Accessibilité : APF France handicap veut mettre le Gouvernement #AuPiedDuMur
APF France handicap lance, ce mardi 25 avril, une semaine nationale d’actions, baptisée #AuPiedDuMur. Objectif : dénoncer le non-respect de l’obligation de mise en accessibilité de la France et pousser le Gouvernement à adopter un plan d’action à moins de 500 jours de l’ouverture des jeux Olympiques et Paralympiques.
« La mère de tous les droits » ? Pour APF France handicap, c’est l’accessibilité. En effet, le défaut d’accessibilité des logements, de la voirie, des transports, des lieux publics, des écoles ou bien encore des cabinets médicaux prive les personnes handicapées de la liberté de choisir leur lieu de vie, de participer à la vie sociale, de bénéficier d’une éducation et de se faire soigner. Il les prive tout simplement de leur citoyenneté.
C’est pourquoi, une fois de plus, l’association a décidé de tirer la sonnette d’alarme. Elle lance, ce mardi 25 avril, une semaine nationale d’actions, baptisée #AuPiedDuMur. Une date qu’elle n’a pas choisie au hasard, puisque Emmanuel Macron doit présider la Conférence nationale du handicap, mercredi 26 avril. Ainsi, un peu partout en France, les militants d’APF France handicap collent des affiches pour dénoncer l’inaccessibilité de nombreux lieux et transports en commun. Des projections d’un film manifeste sur les façades de divers édifices ont également lieu.
Au Panthéon, au Pied d’un mur « d’inaction, d’exclusion, de discrimination »
Paris, 21 h 30. La nuit est tombée. Sur la façade du Panthéon, dans le 5e arrondissement, défilent les phrases de ce film manifeste, lues à voix haute par Gaëtan Roussel, le chanteur du groupe Louise Attaque. « Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les élus de la République. À quoi servent les lois si elles ne sont pas appliquées ? » Référence directe à la loi de février 2005 – qui a pourtant gravé dans le marbre l’obligation de mise en accessibilité de la France. Mais, dix-huit ans plus tard, elle n’est toujours pas respectée. Pire encore, les exigences ont été revues à la baisse. La loi Élan, adoptée en 2018, a ainsi ramené de 100 à 20 % la part des logements accessibles dans les constructions neuves.
La projection se poursuit. Images et voix égrènent tous les domaines dans lesquels les citoyens en situation de handicap sont privés de leurs droits, tandis que les mots se fracassent sur une ligne droite, haute, symbole d’une inaccessibilité qui place, depuis très et trop longtemps, les personnes handicapées #AuPiedDuMur. « Un mur d’inaction, d’exclusion, de discrimination. »
Pascale Ribes, la présidente d’APF France handicap prend alors la parole : « Depuis 90 ans, nous nous mobilisons auprès des pouvoirs publics pour que nos droits soient effectifs, pour vivre notre vie de citoyens à part entière », rappelant que, le 17 avril, le Conseil de l’Europe a condamné les lacunes de la politique française du handicap, qui bafoue la Charte sociale européenne.
Et si l’association se dit prête, comme elle l’a déjà fait par le passé pour les lois de 1975 et de 2005, à contribuer à l’élaboration d’une nouvelle politique du handicap, elle y pose un préalable non négociable : « Un engagement ferme et ambitieux pour une France accessible, dès maintenant. »
Des sanctions dans seulement quatre préfectures
Il y a aujourd’hui, en France, 1,8 million d’établissements recevant du public. Seuls 50 % d’entre eux sont accessibles ou engagés dans une démarche de mise en accessibilité. Selon une enquête réalisée par APF France handicap en avril 2022, auprès des 96 préfectures de France métropolitaine, seules quatre d’entre elles prennent, ponctuellement, des sanctions administratives envers les contrevenants.
Les jeux de l’inaccessibilité ?
« À moins de 500 jours de l’ouverture des jeux Olympiques et Paralympiques, c’est un scénario catastrophe qui pourrait s’annoncer pour les personnes en situation de handicap si les pouvoirs publics ne prennent pas des mesures d’ampleur », alerte l’association. Malgré l’engagement du Gouvernement d’organiser des Jeux inclusifs, cet événement mondial pointera le retard français. À Paris, où vont affluer des centaines de milliers de visiteurs, seules 9 des 309 stations de métro sont accessibles. Les touristes et les sportifs étrangers vont se retrouver, eux aussi, #AuPiedDuMur
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Des mesures immédiates et concrètes
APF France handicap réclame notamment :
– des mesures incitatives à la mise en accessibilité, et répressives, pour sanctionner les manquements, ainsi qu’une communication régulière ;
– la création d’une agence nationale à l’accessibilité universelle qui cofinancerait les travaux et conseillerait les propriétaires ;
– le retour à une obligation de 100 % de logements accessibles dans le neuf ;
– la réintroduction de la logique de 100 % de points d’arrêt accessibles dans les transports ;
– la baisse des dotations de l’État pour les collectivités qui ne respectent pas leurs obligations d’accessibilité.
Vos avantages :
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1 commentaire
L’accessibilité, c’est aussi des places réservées pour garer nos voitures quand le bâtiment public est équipé (et que l’équipement fonctionne). C’est aussi accéder de façon autonome quand notre état le permet, sans aide d’un accompagnant ou d’un bon Samaritain qui va aller prévenir l’employé qu’un handicapé attend au pied de l’équipement qui est verrouillé. Venez visiter Marseille, championne de France de l’inaccessibilité. La municipalité a changé, pour nous, rien ne change. Marseille va accueillir les épreuves de voile des JO, comme à Paris, le métro n’est pas accessible, les bus quelque fois accessibles, ne peuvent pas s’approcher de leurs arrêts, encombrés par des voitures. Mettre des amendes, c’est bien mais, comme pour les places réservées, ça ne résoud pas le problème immédiat, il faut une mise en fourrière des véhicules également. Marseille est un roman sans fin de tout ce qui peut gâcher la vie d’un handicapé.