Des personnes handicapées contraintes et forcées d’aller en Éhpad
Difficile de savoir combien, mais des personnes handicapées, âgées de moins de 60 ans, se voient orientées vers des Éhpad. En cause, non seulement le manque de places dans des établissements adaptés mais aussi la pénurie des professionnels de l’aide à domicile qui leur permettraient de rester chez elles.
Une paralysie du côté droit et des difficultés d’élocution. Voilà les séquelles que conserve Éric Giraud, 52 ans, d’un deuxième accident vasculaire cérébral, survenu en mai 2022. Il en a subi un premier en 2018 mais il a pu continuer de vivre chez lui, à la campagne, dans le Puy-de-Dôme.
En mai dernier, il est hospitalisé pour une opération de la hanche lorsque cette deuxième attaque intervient. À sa sortie de l’hôpital, il part en centre de rééducation. Un jour, un médecin lui lance qu’il n’a plus rien à faire dans ce centre. Il ne trouverait, selon ce médecin, ni établissement spécialisé adapté ni professionnel de l’aide à domicile. Il l’invite à partir en Éhpad.
« Mon frère en a pleuré, raconte Odile, sa sœur aînée. J’ai remué ciel et terre pour trouver une autre solution. » Une assistante sociale l’oriente vers France AVC et APF France handicap.
Un cas loin d’être unique
Odile a donc été accompagnée et aujourd’hui, elle travaille à l’aménagement du domicile de son frère pour lui permettre de rentrer à la maison. Mais d’autres familles s’avèrent plus démunies ou moins entourées. Pourtant, le cas d’Éric Giraud n’est pas isolé. « On manque de places dans les établissements. Alors certains n’hésitent pas à dire aux familles de mettre leur proche en Éhpad, dénonce Sandrine Raynal, directrice territoriale des actions associatives d’APF France handicap dans le Puy-de-Dôme et l’Allier. J’ai au moins cinq cas en tête, les deux départements confondus. » Odile Giraud abonde : « L’assistante sociale m’a dit qu’il y avait déjà eu d’autres signalements auprès de l’Agence régionale de santé. Et à titre personnel, je connais une jeune fille ainsi dirigée en Éhpad. Elle pleure tous les jours ! »
Familles « au bord de la rupture »
De son côté, la MDPH du Puy-de-Dôme précise qu’elle-même n’oriente jamais une personne handicapée de moins de 60 ans vers un établissement pour personnes âgées. « Du reste, légalement, elle ne le peut pas », pointe Sandrine Raynal. La directrice de la MDPH, Sandrine Laquit, explique, pour sa part, que certaines familles « au bord de la rupture parfois » peuvent demander mais au département, pas à elle, des dérogations pour obtenir de tels placements. « Cela reflète un manque de places dans les établissements pour personnes handicapées et de maintien à domicile compliqué, dans un secteur sous tension qui manque de professionnels », souligne-t-elle.
Ce dont Jean-Christophe Combe, ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées, et la ministre déléguée, Geneviève Darrieussecq, disent avoir conscience. Selon le cabinet de cette dernière, les deux ministres souhaitent « en faire un objet de concertation et définir une trajectoire budgétaire adéquate pour créer des solutions nouvelles qui répondent aux choix de vie des personnes ». Ce pourrait être l’un des thèmes abordés en Conférence nationale du handicap, prévue ce printemps. L’occasion de prendre un engagement plus précis ? De son côté, APF France handicap a dénoncé cette situation et interpellé le Gouvernement.
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2 commentaires
et ne rêvons pas le gouvernement, malgré ses dires s’en moque… Cette situation existe depuis bien des années et rien ne change car aucune volonté gouvernementale…
Je suis le papa de deux enfants handicapés
Mon fils aîné âgé de 32 ans est atteint d’une Sep
Mon fils cadet âgé de 29 ans est atteint d’une déficience intellectuelle est vit désormais en foyer cela a été une lutte de 10 ans
En ce moment je suis en train de travailler sur un projet d’appartements inclusifs
Je suis bien évidemment en contact avec des associations etc etc
Bruno AUDON
0607464855