Rentrée scolaire et handicap – Amélie Schmidt, enseignante : une vocation et des actions
Amélie Schmidt, 26 ans, en situation de handicap, va faire, lundi 4 septembre, sa quatrième rentrée scolaire en tant que professeur des écoles. Accompagnée de son chien d’assistance, Marvel, qui a toute sa place dans la classe. Une vocation exercée sans entraves, même si l’Éducation nationale a encore quelques progrès à faire pour faciliter les carrières de ses personnels.
« J’utilise un fauteuil roulant, car je n’ai pas assez de muscles. » C’est sans doute par ces mots simples qu’Amélie Schmidt, 26 ans, professeur des écoles, abordera son handicap, le jour de la rentrée, avec ses élèves. Enseignante depuis quatre ans, et pour la deuxième année à l’école Paul-Verlaine du Ban-Saint-Martin, à côté de Metz (Moselle), elle est porteuse d’une infirmité motrice cérébrale. Mais généralement, elle s’attarde guère. Elle préfère laisser venir les questions spontanément au fil de l’année.
Il est vrai que son chien d’assistance, Marvel, présent continuellement à ses côtés dans la salle de classe, attire tout autant l’attention. « Il m’apporte des objets, ouvre les portes, aboie s’il repère un danger. Les enfants l’adorent. Il ramasse même leurs stylos lorsqu’ils tombent. Mais ils savent qu’il ne faut pas l’embêter, le caresser, ou partager leur goûter avec lui. Il doit rester focus sur moi. »
Tables en îlots pour des allées plus larges
Hormis une certaine fatigabilité, le handicap d’Amélie Schmidt l’entrave peu. Toutes les salles de classe de cette école ne sont pas accessibles mais la sienne se trouve au rez-de-chaussée et contient une rampe d’accès. Elle l’a aménagée de sorte à y circuler facilement : les tables des élèves sont disposées en îlots, ce qui élargit les allées. Son tableau numérique est réglable en hauteur. Une collègue la remplace lors des sorties à la piscine. Elle sollicite aussi ses élèves pour prendre une feuille dans un placard, ramener un document à une collègue, porter le matériel de sport et montrer les mouvements. « Ça les responsabilise. »
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Aucune liste des écoles accessibles au rectorat
Pour Amélie Schmidt, ce métier était un rêve d’enfant. Pourtant, l’Éducation nationale a encore des progrès à accomplir pour s’ouvrir aux personnels en situation de handicap. Ce n’est que très récemment, juste avant qu’elle n’y arrive, que le site du master enseignement, éducation et formation, à Metz, visant à préparer le concours d’enseignant, a été doté d’un ascenseur.
Pas simple non plus de formuler ses vœux d’affectation, une fois le concours obtenu. « La liste des postes ouverts ne donnait aucune information sur l’accessibilité des écoles. Au rectorat, personne n’était au courant, et cette liste n’existe toujours pas. » Elle a dû appeler les mairies des postes qui l’intéressaient le plus, et s’assurer que non seulement les salles de classe étaient accessibles, mais aussi la bibliothèque, les toilettes, la salle de sport, la salle des maîtres… Pour éviter toute déconvenue, elle a même visité les établissements !
Connaissance du handicap et aide aux élèves à besoins particuliers
Amélie Schmidt exhorte cependant les jeunes : « Si c’est le métier qui les intéresse, il faut tenter ! L’avantage par rapport à d’autres métiers : on sait qu’on aura un poste, et on est prioritaires quant aux vœux d’affectation. »
Connaître personnellement le handicap peut aussi aider, selon elle, à adopter la bonne posture vis-à-vis des élèves à besoins particuliers. « Je sais à quel point le regard des autres peut être difficile à vivre. Je veille sur eux, explique pourquoi, à certains moments, ils font autre chose ou autrement que les autres. Mais je ne fais jamais à leur place, afin qu’ils soient bien intégrés. C’est le plus important. »
Être enseignant en situation de handicap
- Outre le concours et la voie contractuelle de droit commun, il existe une voie contractuelle au titre du handicap pour intégrer le ministère de l’Éducation nationale.
- Les personnels peuvent bénéficier d’un APSH : accompagnant des personnels en situation de handicap. Ces agents contractuels de l’État peuvent aider l’enseignant à des tâches matérielles, de surveillance, écrire sous sa dictée, aider à la préparation des cours ou à la correction des copies.
- Depuis 2019, il existe l’Association nationale des travailleurs handicapés de l’Éducation nationale (Anthén).
Vos avantages :
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