[Convention sur la fin de vie] Claire Thoury : « Il importe que des réponses soient apportées aux citoyens »
Le président de la République a reçu à l’Élysée ce lundi 3 avril les 184 membres de la Convention citoyenne sur la fin de vie qui a rendu ses conclusions hier. Elle se prononce pour le soutien aux soins palliatifs mais aussi en faveur de l’introduction d’une aide active à mourir. À cette occasion, Claire Thoury, présidente de son comité de gouvernance, se félicite de la qualité des débats tenus durant quatre mois. Sans se prononcer sur le fond, Emmanuel Macron a annoncé un projet de loi d’ici la fin de l’été.
Faire Face : Dans quelle ambiance ces débats se sont-ils tenus ?
Claire Thoury : Remarquable. Les membres de la convention ont échangé de façon exigeante, mais aussi respectueuse et apaisée. Ils ont cheminé ensemble, partagé des choses très fortes. La fin de vie reste un sujet difficile, qui croise l’intime et le collectif. L’important était pour nous de leur dire qu’ils étaient présents en tant que citoyens. Dès lors, leur vécu deviendrait constitutif de leurs travaux.
Autre point à noter : sur les 185 personnes tirées au sort, une seule a abandonné. On avait veillé au respect de la représentativité de la population, en assurant une diversité d’origines géographiques, de genres, de niveaux de diplôme, d’âge et de catégories socio-professionnelles. En résumé, dès lors qu’on donne les outils aux citoyens, il s’avère possible de travailler collectivement tous les sujets !
Des critères de mise en œuvre pour le suicide assisté et l’euthanasie
F-f.fr : Quelle est, à vos yeux, la principale conclusion de ces travaux ?
C.T : Une partie des recommandations donne lieu à un très large consensus. Ce que nous avons appelé le “quoi qu’il en soit”. Il s’agit du renforcement des soins palliatifs. La formation, l’information, la recherche, l’égalité d’accès à ce soin… doivent être améliorées. Quant à l’aide à mourir, 75 % des membres s’y sont dits favorables. Au travers du suicide assisté mais aussi, dans une proportion légèrement inférieure, de l’euthanasie.
Mais en proposant des critères de mise en œuvre. À commencer par celui du discernement mais aussi en tenant compte des souffrances réfractaires, du pronostic vital engagé, et de l’incurabilité.
Vers un projet de loi immédiat ?
F-f.fr : De qualité également, les travaux de la convention citoyenne sur le climat se sont révélés bien peu suivis d’effets. Pour ainsi dire pas repris à son compte par l’exécutif, malgré la promesse présidentielle de départ. Redoutez-vous de subir le même sort ?
C.T : Il importe que des réponses soient apportées aux citoyens. Si j’avais pensé qu’ils n’en recevraient pas, je n’aurais pas produit tout ce travail. Après, est-ce que cela prendra la forme d’un projet de loi immédiat ? Le Gouvernement va-t-il prendre plus de temps ? Mais en tout cas, ne pas tenir compte des travaux d’une commission qui s’est si bien passée serait pour le moins étonnant. D’autant qu’ils ouvrent de nombreuses possibilités.
Lire le rapport de la Convention citoyenne sur la fin de vie
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