Sarah Salmona, pour son premier Festival Off d’Avignon : « Les personnes handicapées doivent gagner en visibilité »

Sarah Salmona, professeure de français en région parisienne, participe à son premier festival d’Avignon en tant que comédienne. Cette passionnée de théâtre, atteinte d’une myopathie congénitale à central cores joue son spectacle, Partez devant, je vous rejoins, jusqu’au 29 juillet au théâtre Le Tremplin. Une adaptation de son livre autobiographique éponyme, sorti il y a quelques mois. Avec beaucoup d’aplomb, au côté de son partenaire Julian Paris, elle mêle humour, émotion et quelques vérités bien senties sur la perception des personnes handicapées. Le récit d’une émancipation féminine.

Faire-face.fr : Comment abordez-vous ce festival d’Avignon ?

Sarah Salmona : Avec beaucoup d’excitation et un peu d’appréhension aussi en raison de la chaleur. Je souffre d’insuffisance respiratoire et ces douze jours risquent d’être éprouvants. Le spectacle a déjà été rodé à Paris au Théâtre de la Croisée des chemins. C’est pourquoi je me sens confiante. Mais il faut aussi tracter dans les rues, le faire connaître. Il y a forcément une part d’inconnu, même si je suis bien entourée. Heureusement, 11h est un horaire qui me semble adapté à mon organisation de vie. D’ailleurs, je connais bien le festival Off d’Avignon pour l’avoir arpenté avec ma sœur Chloé. Mais là, c’est moi qui joue !

F-f.fr : Qui vous a convaincue de monter sur scène ?

S.S : Un de mes collègues enseignants Stéphane Deleau m’a proposé de m’aider à adapter mon livre Partez devant, je vous rejoins. Et il s’est occupé de la mise en scène. Adolescente, j’avais pris des cours de théâtre. Mais je ne pensais pas retrouver les planches.

Le handicap ne doit pas être un frein pour trouver sa place dans la société

F-f.fr : Pourquoi avoir écrit ce livre ?

S.S : J’écris depuis l’âge de 18 ans. J’avais envie de partager mon parcours, de raconter comment je m’étais construite en tant que femme. Réaffirmer que le handicap ne doit pas être un frein pour trouver sa place dans la société. Je souhaitais aussi m’adresser à un public de jeunes. Moi qui les côtoie en tant qu’enseignante, je constate qu’ils constituent une cible intéressante. Ils sont en pleine construction. Ils n’ont pas encore d’aprioris. Le livre et le spectacle sont deux objets assez différents. Lors du passage du récit  à la pièce, nous avons introduit de la poésie grâce à la musique de Julian Paris et aux dessins de Marine Laclotte qui sont projetés durant le spectacle.

Le défi d’Avignon ? Trouver une salle accessible aux comédiens handicapés

F-f.fr : Vous n’avez jamais hésité à prendre la parole pour sensibiliser la société et les pouvoirs publics aux droits des personnes en situation de handicap. Les médias ont relayé vos prises de parole. Cette exposition à travers ce spectacle participe-t-elle de la même intention ?

S.S : Je me rends compte combien les obstacles sont encore nombreux. Par exemple, le souci pour Avignon n’a pas été de trouver une salle accessible aux PMR, mais également accessible aux comédiens handicapés ! Le combat n’est jamais fini. Les personnes handicapées doivent encore gagner en visibilité. Ce spectacle est aussi une façon de sensibiliser aux difficultés qui se dressent au quotidien. Et puis il faut également banaliser la différence. Une fois la curiosité passée, mes élèves se comportent avec moi comme avec une autre prof. Ils bavardent tout autant !

Comme je le dis dans mon spectacle, les plus jeunes qui ne s’embarrassent pas de filtres quand ils me rencontrent me posent généralement trois questions : “Tu es heureuse ? Tu es mariée ? Est-ce que tu dors assise ?”. Ils savent déjà ce qui est essentiel à la vie : pouvoir aimer, être aimé et se reposer !

Jusqu’au 29 juillet à 11 heures au Théâtre Le tremplin, salle les Baladins. Salle accessible aux PMR. Réservations au 04 90 85 05 00.