BTS : le parcours inspirant de Camille, en situation de handicap
Du 15 au 17 mai, les étudiants de BTS passent leurs épreuves écrites. Parmi eux, Camille Bodin. Pour la jeune femme handicapée, c’est l’aboutissement d’un parcours scolaire passé par les dispositifs d’inclusion et les services d’accompagnement à la vie sociale. Et dopé par une ferme volonté.
Alors que commencent les épreuves écrites nationales du BTS, les sentiments de Camille Bodin se mêlent. Stress de l’examen, espoir de réussir, crainte de pêcher dans certaines matières, et satisfaction d’arriver au bout d’un long parcours. Souffrant d’un handicap qui l’empêche de marcher longtemps, atteint sa motricité fine et sa vue, et la fatigue assez rapidement, la jeune femme de 22 ans n’aurait jamais imaginé arriver jusque-là. « Je visais le brevet, au maximum le Bac. »
J’ai mis toute mon énergie dans mes études. J’arrive au BTS avec trois ans de retard par rapport à ma sœur jumelle et les personnes avec lesquelles j’ai commencé l’école, mais fière. »
Une scolarité aux airs de bataille pour avancer lentement mais sûrement. En classe ordinaire à l’école du village, près du Mans, jusqu’au CE2, Camille redouble cette année-là, en raison d’une opération. Elle change alors d’école pour bénéficier d’une Clis (classe pour l’inclusion scolaire, anciennement classe Ulis). En classe Ulis (Unité localisée pour l’inclusion scolaire) au collège – une place obtenue de haute lutte – le manque d’AESH (accompagnant des élèves en situation de handicap) à certains cours, notamment à ceux d’anglais, génère des lacunes dans cette matière, mais elle avance.
Le lycée : quitter sa famille pour étudier dans un établissement adapté
En fin de troisième, elle doit quitter ses parents. Le Sessad, service d’éducation spéciale et de soins à domicile qui l’accompagnait notamment pour sa rééducation, ne peut plus la suivre. L’institut d’éducation motrice (IEM) le plus proche ne correspond pas à son handicap. Elle devient interne à 180 kilomètres de chez elle, à côté de Nantes, à l’IEM-FP (IEM-Formation professionnelle) de La Grillonnais, à Basse-Goulaine en Loire-Atlantique.
Pour s’habituer à ce changement de vie, elle y suit d’abord une année d’observation orientation professionnelle et sociale (OOPS), durant laquelle mûrit son projet professionnel. La motricité amoindirie de ses mains ne lui permet pas de suivre l’une des filières manuelles – proposées au sein de l’IEM-FP. Elle choisit donc un bac pro gestion-administration, en lycée ordinaire. Par chance, le lycée polyvalent Nelson Mandela, à Nantes, propose une classe permettant de le suivre en quatre ans, avec des effectifs de 12 au lieu de 35, sans changement de salles entre les cours. Sortir de l’IEM-FP en journée, côtoyer d’autres jeunes, des instants vitaux pour Camille.
Études post-bac : ça se corse
Camille obtient son bac, son premier vœu pour Parcoursup : un BTS dans le même lycée. Les premiers mois sont ardus, au point de vouloir abandonner. En effet, non seulement le niveau se corse mais, en plus, sa classe compte désormais 35 élèves, et elle doit changer sans cesse de salles. À cela s’ajoute la fatigue de vivre dans son appartement (rattaché à l’IEM), puis celle de son année en foyer de jeune travailleur en vue de préparer son indépendance. Bien qu’appréciable, cela entraîne une plus forte charge mentale.
Encouragée, elle s’accroche. Elle obtient certains aménagements. Par exemple, un emploi du temps réduit de deux heures et demie, en ramenant chez elle davantage de travail pouvant être réalisé à distance (rédaction de mails, notes de service, lettres de relance). Ou encore les cours de soutien scolaire à l’IEM. Et bien sûr, lors des examens, un tiers temps supplémentaire et une aide humaine pour la relecture du sujet.
Emploi : la volonté de travailler en milieu ordinaire
Une professeure le lui assure : elle est un élément moteur. « Je me suis donné les moyens. J’ai mis ma vie sociale en suspens. Je veux absolument travailler, et pas en établissement et service d’aide par le travail (Ésat). »
Si elle obtient son BTS, Camille prendra son envol. Un nouveau défi. D’une part, parce que le service d’accompagnement à la vie sociale (SAVS), dont elle a besoin pour prendre ses marques (repérer les transports en commun, etc.), n’a pas de place avant un an. Et d’autre part, parce que la MDPH lui a refusé l’AAH sur laquelle elle comptait pour compléter les revenus d’un emploi qu’elle souhaiterait à temps partiel.
Mais impossible n’est pas Camille ! La jeune femme a appris à mener les batailles.
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3 commentaires
Bonjour Camille
Si le SAVS n’a pas de place avant l’an prochain, pourquoi ne feriez vous pas une demande PCH avec un devis pour un accompagnement éducatif libéral dans votre région en attendant ?!
Bravo Camille je suis très fière de ta réussite
Ton ancien chauffeur scolaire
Bisous Camille
Toutes nos félicitations pour ton courage et ta réussite et nous t’encourageons a continuer de te battre dans la voie que tu désires poursuivre
Affectueusement
Geneviève et André Vaucelle