Tricycles pour personnes handicapées : bonus écologique, bonus théorique ?
Depuis septembre dernier, Stéphane Irigoyen bataille sur le plan administratif. Simplement pour faire valoir son droit à recevoir la subvention de l’État qui aide à financer l’acquisition d’un véhicule non polluant à assistance électrique. Les tricycles pour personnes handicapées figurent bien parmi les produits éligibles à ce bonus écologique. Mais le formulaire de demande, lui, n’a pas été pensé en conséquence.
« Sur mon tricycle, je suis plus droit, presque debout. Beaucoup plus actif : il faut regarder partout, faire attention aux vélos, aux piétons, aux trottinettes. » Stéphane Irigoyen, 48 ans, atteint d’infirmité motrice cérébrale, est satisfait de ce mode de déplacement. Il lui permet aussi d’aller plus vite qu’avec son fauteuil roulant. Et même d’ajuster sa vitesse à son état de fatigue, en alternant les rythmes tranquille et sportif.
Formulaire de demande inadapté
Sur le papier, son bolide à assistance électrique est éligible au bonus écologique. C’est une subvention de l’État, pour cofinancer l’achat d’un engin non polluant. Pour l’obtenir, il convient de remplir le formulaire disponible sur le site du ministère de l’Économie. Et c’est là que, pour Stéphane Irigoyen, les choses se compliquent.
D’abord, on lui demande un numéro de marquage, qu’il n’a pas. Ni le fabricant ni le revendeur ne sont en mesure de le lui fournir. Il achète donc ce précieux sésame chez un vendeur de vélos. Ensuite, se pose une difficulté de déclaration fiscale. Il est toujours rattaché au foyer de ses parents, comme il en a le droit du fait de son handicap, quel que soit son âge. Or, le formulaire, lui, ne l’autorise que jusqu’à 28 ans.
Absence de moyens de communication alternatifs
À plusieurs reprises, il tente d’indiquer sa situation. Faute de case adaptée pour indiquer son handicap, il fournit un justificatif dans la case prévue pour le domicile. L’administration fiscale concernée lui propose de le joindre par téléphone. Sans aide de son auxiliaire de vie, ce moyen de communication lui est inaccessible. Il convient donc d’un créneau, mais il ne reçoit pas d’appel à l’heure dite. Stéphane Irigoyen déplore qu’aucune autre alternative pour communiquer ne lui soit proposée. Mais il ne se décourage pas et en fait une question d’accès au droit. « Je ne suis pas bon avec les chiffres et ignore ce que je vais pouvoir obtenir. Je demande ce bonus par principe. »
Lettre ouverte aux ministres concernés
Depuis septembre dernier, les allers-retours entre lui et l’administration se multiplient. Excédé et espérant faire avancer les choses, Stéphane Irigoyen a adressé une lettre ouverte aux ministres de l’Économie, de l’Écologie, et à la ministre déléguée aux Personnes handicapées. Il y décrit ses déboires. Et enrage : « Si cette plateforme avait été bien pensée, je n’aurais pas été en situation de handicap, mais juste un citoyen qui sollicite une aide proposée par le Gouvernement. »
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