En vélo jusqu’aux sommets pour se reconstruire du terrorisme
Une quarantaine de victimes du terrorisme montent chaque année un col mythique du Tour de France, avec l’association V-Europe. La semaine dernière, elles ont ainsi grimpé le col du Grand Colombier, dans le Jura. Parmi elles, des personnes handicapées pour lesquelles le défi sportif est redoublé. Marion Van Reeth, double amputée, raconte comment le sport l’aide à se reconstruire.
Monter le col du Grand Colombier, un col mythique du Tour de France situé dans le Jura, en vélo couché et à la force des bras. Même avec une assistance électrique, l’épreuve est un exploit. Jeudi 13 juillet, veille de cette étape du Tour de France, Marion Van Reeth, une Belge de 59 ans, a relevé ce défi. Avec elle, 40 autres cyclistes amateurs. Certains montent en vélo classique, d’autres en tandem ou en vélo couché.
Pour eux, cette course a une signification très particulière : celle de la renaissance. Ils sont en effet tous des victimes du terrorisme. Ils ont perdu des proches, ont vécu des attentats et gardent des séquelles psychiques invisibles ou des blessures dans leur corps. L’événement, Together stronger, est organisé depuis trois ans par l’association V-Europe, qui aide les victimes d’attentats terroristes.
Amputation des deux jambes
C’est le 31 octobre 2017 que la vie de Marion Van Reeth a basculé. En voyage touristique à New York avec son mari, son fils et son neveu, alors en balade à vélo dans Manhattan, elle se fait faucher par un homme en pick-up, fonçant sur la piste cyclable. Cet attentat terroriste revendiqué par l’État islamique fait huit morts et douze blessés.
Marion doit se faire amputer des deux jambes et d’un doigt. Touchée à la colonne, ce qui lui reste de jambe droite restera aussi paralysé. Longue rééducation, déménagement subi, batailles administratives et judiciaires : la fatigue mentale de devoir mener tous ces combats en même temps est lourde.
« Ma famille et moi avons beaucoup souffert. Mais je vais mieux. J’ai repris le travail. J’ai aussi rencontrer d’autres personnes qui sont passées par les mêmes épreuves et dont je me suis sentie comprise. Ça fait du bien ».
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Le sport, puissant dérivatif
Sportive avant l’attentat, pratiquant la marche, le vélo, le ski, la natation, elle a repris le sport dès qu’elle l’a pu. En adaptant sa pratique, et en testant de nouvelles activités assises, comme le golf. Elle y trouve un moyen de garder la forme mais surtout un puissant dérivatif.
« Avec le sport, je me vide la tête. C’est bien plus efficace que de regarder un film à la télé ! » Le handbike (vélo couché) lui permet aussi de muscler le haut de son corps, ses bras et ses abdominaux, précieux pour ses transferts notamment. « Beaucoup de victimes de terrorisme baissent les bras, car c’est trop dur. Le sport peut aider à tenir. Cela agit vraiment sur le moral. »
C’est son mari, Aristide, qui a proposé à V-Europe de lancer ce challenge sportif chaque année, à l’occasion d’une épreuve du Tour de France. Il s’agit de récolter des dons au profit du soutien aux victimes. Mais pour les intéressés, c’est aussi un moment exceptionnel, fédérateur. « Cela donne de l’adrénaline, de la satisfaction, le sentiment de passer à autre chose, même si on ne peut jamais oublier. »
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