Établissements et services : Macron promet des « solutions » au manque de places
Lors de la Conférence nationale du handicap, fin avril, Emmanuel Macron s’est engagé à « déployer pour les enfants et les adultes 50 000 nouvelles solutions médico-sociales ». Des solutions qui mêleront créations d’établissements et de services. Un objectif atteignable.
Ce sont les deux termes d’une équation, à première vue difficile à résoudre. D’un côté, le manque de places en établissements spécialisés – dont se plaignent de nombreux parents d’enfants handicapés. Qu’il s’agisse d’instituts médico-éducatifs, de foyers d’accueil médicalisés ou bien encore de structures spécialisées pour personnes autistes. Les tribunaux ont d’ailleurs condamné l’État, à de maintes reprises, pour défaut de prise charge alors même que le besoin du plaignant avait été reconnu par la maison départementale des personnes handicapées. « Nous ne pouvons pas nous permettre d’offrir aux personnes d’être sur une liste d’attente pendant des mois, parfois même des années », a reconnu Emmanuel Macron, lors de la Conférence nationale du handicap, le 26 avril dernier.
De l’autre, l’aspiration de nombreux citoyens handicapés à vivre en milieu ordinaire et les exhortations à la fermeture des établissements lancées par l’Onu et le Conseil de l’Europe. « Nous devons aussi continuer de promouvoir un modèle social de handicap basé sur la désinstitutionnalisation », a précisé le Président, lors de cette même conférence.
Des services pour intervenir à domicile
Pour réduire la pénurie tout en désinstitutionnalisant, le chantre du « En même temps » a dégainé une promesse chiffrée. Il s’est engagé à « déployer pour les enfants et les adultes, 50 000 nouvelles solutions médico-sociales ». Durant le quinquennat, a-t-il dit dans son discours. Mais le dossier de presse, lui, retient la période 2024-2030.
Même s’il n’est pas exceptionnel, l’effort annoncé reste conséquent. Et l’emploi du terme « solutions », et non pas “places”, laisse penser que ces créations ne concerneront pas seulement des établissements mais aussi, et surtout sans doute, des services chargés d’intervenir auprès des personnes vivant à domicile, même si, pour l’heure, le Gouvernement n’a donné aucune indication sur la ventilation.
Une pénurie de places bien réelle
Les deux vont forcément de pair. La pénurie de places pour certains types de handicap – polyhandicap, autisme… – est, en effet, bien réelle. De nouvelles structures doivent donc voir le jour. « Nous les voulons ouvertes sur l’extérieur, lieux d’accueil modulables en fonction des besoins, lieux de relais ponctuels, lieux de vie et de partage », précise le Groupe Polyhandicap France.
Par ailleurs, la désinstitutionnalisation ne pourra se faire sans mettre en place un accompagnement conséquent. « Les situations de handicap sont plurielles et nécessitent, de ce fait, des réponses plurielles, de qualité et en nombre suffisant », rappelle le Collectif Handicaps, dans un communiqué.
Un rythme de 7 000 créations par an
Reste à savoir si cet engagement est réaliste. 50 000 « solutions » en sept ans, cela représente un rythme de 7 000 créations par an en moyenne entre 2024 et 2030. Entre 2010 et 2020, selon la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA), le parc, adultes et enfants, s’est accru de 70 000 places, établissements (+30 000) et services (+40 000) confondus. Soit 7 000 par an. L’objectif semble donc atteignable (davantage que d’en créer 12 500 par an pendant les quatre années restantes du quinquennat), même si, pour le moment, le plan n’a pas été chiffré.
Pour y parvenir, il faudra toutefois que le secteur médico-social surmonte la crise des vocations qu’il traverse depuis quelques années. Attirer de nouveaux professionnels passera, entre autres, par des revalorisations salariales. Mais aussi par un renouveau du sens, auquel le mouvement de désinstitutionnalisation et d’ouverture des établissements peut contribuer.
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2 commentaires
Suite à la sortie prématurée d’une MAS en accueil de jour, faute de place et de réorientation de l’association gestionnaire sur de l’accueil séquentiel pour répondre à un plus grand nombre de demandes, mon fils de 27 ans, polyhandicape avec troubles associés, s’est retrouvé sans solution à domicile.
Nous avons été contraints de palier aux carences du secteur médico-social pour lui permettre de “vivre”.
Lourd investissement moral, psychologique, financier… pour nous ses parents :
1 an 1/2 de contentieux avec un avocat contre la MDPH pour passer de 6 h/j à 18 h/j de PCH aide humaine ;
Agrandissement adapté PMR sur notre maison pour qu’il puisse vivre dans son logement ;
Recrutement de 2 auxiliaires de vie (10 h jour, du lundi au jeudi pour l’une, et du vendredi au samedi pour l’autre) en plus de l’aidant familial que je suis ;
Mise en place de l’accompagnement médical (médecin traitant, neurologue, médecin en médecine physique et réadaptation,…) paramédical (kinésithérapie, psychomotricité, éducateur autisme,…) et social (équithérapie, conteuse,…) ;
Acquisition d’un véhicule PMR ;
La liste est longue, j’en oublie certainement. Évidemment, tout ceci sans l’aide d’une association : “polyhandicap” nous ne pouvons pas c’est une lourde pathologie !
Ah oui… tout ceci à quelques exceptions près ayant nécessité une vive “montée au front” à nos frais bien sûr. Bref, aujourd’hui je gère une micro entreprise “bénévolement” ! et j’essaie de travailler professionnellement à temps partiel.
Heureusement, notre fils a au moins une chance dans sa vie si limitée : celle d’avoir des parents qui socialement et financièrement peuvent lui offrir une vie. Parce que force est de constater que dans le handicap aussi il y a des différences… générées par le système.
Il est sorti d’un établissement avec une prise en charge médiocre qu’il subissait pour un logement avec une prise en charge complète dans lequel il s’épanouit.
Une minorité de MAS/FAM au niveau national externalisent vers le domicile leur action, pourquoi la majorité des dirigeants de ces structures persistent à les gérer plus ou moins mal avec des œillères, sans les ouvrir vers l’extérieur. Qui servent ils, la personne handicapée ou leurs intérêts ?
Le gouvernement doit trouver des solutions mais les associations et les gestionnaires doivent les créer.
Travailler ensemble : familles et établissements pour accompagner la personne handicapée et non pour l’abandonner, cela fait des années que nombre d’entre nous le demande.
Bonjour,
Les promesses de monsieur Macron pour les personnes à mobilité réduite, sont comme tous parents qui promettent beaucoup aux enfants à la proche de Noël … Cela fait depuis 2017 qui nous promet beaucoup de choses et nous voyons toujours rien venir , hélas ….