Les indispensables auxiliaires de vie portraitisées en Lorraine
Photographe amateur confirmé, Éric Henry, en situation de handicap, prête son talent à l’association d’aide à domicile, Adavie, qui l’accompagne à Nancy. En faisant leur portrait, il valorise des auxiliaires de vie plus habituées à l’ombre qu’à la lumière . Un projet fédérateur pour changer l’image d’un métier en pénurie et pourtant si nécessaire.
Elles n’ont pas l’habitude d’être mises en lumière. D’ordinaire au service des autres, travailleuses de l’ombre, 70 auxiliaires de vie de Meurthe-et-Moselle et des Vosges sont actuellement au centre d’un projet photographique original et fédérateur : “Des auxiliaires et des vies”. Une série de portraits visant à valoriser leur profession.
Au déclencheur : Éric Henry. Ce quinquagénaire en situation de handicap dépend d’aides humaines pour tous les actes de la vie quotidienne. Faire-face.fr l’avait suivi pendant le confinement. Il est devenu ces dernières années un très bon photographe amateur, expert du clair-obscur, après avoir exploré tous les possibles de la retouche photo pendant vingt ans. Ses sujets de prédilection : la photographie de rue et le portrait.
En 2021, il discute avec la directrice du pôle domicile de l’association d’aide à domicile à laquelle il a recours, Adavie, sur la pénurie de personnel et le déficit d’image de la profession d’auxiliaire de vie. Il lui montre des portraits qu’il a pris de celles qui viennent chez lui. Elle est épatée. Le projet émerge.
Un studio photo à la maison
Alors qu’ils espéraient obtenir l’accord d’une douzaine des 700 salariés d’Adavie, les volontaires seront 70 ! En mai et juin ont eu lieu neuf séances de prise de vue. Dans des salles de Meurthe-et-Moselle ou des Vosges (territoires d’intervention de l’association), ou chez le photographe lui-même, son salon transformé en studio photo. Pour valoriser ces personnes, il les a singularisées, leur proposant de venir avec un objet symbolisant une passion ou habillées d’un costume.
Les salariées (et salariés, car il y a quelques hommes) ont été rémunérées comme pour une heure de travail. En revanche, Éric Henry, lui, est bénévole. « Il est dans mon intérêt que les postes soient pourvus. J’ai besoin d’elles pour me lever, me mettre sur mon fauteuil, faire ma toilette, travailler, manger… Sans elles, je n’existe pas », explique-t-il. Ainsi, il peut, entre autres, mener une carrière de cadre au Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle.
Renverser les rôles
L’habituel client s’est donc mis cette fois à leur service. Un changement de posture intéressant. « Avec moi, elles n’étaient pas en territoire inconnu. »
La collecte de dons via la plateforme de financement participatif Ulule financera les tirages d’une exposition itinérante. Elle démarrera sans doute le 17 mars 2024, Journée nationale des aides à domicile. Cet automne viendra aussi la phase de conception d’un livre. Une étape de plus pour Éric Henry.
Un projet à suivre sur le compte Facebook d’Éric Henry.
Un support réalisé par des étudiants
Utilisant un boîtier photo et des objectifs lourds, impossibles à tenir longtemps à bout de bras, Éric Henry a trouvé des solutions. Un petit groupe d’étudiants en deuxième année de DUT génie mécanique et productique à Nancy, sous la houlette de Jérôme Tijou, enseignant et lui-même photographe, ont consacré leur projet de fin d’études à la conception d’un support à fixer sur son fauteuil électrique. Il peut ainsi avoir les deux mains libres pour effectuer les réglages. Il vise avec l’écran situé derrière l’appareil photo. Il déclenche grâce à une télécommande filaire.
Vos avantages :
- Magazine téléchargeable en ligne tous les 2 mois (format PDF)
- Accès à tous les articles du site internet
- Guides pratiques à télécharger
- 2 ans d’archives consultables en ligne
1 commentaire
super idée ! bravo