon expérience sur mon blog en 2021, lors du décès de Simone Pouilly, conseillère principale d’éducation de l’établissement et responsable de l’internat, qui m’avait tellement marqué.
F-f.fr : Quelles répercussions cette scolarité a-t-elle eu sur votre parcours ?
P.A : Un impact décisif. À titre personnel, j’ai aimé y vivre la mixité de profils des élèves. Même si, en raison de la nature de mon handicap, je n’ai pas toujours pu en profiter pleinement. Mais tant les personnels médicaux, sociaux qu’éducatifs et administratifs ont été des catalyseurs de ce que j’ai développé ensuite en “rage d’exister”. Imaginer que j’ai ma place dans la société. Et pouvoir envisager de développer mes rêves et mes ambitions, comme les autres.
Construire la légende de Toulouse-Lautrec
F-f.fr : Pourquoi est-ce un signal fort envoyé par TF1 que de produire une telle fiction ?
P.A : C’est important que TF1 s’implique, car la représentation du handicap dans l’audiovisuel a longtemps été soit inexistante, soit caricaturale. Là, certains personnages sont incarnés par des jeunes femmes et hommes en situation de handicap mais qui ne jouent pas des rôles de second plan. Ce choix est un gage décisif de la crédibilité de ce qui se joue à l’écran par rapport à la réalité de ce qui se vit à Toulouse-Lautrec.
F-f.fr : À l’heure où l’inclusion des élèves handicapés piétine par endroits par manque de moyens, voire est remise en question, une série peut-elle faire avancer les choses ?
P.A : Basée sur une histoire vraie, il est évident que la série a contribue à révéler tout le potentiel, trop souvent ignoré, de cette expérience. Pour nous, les anciens élèves, ce n’est pas toujours facile de faire part de toute la richesse de notre vie à Toulouse-Lautrec. Et de partager notre fierté d’y avoir fait notre scolarité. Nous avons besoin, en quelque sorte, de construire sa légende pour nous.
Accompagner les nouvelles générations
F-f.fr : Vous avez décidé de créer une association des anciens et amis de l’ÉREA Toulouse-Lautrec. À qui s’adresse-t-elle ?
P.A : Cela fait longtemps que j’y pense. Avec ma sœur Marion, qui a également été élève dans cet établissement, nous avons lancé un appel pour impliquer un maximum d’anciennes et anciens élèves. Notre volonté est aussi d’ouvrir l’association aux anciens personnels, salariés administratifs, éducatifs, enseignants et médico-sociaux de l’établissement, toutes générations confondues. Ainsi qu’à toutes les personnes qui souhaitent se déclarer amies de l’ÉREA Toulouse-Lautrec. Nous lancerons l’association courant février-mars et le mouvement est déjà bien parti !
F-f.fr : Quelle sera sa finalité ?
P.A : Elle aura des objectifs pluriels, notamment faire valoir tout l’acquis de Toulouse-Lautrec. Un des premiers projets sera de savoir ce que sont devenus les anciens élèves. En quoi ils peuvent aider et accompagner les nouvelles générations. Puis, nous nous interrogerons aussi sur les innovations particulières qu’apporte l’expérience de l’ÉREA à la société et aux processus d’inclusion. Et aussi comment ce système mixte d’inclusion et de partage de vie a enrichi chacune des personnes qui y a passé ne serait-ce qu’une seule année.
Vous avez envie de rejoindre cette future association ? Voici le lien vers le questionnaire.
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